Helga Zepp-LaRouche : Qu’aurait fait Charles de Gaulle face à la Nouvelle Route de la soie ?

vendredi 4 novembre 2016, par Helga Zepp-LaRouche

Discours de Helga Zepp-Larouche, fondatrice et présidente de l’Institut Schiller, lors du séminaire international de l’Institut Schiller le 19 octobre 2016 à Lyon.

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Les opportunités ouvertes à l’Allemagne et à l’Europe par les nouvelles routes de la soie

Mesdames, Messieurs, bonjour,

Tout d’abord, commençons par une question facile : que ferait Charles de Gaulle aujourd’hui pour protéger la nation et le peuple français des dangers sans précédent que fait peser sur eux l’état actuel du monde ? Car il y a une double menace : d’un côté, la perspective de périr corps et biens dans un affrontement nucléaire entre les États-Unis et la Russie, et de l’autre la possibilité imminente d’un effondrement du système financier transatlantique, précipitant une grande partie du globe dans un chaos économique tel qu’il aboutirait en fin de compte, lui aussi, à une guerre générale.

Sommes-nous quelques secondes avant les douze coups de minuit ou déjà au-delà ? C’est la question que l’on peut se poser en entendant le Premier ministre allemand Steinmeier déclarer qu’il ne peut désormais exclure l’idée d’un affrontement militaire direct entre les États-Unis et la Russie, le vice-président américain Biden annoncer qu’en réponse à une prétendue intervention russe dans la campagne électorale américaine, il compte lancer une cyber-attaque contre la Russie (ce que Constantin Kosachev, directeur du Comité des relations internationales du Conseil de la Fédération, a qualifié de « plus importante menace depuis la crise des missiles de Cuba »), ou encore Maria Zakharova (porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe) accuser Washington de mener une politique de terre brûlée en ce qui concerne les relations américano-russes.

La même question effleure notre esprit en entendant, au VIIe forum de Xiangshan à Beijing, des dirigeants militaires chinois et russes avertir qu’ils seront forcés de prendre des contre-mesures car l’administration Obama se montre prête dans la préparation de ses forces armées en vue d’effectuer une première frappe nucléaire contre leur pays, en s’appuyant sur la doctrine de « frappe planétaire impromptue » (Prompt Global Strike) et le déploiement de systèmes de missiles antibalistiques le long des frontières russe et chinoise, capables d’« effectuer une frappe nucléaire surprise et sans riposte dans n’importe quelle région du monde »…

Cependant, le fait que la chancelière Merkel ait invité le président Poutine, qui ne s’est pas rendu à Paris comme prévu, pour une rencontre sur le format Minsk II aujourd’hui à Berlin, reste un signe d’espoir.

La menace d’effondrement du secteur financier du monde transatlantique rend la crise encore plus aiguë. Avec ses 42 milliards de milliards d’en-cours en produits dérivés – douze fois le PIB annuel de l’économie allemande – dont presque toutes les banques « trop grosses pour faire faillite » sont contreparties, la Deutsche Bank n’est que la plus exposée, car dans l’éventualité d’un krach, toutes les grosses banques et même les moyennes se trouvent incroyablement sous-capitalisées. C’est un comble qu’entre toutes les possibilités, l’amende infligée par le département américain de la Justice, pour un délit de manipulation du marché de l’immobilier étasunien ayant contribué aux crises de 2007 et 2008, constitue pour Deutsche Bank la goutte d’eau qui fasse déborder le vase, car elle est impossible à payer. Quant à sa reprise par quelques-unes des plus grosses entreprises du DAX, elle ne changera rien si l’on n’efface pas les produits dérivés : le système bancaire dans son ensemble est à l’agonie.

Un ancien banquier de premier plan me disait récemment que si la tempête se déclenchait pour de bon, les grands perdants seraient ceux qui gagnent leur vie grâce à un travail productif, et que si les digues venaient à se rompre, malgré tous les efforts des gouvernements pour contenir la situation, nous ferions l’expérience d’une tout autre Europe, où la loi et l’ordre en panne ne gouverneraient plus rien du tout – bref, un continent en pleine révolution.

