Le Mali peut devenir un grenier à céréales pour tout le Sahel

mercredi 24 juillet 2013

par Lawrence K. Freeman
Responsable Afrique de l’hebdomadaire américain fondé par Lyndon LaRouche, l’Executive Intelligence Review (EIR).

Washington, le 12 juillet – En dépit de difficultés causées par la date trop rapprochée du scrutin, il y a un consensus au Mali sur la nécessité de tenir les élections présidentielles le 28 juillet. Ce seront les premières élections depuis le coup d’état de Mars 2012 et l’invasion djihadiste dans le Nord. Cependant, même si la tenue de ces élections est réussie, les problèmes fondamentaux qui ont conduit le Mali à la crise devront toujours être résolus. Une vision à long terme pour le pays et pour tout le Sahel est un besoin urgent pour développer cette région appauvrie qui souffre d’un manque généralisé d’infrastructures de base, surtout dans les domaines clé de l’énergie, de l’eau et des transports.

Pour que le Mali puisse devenir une nation stable, unie et pacifiée, les conditions de la région du Nord – Tombouctou, Gao et Kidal – qui s’étend jusqu’au désert du Sahara, doivent être radicalement améliorées. Ces trois provinces représentent quelque 800 000 km², soit près des 2/3 du pays dont la superficie est de 1 240 000 km². Plus d’un million de gens vivent dans cette région, c’est à dire moins de 10% de la population totale du pays qui est de 16 millions d’habitants. Le problème est que Kidal, la ville du Nord qui avait été prise par les touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad qui avait rejoint les djihadistes), n’est pas encore pleinement pacifiée. Pour ces raisons, seuls 35 000 de ses 100 000 habitants pourront peut-être participer au scrutin. Les responsables maliens qui sont sérieux savent que des grands projets de développement économique et social dans cette région sont essentiels au rétablissement de la paix, et que ce sujet devrait faire partie de toutes les perspectives débattues, y compris dans le contexte du scrutin présidentiel.

Au cours d’une visite d’une semaine dans cette région (14 au 20 juin) cet auteur a pu découvrir ce qu’on pourrait décrire comme le trésor « caché » du Mali : le delta intérieur du Niger, qui s’étend le long de 400 kilomètres depuis la ville de Djenné jusqu’à la célèbre Tombouctou. Au nord-ouest du delta on trouve le système Faguibine, qui comprends 5 cuvettes ou lacs et qui représente une autre source immense de richesse potentielle. Vu d’un satellite, le delta apparaît comme une brillante émeraude géante au milieu de vastes champs de sable brûlés du désert de l’Afrique du Nord.

Carte du Mali
Avec agrandissement de la région de Tombouctou à droite.

En utilisant au maximum le potentiel du delta et du système Faguibine, grâce à une approche intégrée au développement régional fondée sur un fort accroissement des infrastructures de l’eau, l’énergie et les transports, le désert peut être transformé en un jardin luxuriant. Ces efforts permettront d’assurer l’autosuffisance alimentaire au Mali, et en même temps de produire assez de nourriture pour éliminer la famine et la mort par malnutrition de millions d’africains. [1] Ainsi, le Mali, en devenant un exportateur majeur de nourriture, pourra remplir une mission importante au-delà de ses frontières : devenir le grenier à céréales pour toute la région du Sahel.

Le Mali sait produire de la nourriture

Le Mali est l’un des 25 pays les plus pauvres du monde, dans l’un des continents les plus sous-développés de la planète. Et pourtant son potentiel agricole a été découvert dès les débuts de la colonisation française, qui a pris fin en 1960. Aujourd’hui, l’agriculture représente près de 40% du PIB et emploie 80% de la force de travail déclarée.

Le Directeur national de l’Agriculture du Mali nous a donné la vision globale suivante :

La précipitation varie radicalement entre le Nord, qui s’étend du Sahel au Sahara et ne reçoit que 300 à 400 millimètres de pluie par an, et le sud dont la moyenne est de 1200 mm. Au-delà de nombreux lacs et rivières, les fleuves les plus importants qui irriguent le Mali sont le Sénégal et le Niger. Sur les 124 019 200 hectares (ha) qui constituent la superficie du pays, quelques 45 millions sont utilisés pour l’agriculture et le bétail. Mais seulement 572 911 ha sont irrigués, dont les 330 000 gérés par le gouvernement, par l’entremise de l’Office du Niger, qui produit le gros de la nourriture du pays.

Outre le coton, qui est la troisième source d’exportation du Mali, le pays est surtout producteur de riz, de maïs, de millet, de sorgho, de haricots, de les, de fruits et légumes. En 2012, il a produit 1 900 000 tonnes de riz et 6 674 000 tonnes de céréales, mais l’objectif est d’augmenter jusqu’à 15 millions de tonnes les céréales produites d’ici 2020.

