OTAN, Turquie, Russie, Syrie : face à Washington, Hollande choisit la servitude volontaire

vendredi 22 janvier 2016, par Christine Bierre

Le 5 janvier, Jean-Yves Le Drian s’est entretenu avec Erdogan.
defense.gouv.fr

A Paris, le choc provoqué par l’attentat du 13 novembre, n’aura pas duré longtemps. La volonté de se battre réellement contre Daech et autres djihadistes, en prenant distance avec ceux qui les ont nourris en leur sein, le Royaume Uni et les États-Unis, et en se rapprochant de la Russie qui les combat efficacement, s’est dissipée dès qu’Obama a dit non, le 25 novembre.

C’est le président de la Commission des Affaires étrangères de la Douma russe, Alexeï Pouchkov, qui l’a rapporté aux médias de son pays après son voyage à Paris le 10 décembre, à l’invitation de la Commission des Affaires Étrangères de l’Assemblée nationale :

Les députés de l’Assemblée nationale m’ont fait comprendre que Barack Obama a littéralement retenu François Hollande par la veste pour l’empêcher de créer une coalition avec la Russie. Il serait entré dans une coalition avec nous, mais on l’en a empêché.

Depuis, ayant perdu toute dignité, le gouvernement a repris ses mauvaises habitudes, se tournant une fois de plus vers les monarchies du Golfe et vers la Turquie, et qu’importe si c’est eux qui arment ceux qui nous tuent à Paris !

Le 2 janvier, quand l’Arabie Saoudite exécute un haut dignitaire chiite, Nimr Baqer al-Nimr, allumant la mèche d’une guerre généralisée entre chiites et sunnites, la France tergiverse, demande que faire à Washington et fini par « déplorer » l’exécution. Ultime stratagème pour couvrir sa couardise, Paris antidate ce communique écrit le 3 janvier, du 2 janvier, jour de l’exécution ! « On attendait la réaction de Washington pour décider de la notre », explique un diplomate du Quai d’Orsay au Canard Enchaîné.

Pire encore, au moment même où les Russes révélaient au monde les connivences du régime islamiste de M. Erdogan, qui prétend lutter contre Daesh, avec le commerce du pétrole qui fait vivre cette organisation, Jean-Yves Le Drian s’est rendu à Ankara, le 5 janvier, pour négocier la vente d’un système de défense sol-air pour 3,5 milliards d’euros !

Quelques jours plus tard, Jean-Yves Le Drian ouvrait les hostilités contre la Russie dans un entretien à BFM-TV :

Il faut que les Russes considèrent qu’il faut d’abord frapper Daech, et ce n’est pas tout à fait le cas, car ils ont une tendance très forte à frapper d’abord les insurgés, l’opposition modérée qui combat contre Bachar el-Assad.

Le 16 janvier, le porte-parole du Ministère russe de la défense, Igor Konachenkov, ripostait, faisant part de la « perplexité » russe à l’égard de ces déclarations. « Il faudrait rappeler à M. Le Drian que l’objectif principal et unique de l’opération russe en Syrie consiste à anéantir le plus grand foyer du terrorisme international qui, l’année passée, a failli engloutir tout le territoire de ce pays. (…) Les succès des forces aériennes russes en Syrie ne se mesurent pas aux nombre des bombes larguées sur les positions de Daech, mais aux centaines de localités libérées et de kilomètres carrés de sol nettoyés des djihadistes. » La responsabilité de ce « nid de guêpes » en Syrie, a-t-il rappelé, repose sur ceux qui ont armé les groupes islamistes, dont la France.

Fini donc le couplet de l’amitié-franco russe et retour à une politique « sunnite » à forte odeur d’argent et de pétrole.