Du fait que tous ces dangers ne sont que le résultat d’une politique produite par les hommes, il est parfaitement possible de les surmonter en choisissant une trajectoire totalement différente. En 1933, Franklin D. Roosevelt vint à bout de la crise financière liée à la grande dépression :

  • avec la loi de séparation bancaire Glass-Steagall, qui mit alors un terme à l’économie de casino ;
  • avec l’instauration de la commission Pecora, qui intenta un procès à Wall Street pour activités criminelles ;
  • et avec un retour à la politique de crédit du premier secrétaire au Trésor des États-Unis, Alexandre Hamilton.

Se situant dans cette tradition, Lyndon LaRouche a défini quatre « principes cardinaux » capables de sortir les États-Unis de la crise actuelle et de restaurer la productivité de l’économie.

Avec la réintroduction de la loi Glass-Steagall, elles impliquent la création d’une Banque nationale dans l’esprit du [premier secrétaire au Trésor des États-Unis] Alexandre Hamilton, un système de crédit international dans la même tradition, ainsi qu’un programme pour l’économie mondiale tiré par la science, comme ce serait le cas avec un programme d’urgence pour les technologies de fusion, et une coopération internationale pour les sciences et l’exploration spatiales.

Si l’on parvenait à rallier au plus vite les dirigeants de la région transatlantique et à remettre le bien-être des populations au-dessus des intérêts géopolitiques de l’oligarchie financière, on pourrait alors sauver in extremis le monde du gouffre. Au cours des trois dernières années, en effet, bien que les médias de masse l’aient en grande partie passé sous silence, il s’est produit parmi les nations un réalignement stratégique sans précédent, qui offre de toutes nouvelles alternatives aux politiques de ce monde.

Le président chinois Xi Jinping a mis à l’ordre du jour, il y a trois ans, une initiative économique totalement inédite, qui a suscité depuis un puissant mouvement de coopération économique dans plus de soixante-dix pays.

La Chine a elle-même accompli ces quarante dernières années un miracle économique (grâce, notons-le, aux mêmes principes économiques ayant permis le miracle économique allemand après-guerre), condensant ainsi un développement économique qui avait pris deux cents ans aux nations industrialisées. La Chine a réussi à se hisser au rang de leader du marché dans plusieurs secteurs – trains à grande vitesse, numérique dans l’industrie et l’électronique, sources d’énergie renouvelables, etc. Dans cet intervalle de temps, elle a sorti huit cents millions de gens de la pauvreté et vient d’appeler par ailleurs, dans son nouveau livre blanc, le monde à éradiquer l’extrême pauvreté dans toutes ses régions d’ici à 2020.

Tiangong-2, le second laboratoire spatial chinois lancé le 15 septembre 2016.

Avec la réalisation de la Nouvelle Route de la soie, la Chine offre à toutes les nations impliquées d’exporter son modèle sur la base d’une coopération « gagnant-gagnant » axée sur l’innovation et la croissance, comme elle l’a préconisé au sommet du G20 à Hangzhou. La Chine a offert aux États situés le long de la ceinture économique un plan exhaustif de coopération scientifique, avec des laboratoires communs, des centres de recherche, de transferts de technologies, des parcs de Sciences et Technologies, un programme d’échange de personnel scientifique et technique qualifié, à hauteur de cent cinquante mille emplois issus de ces pays et formés en Chine, et plus de cinq mille jeunes scientifiques, dans l’objectif spécifique de rehausser la productivité des personnels appropriés. Lors du G20, la Chine a promis de partager les bienfaits de l’innovation en donnant la priorité aux pays en voie de développement pour accélérer leur sortie du sous-développement.

Le projet de la Nouvelle Route de la soie est le plus grand programme d’infrastructure et d’industrialisation qui ait jamais existé sur la planète. Soixante-dix nations – nombre qui ne cesse d’augmenter – pour une population de 4,4 milliards, avec un volume total d’investissements réalisés et prévus avoisinant les 1,4 milliard de milliards de dollars (actuels), ce qui représente déjà 43 % de l’économie mondiale.

La Nouvelle Route de la soie, la Route maritime de la soie et la ceinture économique du XXIe siècle offrent une perspective qui définit une stratégie de développement pour les trente à quarante prochaines années. Tout comme l’ancienne Route de la soie (un nom qui ne fut donné que plus tard par le géologue allemand Ferdinand Von Richtofen), il ne s’agit pas seulement d’une route commerciale ininterrompue entre l’Eurasie et l’Afrique, mais d’un autre nom pour désigner l’unification et la transformation des différentes régions enclavées dans les terres, ou de celles reliées par la route maritime. Ce n’est pas seulement une question de transport et d’échange de biens, mais, bien plus important encore, de savoirs scientifiques, de technologies et de cultures.