En termes de céréales, le pays produit déjà 2 millions de tonnes de plus qu’il n’en consomme et le double du riz dont il a besoin. Mais bien qu’il exporte du riz et du millet aux pays voisins, c’est au détriment des maliens qui souffrent de malnutrition et vivent dans une insécurité alimentaire exacerbée par la crise politique. De plus, faute de silos et d’entrepôts permettant de les stocker, les pertes post-récolte sont énormes.

L’agriculture représente 13% du budget national et le gouvernement fournit aux cultivateurs les semences et une subvention de 55% pour les engrais. Le gouvernement travaille à intensifier la culture du riz, du maïs, du coton, grâce à des méthodes destinées à améliorer le rendement par hectare. Tout ceci fait partie d’un effort global qui comprend aussi l’amélioration des conditions de stockage, l’augmentation des industries agro-alimentaires et une meilleure commercialisation des produits.

Un grenier a blé

Le fleuve Niger trouve son origine en Guinée, à partir d’où il zigue-zague vers le nord-est, puis vers le sud-est à travers le Mali, le Niger, le Bénin et le Nigéria, pour se déverser enfin dans le golfe du Bénin, après avoir inondé les vastes terres humides du delta du Nigéria. Bien que long de 4150 km, ce qui en fait le troisième fleuve d’Afrique après le Nile et le Congo, son débit est moindre et ne représente aujourd’hui au Mali que 200 mégawatts de puissance hydroélectrique, avec un potentiel total limité à 1500 mégawatts.

La réelle contribution du fleuve Niger est le delta intérieur, la zone irriguée la plus ancienne de l’Afrique de l’Ouest et qui s’étale sur une dépression qui fut le lit d’un grand lac préhistorique. Le fleuve Bani, plus petit, se déverse aussi dans le delta.

Créée en 1932, l’Office du Niger est une zone irriguée gérée par l’Etat qui se trouve sur la ville de Ségou à 275 km de la capitale du Mali, Bamako. Par sa production agricole, elle est la partie la plus riche du delta. [2] L’Office gère quelques 2500 km de canaux principaux et secondaires (ainsi que d’autres plus petits) et utilise 2,7 km³ d’eau chaque année, c’est à dire a peu près 10% de tout le débit du fleuve Niger. Elle constitue la plus importante zone d’irrigation dans l’Afrique de l’Ouest.

L’auteur a pu visiter le barrage de Markala, long de 816 mètres, construit en 1947 afin de conduire un débit d’eau régulier dans le delta et permettre l’irrigation et la navigation (sans production d’électricité). Avec 488 vannes pouvant opérer en quatre positions différentes, il permet de lever le niveau de l’eau jusqu’à 5,5 m via le Canal Adducteur, un canal de 9 km sur la rive gauche. Le canal se divise ensuite en trois canaux plus petits : le Macine, le Sahel et le Costes-Ongoiba. [3]

Utilisant des canaux naturels et les pentes du delta, le barrage de Markala, avec ses eaux détournées par l’homme, a été conçu pour dominer les huit systèmes d’eau de cette portion du delta dont l’Office du Niger estime qu’ils couvrent 1 907 000 ha de terres irrigables qui pourraient être soumises à leur gestion. [4]

Actuellement, avec seulement 100 000 ha de terres irriguées, le delta fournit près de 40% de la production totale de riz du pays, soit 685 000 tonnes pour la dernière récolte. Ce chiffre pourrait atteindre 737 645 tonnes en 2013-2014. Cette année, on prévoit que le delta produira 5,4 tonnes de maïs, 337 307 tonnes de légumes et 24 500 tonnes de pommes de terre.

En 1932, l’Office du Niger envisageait déjà qu’en 50 ans, 960 000 ha seraient irriguées dont 510 000 ha destinées au coton et 450 000 ha au riz, avec une production totale de riz estimée à 2 500 000 tonnes. Ceci devait être accompli au plus tard en 1982. Trois décennies plus tard, ce potentiel n’a malheureusement pas été réalisé. Et bien que les motivations de ceux qui ont développé cette idée à l’origine ont été totalement coloniales dans le sens le plus vil de ce terme, le grand potentiel de cette région a tout de même été prouvé. Si cette vision du futur du delta était mise en pratique, le Mali deviendrait, dans les mots des responsables de l’Office du Niger, le grenier de l’Afrique de l’Ouest.

Pour réaliser ce potentiel, il faudrait un développement relativement centralisé et intégré de cette région. Dans les années récentes, l’« agro-business » (l’accaparement des terres par certains pays ou puissances financières), les cultures d’agro-carburants et autres phénomènes du même type ont détourné de leur véritable objectif un certain nombre de terres irriguées. Le choix des cultures n’est pas déterminé par les besoins du peuple malien et ceux des autres pays du Sahel, mais par des considérations de gros sous.

