Chérine Sultan et Fabien Ramel : ne pas se soumettre face à ce système

lundi 16 février 2015

Candidats Solidarité & Progrès pour le canton Rennes 1 lors des élections départementales du 22 et 29 mars 2015 :

Chérine Sultan. Née à Rennes en 1986, j’ai grandi à Messac puis à Redon. Issue d’une formation du bâtiment, je défends activement l’idée que tout citoyen forme une pierre angulaire du débat public !

Fabien Ramel. Né le 14 février 1988 à Rennes, j’ai vécu à Bréteil avant de venir m’installer à Rennes il y a 6 ans. Après mes études, je suis devenu graphiste autodidacte.

Site de campagne : http://rennes.solidariteetprogres.org/

Pour notre journal Nouvelle Solidarité, Johanna Clerc, militante S&P, a interrogé la candidate Chérine Sultan :

Question : Beaucoup de gens se demandent : pourquoi se présenter quand on a peu de chances d’être élu en dehors des gros partis ?

Chérine Sultan : Je connais une méthode simple pour ne pas être élu, c’est de ne pas être candidat ! Donc, déjà, on tente sa chance ! Et puis, nous voulons élever le débat en montrant qu’il y a des questions fondamentales qui doivent être amenées même à l’échelle locale, et mettre les autres candidats au défi de voir la réalité. Parmi elles, la cause internationale de la crise financière, qui a des impacts ici. Nous voulons changer ce système à l’échelle mondiale et faire ici un audit de la dette. Cette question ne sera pas discutée si on ne l’amène pas. Nous voulons forcer les élus et les autres candidats à reconnaître qu’il y a quelque chose à faire. Notre état d’esprit, c’est de ne pas se soumettre face à ce système.

Ce n’est pas la première fois que vous amenez ces questions-là...

Dès 2008, nous avions fait une campagne aux cantonales à Rennes, pour expliquer aux gens comment la crise financière se ferait sentir, à terme, jusque dans leur caddie et comment y faire face. Ensuite il y a eu les régionales, puis les municipales l’an dernier, où nous avons monté une liste de 61 candidats. Par contre, c’est une première pour Fabien et moi en tant que chefs de file.

Pourquoi amener dans une élection locale, le changement du système financier international ou la coopération avec les pays des BRICS ?

Votre voiture peut passer le contrôle technique haut la main, mais si vous n’avez aucune destination ni route, elle ne roulera pas ! C’est ça, l’idée. Par exemple, la baisse des dotations de l’Etat, les emprunts toxiques, les collectivités locales doivent « faire avec », c’est ce qu’ils disent dans leurs assemblées. Mais ils ne sont pas en train de demander aux instances supérieures qu’il y ait un changement, alors qu’au contraire, les élus locaux ne doivent pas se soumettre à ces conditions. Se libérer du monde de la finance, c’est ce que font les BRICS ! On ne veut pas rejoindre ces pays parce qu’ils font de bonnes choses chez eux, mais parce qu’ils sont en résistance face à ce système. C’est cet esprit-là qu’on doit rejoindre. Les coopérations à l’international sur de grands projets, c’est ce qui ramènera des moyens supplémentaires sur le territoire pour relancer le développement économique. Il faudra solliciter les régions, les départements, les communes.

C’est-à-dire ?

L’investissement public est fait à 70 % par les collectivités territoriales, donc en termes de construction d’infrastructures – train, route, etc. – c’est ici que ça se fait. L’impact local ? Ces Nouvelles routes de la soie dont nous parlons, ce n’est pas quelque chose qui va tomber du ciel, c’est bien nous qui devrons les bâtir ! C’est comme ça qu’on créera réellement du travail. A moins que... le département ne disparaisse dans la réforme territoriale et qu’on lui retire les secteurs liés au développement économique... Même limitée, il a une certaine prise d’initiative jusqu’à aujourd’hui, qu’il ne faut pas abandonner. Notre candidature intervient dans un contexte de réforme territoriale, où je ne peux pas vous dire moi-même, si je suis élue, sur quoi s’exercera ma compétence, puisque le Sénat et l’Assemblée nationale voteront là-dessus en même temps que ces élections. Et les gens ne sont pas du tout au courant !

Comment réagissent-ils, justement, face à votre campagne ?

Quand ils ne sont pas au courant, ils sont déjà contents qu’on vienne leur dire qu’on va bientôt voter, et ils se demandent bien pourquoi il y a tous ces changements de modalités électorales. C’est très loin d’eux, nous faisons de la pédagogie sur tout ça. Par rapport à nos idées, à cette perspective de coopérer avec les BRICS, les gens savent que la politique n’a pas apporté grand-chose et qu’il faut changer de manière de penser. Beaucoup sont prêts à nous écouter, à voir comment nous pensons différemment... parce qu’ils cherchent du neuf, en fait. On l’a vu il y a trois semaines, avec ces 4 millions de personnes dans les rues : les gens sont prêts au changement. Maintenant, il faut qu’ils osent l’incarner.

Comment faites-vous campagne ?

En tout, nous avons une équipe d’une vingtaine de militants, dont d’anciens candidats aux municipales, qui viennent avec nous en porte à porte, sur les marchés, aux abords des supermarchés, distribuer des tracts, et qui découvrent « l’âpre joie d’être responsables » et de pouvoir un jour se débrouiller sans nous. Ils prennent ça sérieusement, comme un défi, pour eux, de transmettre les idées. Financièrement, cette campagne nous coûte autour de 2000 euros (affiches, professions de foi et bulletins de vote), qui seront remboursés si nous faisons plus de 5 %. Sachant que cela représente entre 600 et 1000 voix, c’est jouable si nous sommes très présents sur le terrain !

Un mot pour nos lecteurs ?

Si vous habitez le département, je vous invite à venir nous rejoindre à Rennes et à en parler autour de vous. Faites circuler les documents, faites connaître notre blog, appelez-nous si vous avez de bonnes idées ! Et où que vous soyez, aidez-nous avec vos dons !

Propos recueillis par Johanna Clerc, militante S&P.