Les présidents Xi Jinping et Poutine se sont mis d’accord pour faire de la Nouvelle Route de la soie et de l’Union économique eurasienne un ensemble économiquement intégré. Lors du Forum économique de Vladivostok de septembre, auquel ont participé le Premier ministre japonais Abe et le président sud-coréen Park, entourés chacun d’une nombreuse délégation d’entrepreneurs, cette intégration de l’espace économique eurasien a fait un pas décisif – passé, hélas, presque inaperçu du monde occidental.

Aussitôt après, le sommet du G20 organisé par la Chine à Hangzhou a démontré au monde entier que la Chine dispose du modèle le plus avancé susceptible de réorienter l’économie mondiale, un système fondé autant sur l’innovation et la croissance économique que sur la réaffirmation de relations internationales basées sur la Charte des Nations unies, le respect des souverainetés nationales et celui des différents modèles sociaux – tout cela en contraste saisissant avec la R2P (responsabilité de protéger) et les interventions prétendument humanitaires dont nous pouvons juger aujourd’hui des conséquences en Asie du Sud-ouest et en Afrique du Nord.

Le président Xi n’a pas mâché ses mots lors du G20 :

L’ancien modèle n’est plus soutenable. Il nous faut désormais adopter une stratégie basée sur l’innovation. Nous serons l’avant-garde de la science et de la technologie et mènerons la recherche fondamentale propre à surmonter les problèmes scientifiques et techniques qui entravent le développement économique et industriel. Nous allons accélérer les applications de la science et du développement, et parrainer des secteurs stratégiques et émergents de façon à hausser les usines jusqu’à un niveau allant de moyen à élevé dans la chaîne de valeur.

Lors du sommet qui fit immédiatement suite au Laos, tous les États de l’Association des nations de l’Asie du Sud-est ont apporté leur soutien à la position chinoise sur le conflit en mer de Chine méridionale. Leur déclaration commune souligne que le développement de la Chine représente un atout important pour la région et qu’ils soutiennent explicitement son développement pacifique. Le récent sommet des BRICS a démontré que l’alliance stratégique de la Russie, de la Chine et de l’Inde se situe au cœur de l’intégration de l’Asie et place l’intérêt commun au-dessus des tensions résiduelles.

Cette succession rapide de forums et de sommets en six petites semaines, au cours desquelles un nombre considérable d’accords économiques ont été conclus, met non seulement en lumière le tempo accéléré du réalignement stratégique des relations internationales, mais révèle surtout très clairement que le centre politique du monde s’est déplacé vers l’Asie.

Depuis l’arrivée du train inaugural en provenance de Chine, il y a cinq ans, ce sont maintenant vingt trains de marchandises qui partent chaque semaine des centres économiques chinois – Shenyang, Lianyungang, Harbin, Yiwu, Wuhan, Chengdu et Chongqing – à destination de différentes villes européennes comme Duisbourg, Hambourg, Rotterdam, Lyon ou Madrid.

Les États de l’est et du centre de l’Europe ont depuis longtemps reconnu les avantages des investissements faits par la Chine dans ces projets d’infrastructures et de corridors d’acheminement, en partie décidés à la conférence des ministres des Transports de l’Union européenne de 1994 en Crète, mais jamais mis en chantier à cause des politiques d’austérité de la troïka.

Modernisation du port du Pirée, construction de lignes de chemin de fer partant de Grèce via la Serbie, vers la Hongrie et au-delà, connexion du canal Danube-Oder au réseau fluvial européen, tout cela est en cours. Les gouvernements grec, serbe, hongrois, tchèque, italien, portugais et suisse ont depuis longtemps reconnu que la route du futur passait par la coopération avec la Chine pour construire la Nouvelle Route de la soie.