Malibya, une « joint-venture » située entre le Mali et la Libye, produit du riz sur 100 000 ha ! Pourtant, la culture du riz, tout comme celle du coton, est très fortement consommatrice d’eau. Est-ce l’utilisation la plus rationnelle pour ces terres ? Aussi, l’Afrique du Sud et la Chine consacrent 20 000 ha de cette terre fertile à la production de biocarburants à partir de la canne à sucre, ce qui pose problème dans un pays et une région où tant de personnes ne mangent pas à leurs faim.

Rendre l’Office du Niger et le système Faguibine, cet écosystème extrêmement fertile de 5 cuvettes ou lacs créés par les inondations du Niger, plus productifs, exige un sérieux effort de dragage du fleuve. Car sinon toute ponction d’eau supplémentaire au bénéfice de l’Office du Niger réduit le débit du fleuve en aval et assèche le système Faguibine.

La vision stratégique nécessaire

Le manque d’infrastructure au Mali est une mise en accusation de la faillite fracassante du système financier occidental dominé par la City de Londres, lui-même à l’agonie en raison de sa propre idéologie monétariste. Comment est-il possible qu’au cours de la seconde décennie du 21ème siècle, le peuple malien (et les autres peuples africains) soient obligés de brûler des arbres pour faire du charbon de bois pour la cuisson, en raison du manque d’électricité ? Aucune route entre les villes n’a été construite. L’unique mode de transport disponible au nord du Mali est l’avion.

Les Etats-Unis ont abandonné toute tentative sérieuse de développement de l’Afrique après l’assassinat du président John F. Kennedy. Après l’effondrement du système de Bretton Woods en août 1971, l’ex-secrétaire d’Etat au Affaires étrangères Henry Kissinger a publié son rapport NSSM 200 [5], qui affirmait que l’intérêt stratégique de l’Occident était de garantir un approvisionnement ininterrompu de matières premières depuis le secteur des pays en voie de développement. Au même moment, l’Occident s’opposait au développement industriel de ces mêmes pays, craignant qu’ils n’utiliserent eux-mêmes ces ressources ; aucun effort significatif pour construire des infrastructures en Afrique n’a eu lieu depuis.

Même avant que le président Obama et l’Otan n’appliquent la doctrine R2P (Responsability to Protect) de Tony Blair en renversant le régime en place en Libye, qui a débouché sur une catastrophe en Afrique de l’Ouest, les trente années d’ajustement structurel imposées à l’Afrique par le Fonds monétaire international avaient déjà conduit le continent aux conditions déplorables prévalant aujourd’hui. Quel meilleur terrain de recrutement pour des rebelles et terroristes que ces immenses régions sous-développées, dévastées, faiblement peuplées par des gens pauvres et aliénés qui, ne voyant aucun avenir, se tournent aisément vers l’activité criminelle et la violence ?

Le programme du président Obama pour l’Afrique, cyniquement baptisé « Power Africa », ne représente rien de plus qu’un engagement du secteur privé à installer l’équivalent de 8000 à 1000 mégawatts d’électricité, ce qui, pour tout observateur honnête, ne gratte même pas la surface de ce dont a besoin le continent. Celui-ci requiert des centaines de milliards de dollars de crédit, pour la construction d’installations pouvant produire des milliers de gigawatts d’électricité. Rien de moins ne permettra d’élever le niveau de vie de centaines de millions d’Africains jusqu’aux normes (humaines) de modernité.

Dès aujourd’hui nous devons, à l’approche du 50ème anniversaire de la mort du président Kennedy, abandonner notre approche myope à l’égard de l’Afrique, une approche dominée par une étroitesse d’esprit et une vision financière à court-terme. Cette vision a contaminé notre manière de penser et détruit notre sens de moralité. Kennedy a été notre dernier dirigeant national à s’engager pour le progrès scientifique et technologique, ainsi que le dernier président américain à agir pour créer un avenir meilleur pour l’Afrique.

Etant donné les frontières poreuses et la similarité du terrain des pays bordant le nord du Mali, on ne peut pas insister assez sur le fait qu’en l’absence d’une politique de développement économique pour toute la région, les conditions qui ont miné le Mali depuis des décennies ne seront pas corrigées. Rien de moins qu’un développement économique en profondeur ne permettra de garantir la paix et la sécurité en Afrique, et de soustraire ses peuples aux affres de la rébellion et de la déstabilisation permanentes.

Ceci rend d’autant plus urgente la nécessité de voir les Etats-Unis adopter une loi rétablissant une séparation bancaire de type Glass-Steagall pour prévenir une destruction supplémentaire de l’économie mondiale, et de basculer vers un système économique et financier fondé sur le crédit.

