Communiqué de Jacques Cheminade

Notre dette à l’égard du Mozambique

mercredi 22 mars 2000, par Jacques Cheminade

Trop tard, trop peu, trop lentement : face aux dramatiques inondations du Mozambique, qui ont commencé le 9 février 2000, la réaction des autorités de nos principaux pays développés ne nous fait pas honneur. Seuls, les hélicoptères sud-africains sont intervenus à temps : les autres pays ont ignoré la catastrophe pendant plusieurs semaines.

Pour organiser des conférences sur le respect des droits de l’homme ou pour importer des légumes frais d’Afrique à consommer sur nos marchés, on sait toujours trouver les moyens. Pas pour secourir des hommes, des femmes et des enfants menacés de mort par la montée des eaux et le choléra.

A plus long terme, il n’existe aucun plan de développement de cette région d’Afrique, où le revenu moyen par habitant est inférieur à 100 dollars. La communauté internationale s’est bornée, dans l’immédiat, à autoriser la suspension des paiements de la dette mozambicaine, en évitant de décider son annulation qui aurait, elle, permis d’organiser un nouveau système de crédits à long terme et faible taux d’intérêt pour la reconstruction et le développement.

Cette paralysie et cet égoïsme sont une fois de plus la preuve que, dans le système international actuel, rien ne peut être fait, si ce n’est une charité plus ou moins symbolique. Il est donc clair qu’un nouvel ordre économique, financier et monétaire international plus juste doit être mis en oeuvre, pour permettre notamment d’établir un projet de développement à long terme de l’Afrique, un nouveau plan Marshall donnant enfin un sens à l’indépendance des pays africains, c’est-à-dire permettant d’éliminer l’exclusion des hommes et le pillage des ressources pour satisfaire les besoins de la majorité humiliée et lui donner une voix.

Nous autres, pays développés, avons une dette à l’égard du Mozambique et de l’ensemble de l’Afrique ; cette dette morale ne peut être effacée qu’en définissant avec eux une voie nouvelle, partant de la construction d’infrastructures et d’institutions qui intègrent réellement les Africains aux décisions, dans l’intérêt mutuel de nos peuples et non dans celui d’une minorité à qui le pillage des ressources tient lieu de catéchisme financier.