En même temps, tout un système bancaire parallèle a vu le jour, entièrement dédié aux investissements d’infrastructure, aux projets de l’économie réelle et à l’innovation. Hormis la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII), dont près de soixante-dix pays se sont constitués membres fondateurs (parmi lesquels de proches alliés des États-Unis comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France, le Japon, l’Australie et le Canada), on peut citer aussi la New Development Bank (Nouvelle banque de développement), le Maritime Silk Road Fund (Fonds pour la Route maritime de la soie), la CSO Bank ou encore le CRA (Contingent Reserve Arrangement) – tous dédiés à contrer les attaques spéculatives, tous s’abstenant de participer à l’économie casino.

Toutes les villes et les régions impliquées dans l’échange de biens sur ces nouvelles routes commerciales reconnaissent clairement les avantages que la coopération apporte aux deux parties. Qu’est-ce qui retient donc l’Europe de répondre à l’offre de coopération gagnant-gagnant de la Chine, en vue d’étendre la Nouvelle Route de la soie à l’Europe de l’est et centrale, aux Balkans, à l’Europe méridionale, mais avant tout en vue de reconstruire un Moyen-Orient déchiré par les guerres, de s’engager dans la nécessaire industrialisation de l’Afrique, mettant ainsi en œuvre la seule politique capable d’empêcher un emballement catastrophique de la crise des réfugiés ?

La réponse va de soi. L’administration des États-Unis et la Grande-Bretagne s’entêtent dans leur idée d’un monde unipolaire, mais il a déjà cessé d’exister en tant que tel.

Le monde transatlantique est sur le point de tomber la tête la première dans le piège de Thucydide, en dépit des nombreuses mises en garde formulées par Martin Dempsey, chef d’état-major interarmées des États-Unis. Quant à l’Europe, elle est prise dans les filets du vieux paradigme d’un alignement quasi inconditionnel sur la pensée unique de Washington.

Un rapport publié le 12 septembre par la Saïd Business School, l’école de commerce de l’Université d’Oxford, témoigne des efforts aussi vains que désespérés des promoteurs d’une école monétariste néolibérale en voie de décomposition pour discréditer l’énorme succès que rencontre la politique de la Nouvelle Route de la soie. Il se couvre de ridicule en alléguant que l’investissement considérable prévu dans les infrastructures – 10,8 milliards de milliards (de dollars) sur la seule dernière décennie – pourrait faire s’effondrer à tout moment l’économie chinoise, au grand péril de l’économie mondiale !

C’est un point de vue typique des tenants de la philosophie bancaire, selon laquelle seuls des risques élevés entraînent des profits élevés et qu’on ne peut espérer de hauts rendements en investissant dans l’infrastructure. Or les officiels chinois l’ont à juste titre ridiculisé :

Nous évaluons les risques d’une tout autre manière que les agences occidentales, en ce que nous nous intéressons au potentiel de développement d’un pays. Elles ont l’œil sur le rétroviseur, alors que nous, nous regardons droit devant.

Les retours des projets pris individuellement ne peuvent se mesurer en termes de profits directs, tels que les bénéfices sur les péages perçus par une société autoroutière privée, mais par l’accroissement de la productivité d’une nation ou de tout un continent, résultant d’un maillage plus étroit de l’industrie, de l’agriculture, de la mobilité accrue des personnes, etc. Plus les infrastructures d’un pays se développent et se densifient, en y incluant l’énergie, l’eau, les communications, l’éducation, la santé, etc., plus l’économie devient productive, le niveau de vie augmente, l’espérance de vie progresse. Comme il se doit, les chercheurs d’Oxford ne peuvent s’empêcher de tomber le masque : ils enjoignent à d’autres pays en voie de développement comme le Pakistan, le Nigeria ou le Brésil, de ne pas prendre modèle sur la Chine pour leur développement économique !

L’argument selon lequel la Chine ne chercherait qu’à remplacer par la sienne la version anglo-américaine de l’impérialisme, est aussi erroné qu’inspiré par des motifs géopolitiques. Ces assertions ne font que refléter l’état d’esprit de ceux qui les profèrent. En réalité, l’on assiste à une profonde renaissance du confucianisme sur fond d’une tradition vieille de 2500 ans, orientée vers un idéal d’auto-perfectionnement individuel continu et de développement harmonieux des nations. Cet idéal correspond en tous points à la politique chinoise gagnant-gagnant de la Nouvelle Route de la soie, dans l’intérêt mutuel de tous ceux qui y prennent part, et à l’idée de partager les fruits de l’innovation et du progrès scientifique et technologique, notamment avec les pays en voie de développement.