Repousser les frontières du désert

Le delta intérieur du Mali est un oasis dans le désert. Mais si son potentiel doit être pleinement réalisé, il faut une perspective de développement intégrant les moyens financiers pour la réalisation de ces projets.

Le 30 juin 1962, le premier président d’un Mali indépendant, Modibo Keïta (1960-68), a annoncé à une communauté internationale interloquée son intention de créer une monnaie nationale, en expliquant que depuis le début des temps la souveraineté était synonyme avec la capacité d’émettre sa propre monnaie. Une réforme monétaire de ce type, intégrant l’émission de crédit public pour le financement de grands projets d’infrastructure, doit être envisagée aujourd’hui, dans le contexte d’une lutte internationale pour changer l’actuel système monétaire. C’est la seule manière, pour le Mali et toute la région, d’assurer une transition rapide vers le 21ème siècle.

Une perspective commune pour tous ces pays doit être celle d’un développement d’une plate forme d’infrastructures dense en capital incluant, à moyen-terme, le recours à l’énergie nucléaire et à des modes de transport ferroviaire à grande vitesse capables d’unifier le continent, connectant les réseaux de la côte méditerranéenne à celui de l’Afrique du sud. Les efforts en matière d’éducation doivent être significativement accrus, afin de développer une population capable de maîtriser les technologies avancées et d’engendrer une culture de la créativité en phase avec ce processus.

Comme complément au développement de cette région du delta du Mali, il faut réaliser le potentiel connu depuis longtemps, en terme d’agriculture, de l’Afrique de l’Est, constitué de 23,5 millions d’hectares de terres arables de haute qualité, principalement situées au Sud Soudan.

Cette région est suffisamment fertile pour nourrir presque tout le continent. Dans notre lutte contre l’avancée du désert, il est crucial d’aller de l’avant avec la construction de ce grand projet en Afrique centrale qu’est Transaqua, conçu il y a déjà trente ans pour transférer de l’eau du bassin du fleuve Congo vers celui du lac Tchad, et pour remettre en eau ce lac en voie de disparition. [6]

Même si nous ne connaissons pas les effets précis que des projet de ce type pourront avoir, nous savons qu’en étendant les régions en culture dans le delta et en renversant l’assèchement du lac Tchad le climat sera suffisamment modifié en raison des pluies engendrées par le processus d’évapo-transpiration qui se mettra en place.

Nous devons changer notre manière de penser l’Afrique, en rejetant l’ici et le maintenant et en nous engageant dans un processus audacieux et visionnaire pouvant engendrer ce que sera et devra être l’Afrique du futur. Unissons les peuples africains et leurs alliés dans une mission commune visant à développer le continent comme un tout.

Que le Mali et son delta intérieur deviennent le point de ralliement à partir duquel des cercles concentriques de progrès économique se propageront, en se concentrant pour commencer sur la production de nourriture. Et mettons fin, une fois pour toutes, à l’insécurité de millions d’Africains, qui se réveillent chaque matin sans savoir si eux ou leurs enfants auront suffisamment de nourriture pour survivre un jour de plus. Si nous adoptons cette approche, nous pourrons créer les conditions permettant de nourrir un milliard d’Africains aujourd’hui, et un milliard en plus ! Si nous ne le faisons pas, nous serons complices du génocide de millions de compagnons humains, sans compter ceux qui sombreront dans les conditions les plus avilissantes.

(Cet article a été écrit en collaboration avec Jacques Cheminade et Christine Bierre à Paris.)


[1Selon les rapports récents des Nations Unies sur la crise humanitaire dans le Sahel, 11,3 millions de Sahéliens n’auront pas assez de nourriture cette année et 1,5 million d’enfants de moins de cinq ans souffriront de malnutrition sévère.

[2Les deux autres parties étant à Mopti et à Tombouctou.

[3Le barrage de Markala crée aussi un canal pour que les poissons puissent traverser, ainsi qu’un canal pour la navigation.

[4Sources : l’Office du Niger et notes de l’auteur.

[5Le nom complet du mémoire de Kissinger, qui est resté confidentiel jusqu’à la fin des années 80, est : « National Security Study Memorandum 200 : Implications of Worldwide Population Growth for U.S. Security and Overseas Interests » (Mémoire d’étude sur la sécurité nationale n°200 : Implications de la croissance démographique mondial sur la sécurité et les intérêts des Etats-Unis).

[65. En résumé, Transaqua implique la construction d’un canal utilisant 5 % de l’eau (100 milliards de mètres cubes) captée du bassin du fleuve Congo, se dirigeant vers le nord pour se joindre à la rivière Oubangui, puis envoyant le surplus d’eau à travers la République centrafricaine jusqu’à la rivière Chari, qui se jette dans le lac Tchad. Ceci permettrait de sauver le lac, au bénéfice des 50 millions de gens qui en dépendent pour leur survie, et de combattre l’avancée du désert.