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Le pont terrestre eurasiatique : la balle est dans le camp européen

mardi 7 décembre 2004

Les dirigeants Chinois visent à atteindre un niveau de développement qui fera de la Chine le pays le plus puissant du monde à l’horizon 2020. Ces propositions tranchent avec le modèle de développement appliqué encore récemment, limité aux côtes dans des zones de main-d’oeuvre à bon marché.

Ils espèrent qu’un intérêt commun se formera le long d’artères de développement économique irriguant les territoires, de la Chine à la France.

Si ces projets voient le jour, on peut s’attendre à la plus grande explosion de croissance économique de l’histoire.

Dans son discours d’ouverture à la conférence sur le Pont terrestre eurasiatique, tenue à Pékin le 7 mai 1996, M. Song Jian, ministre, conseiller d’Etat de Chine et Président de la Commission d’Etat pour la science et la technologie a souligné « qu’il doit y avoir au départ une adhésion commune à certains principes, tout spécialement le respect de la souveraineté nationale et l’idée de résoudre les problèmes internationaux en menant à bien des projets de développement économique communs. Le pont continental devrait rechercher un intérêt commun, en même temps qu’il préserve les différences, le développement commun étant une priorité quand on traite des problèmes entre pays : un voyage de 1 000 km commence par un pas. C’est le but de la conférence . »

L’intervention de M. Rui Xingwen, président de la Commission pourle développement et la promotion du nouveau pont continental euro-asiatique, illustre l’esprit de « nouvelle frontière » qui anime le projet continental :

« Ce pont terrestre peut être le tremplin de départ d’une nouvelle ère économique pour une nouvelle civilisation humaine. L’économie du pont terrestre crée un nouveau paradigme de développement dans le monde. Cela amènera la société humaine dans une nouvelle ère. Le terme pont continental est une image, cela veut dire un nouveau corridor moderne, tanscontinental, international de par les terres et les océans, qui connecte le transport terrestre directement par chemins de fer, autoroutes, couloirs aériens, routes maritimes, transport de containers dans un traitement automatisé et informatisé. Les communications seront assurées par fibres optiques. Il y aura de nouvelles industries, spécialement la micro-électronique, l’énergie nucléaire, les bio-technologies etc. Le pont s’étendra en Asie du Sud-Est, en Asie de l’Ouest, terminant vers l’Europe et l’Afrique.

« Il est inimaginable que la société humaine du future soit bloquée dans son développement par les océans, ou quelle soit frustrée par le grand froid, l’altitude et la désolation. Des trains à grande vitesse transcontinentaux feront le tour du globe, et amèneront de nouvelles opportunités jamais vues pour l’existence, le développement et le partage de la science et de la technologie. (...)

« Il y a deux périodes pour l’histoire de l’Humanité. Durant la première période, les cours d’eau et les bords de mer réunissaient les meilleures conditions pour l’implantation humaine ; les premières phases de développement furent le long des rivières et des fleuves, les conditions de vie n’étant pas assez favorables à l’intérieur des terres.

« La deuxième phase a commencé avec l’essor maritime, l’industrialisation et l’invention de la machine à vapeur qui a permis de franchir de plus grandes distances.

« Avec un pont terrestre prospère, la société humaine entrera dans sa troisième ère de développement. 10 900 km séparent Rotterdam de Lianyungang et Rizhao, deux ports en eau profonde : voilà une région économique, un gigantesque couloir international. (...) »

Il reste maintenant à voir si l’Europe saura répondre à cet appel et remettre en question la logique malthusienne qui a constitué la base de sa politique étrangère et économique depuis les trois dernières décennies.