Agora Erasmus : pour sauver la paix mondiale, la Belgique doit nationaliser SWIFT

mardi 3 mars 2015, par Karel Vereycken

Le quartier général de SWIFT à La Hulpe, près de Bruxelles en Belgique. Tout, ou presque, y est transparent.

Aujourd’hui, Guillaume Dubost, président d’Agora Erasmus, a appelé les législateurs belges,

à examiner et préparer une procédure d’urgence permettant de nationaliser l’entreprise SWIFT (Society for Worlwide Interbank Financial Telecommunication.)

SWIFT est une société coopérative à responsabilité limitée de droit belge, dont le siège social se trouve à La Hulpe, proche de Bruxelles. Entièrement privée, elle est aux mains d’institutions financières membres.

SWIFT a été fondée à Bruxelles en 1973 par Carl Reuterskiöld, à l’époque vice-président de la division internationale en charge des cartes de paiement et des transactions bancaires chez American Express. En septembre 2010, SWIFT reliait plus de 9 000 institutions financières dans 209 pays et territoires, avec une moyenne de plus de 15 millions de messages financiers sécurisés par jour.

« Nationaliser SWIFT, même à un coût élevé, pourrait sauver la paix mondiale. Il est grand temps d’établir un système de paiement international hors de portée des spéculateurs financiers privés ». Ces derniers, accuse Dubost, « mènent actuellement une guerre pour provoquer un changement de régime en Russie et dans d’autres pays membres des BRICS ». « Les sanctions sont contre-productives et plombent l’économie belge. Plonger la Russie dans le chaos ne fera qu’empirer le danger d’une guerre mondiale nucléaire », a-t-il souligné.

Agora Erasmus a bien pris note que les nouvelles sanctions que prévoient Cameron et Obama contre la Russie, prévoient de couper la Russie du système de paiement international SWIFT.

Une telle décision, selon des experts consultés par le Moscow Times, « pourrait causer des ravages financiers en Russie ». Dans les faits, SWIFT est une pierre angulaire de l’architecture financière mondiale et « une partie intégrante du fonctionnement de la bourse russe, des banques et des entreprises russes », dit le journal.

Déjà en 2012, Londres et Washington avaient forcé SWIFT à couper ses liens avec l’Iran, une action qui aurait été décisive pour amener Téhéran à la table des négociations sur son programme nucléaire.

Face à la menace de perdre son accès au réseau, le gouvernement de Russie a préparé un projet de loi pour créer un nouveau système russe pour les transactions bancaires domestiques, a annoncé le ministre adjoint des finances, Alexey Moiseev le 27 août 2014, selon l’agence de presse Itar-Tass.

Pour Agora Erasmus :

Il est totalement inacceptable qu’un élément vital du système bancaire et de paiement international soit à 100 % dans les mains des intérêts financiers privés. La nationalisation de SWIFT devrait s’opérer en coopération avec la Banque nationale de Belgique. La Banque des règlements internationaux (BRI), dont la Russie et la Chine sont partenaires, n’aurait jamais dû tolérer une telle situation. Cependant, vu les risques que fait courir la méga-bulle des produits dérivés à tout le système, un contrôle public de SWIFT semble plus justifié que jamais. Car, si les banques qui la possèdent font faillite, c’est toute la machinerie financière mondiale qui s’arrêtera avec fracas et menacera la survie économique de tous.

Une série d’articles publiés le 23 juin 2006 par le New York Times, le Wall Street Journal et le Los Angeles Times, ont révélé que le département du Trésor américain, la CIA et d’autres agences américaines avaient un programme pour accéder à la base de données des transactions SWIFT après les attaques du 11 septembre, appelé Programme de traçage de la finance terroriste. Selon ces articles, SWIFT s’est retrouvée sous pression pour avoir porté atteinte à la confidentialité des données de ces clients, en laissant des services de renseignement étrangers accéder à des données personnelles sensibles.

En septembre 2006, le gouvernement belge a déclaré que les accords conclu entre la société SWIFT et les autorités américaines violaient les lois belges et européennes sur la protection de la vie privée. L’hebdomadaire allemand Der Spiegel rapportait en septembre 2013 que la NSA a également accès à toutes les informations sur les transactions bancaires passant par SWIFT.

Bizarrement, elle a fermé les yeux, lorsqu’il s’agissait des milliards de dollars qui passaient par la banque HSBC et d’autres banques pour financer le trafic de drogue et le terrorisme.