Le confucianisme se rapproche beaucoup plus de la tradition humaniste européenne qu’on ne le croit ordinairement aujourd’hui. Le problème est que nous autres, Européens, nous sommes éloignés de nos plus nobles traditions, telles la Renaissance italienne, l’École polytechnique française, le classicisme allemand, et de la vision optimiste de l’Homme qui leur est attachée. Nous les avons laissé détrôner par la culture populaire dépravée en vogue aujourd’hui, où laideur, violence, pornographie et superficialité tiennent le haut du pavé.

Pour en revenir à notre question de départ, que ferait Charles de Gaulle aujourd’hui ? C’est avec passion, j’en suis certaine, qu’il embrasserait l’idée de venir enfin à bout de la pauvreté et du sous-développement en étendant la Nouvelle Route de la soie jusqu’à en faire un Pont terrestre mondial, et que, dans ce nouveau paradigme, il n’y aurait aucune contradiction entre être à la fois patriote de sa propre nation et un citoyen du monde concerné par le bien-être de toute l’espèce humaine.

Dois-je vous rappeler l’extraordinaire discours adressé par De Gaulle à la jeunesse allemande, le 9 septembre 1962 à Ludwigsburg, où il évoquait cette « force obscure » qui, « en vertu d’on ne sait quelle loi, fait que tout ce qui concerne [notre espèce] dans le domaine matériel se transforme suivant un rythme constamment accéléré » et que l’ensemble des découvertes scientifiques suscite une amélioration constante des conditions de vie ? Voici ses mots :

Mais le champ nouveau et prodigieux qui s’ouvre ainsi devant vos existences, c’est à ceux qui ont aujourd’hui votre âge qu’il appartient de faire en sorte qu’il devienne la conquête, non de quelques privilégiés, mais de tous nos frères les hommes. Ayez l’ambition que le progrès soit le bien commun, que chacun en ait sa part, qu’il permette d’accroître le beau, le juste et le bon, partout et notamment dans les pays qui, comme les nôtres, font la civilisation, qu’il procure aux milliards d’habitants des régions sous-développées de quoi vaincre à leur tour la faim, la misère, l’ignorance et accéder à une pleine dignité.

C’est à nous, les nations européennes, de déterminer, dans l’esprit de De Gaulle, où se situe notre propre intérêt, qui est d’utiliser la riche tradition scientifique et culturelle que nous ont léguée 2500 ans d’histoire européenne, pour rejoindre la perspective pleine d’espoir que représente la Nouvelle Route de la soie, et de travailler ensemble à faire accéder l’Humanité à un tout nouveau paradigme, fondé sur l’idée que la part d’humanité en chacun de nous l’emporte sur l’ensemble de nos différences. Nous devons nous accorder sur les buts de l’Humanité, tant il est vrai que nous sommes ce que Xi Jinping appelle une « communauté de destin partagé ».

Quels sont ces buts communs ? Nous devons joindre nos efforts pour industrialiser l’Afrique par l’extension de la Nouvelle Route de la soie, de sorte que les millions d’individus aujourd’hui torturés par la guerre et la pauvreté ne courent plus le risque de mourir de soif dans le désert ou de noyade dans les eaux de la Méditerranée. Nous devons remplir notre obligation morale de reconstruire les pays du Moyen-Orient aujourd’hui déchirés par la guerre.

Il nous faut assurer que tous les enfants de la planète aient accès à l’éducation universelle, de manière à libérer le potentiel créatif sans limite de l’espèce humaine. Nous pouvons et devons faire de nouvelles révolutions scientifiques sur les principes de la vie, de la créativité de l’esprit humain en tant que pouvoir physique dans l’Univers, et sur l’ensemble des lois qui le régissent.

Faisons nôtre le point de vue de nos astronautes, cosmonautes et taïkonautes, lorsque, depuis l’espace, ils contemplent à la fois notre planète si petite, si fragile et si bleue, et les confins de notre système solaire, de notre galaxie et de l’univers. Les choses de l’espace et la recherche ont le pouvoir incroyable de pousser l’Homme à s’interroger, à poser des questions jamais encore posées pour découvrir des principes ; or, aujourd’hui, nous ne savons même plus poser les bonnes questions. Devenons vraiment Hommes et nous relèverons tous les défis. Alors commencera une ère nouvelle pour l’Humanité.

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