Les analyses de Jacques Cheminade

A Théo Klein, pour la paix

lundi 10 septembre 2001, par Jacques Cheminade

Je viens de prendre connaissance de la lettre adressée par Théo Klein à Ariel Sharon, qui a été publiée dans Le Monde du jeudi 6 septembre. Elle m’a profondément ému par ce ton de vérité qui évoque la tradition juive et les paroles des prophètes, non seulement pour juger les actes des siens mais pour comprendre l’autre. La véritable hauteur de vues parle toujours un langage simple.

« Votre devoir est de leur offrir, d’égal à égal, l’ouverture d’une ère nouvelles, celle où chacun des deux peuples, dans les frontières de son Etat, puisse vivre et se développer. » C’est en effet par un projet, en définissant un avenir, en avant de soi-même, que la paix peut naître, et non dans l’instauration d’un rapport de forces, par nature immoral et transitoire.

Je voudrais cependant ajouter que ce projet doit aller plus loin que le partage de ce qui est ; il doit être fondé sur un développement mutuel, la partage d’une oeuvre à réaliser ensemble.

Les grands traités qui sont parvenus à établir la paix dans des situations qui paraissaient désespérées, comme l’Edit de Nantes ou le Traité de Westphalie, ont tous défini un vouloir-vivre en commun. Pour le Proche-Orient, cette communauté de dessein doit reposer aujourd’hui sur un plan de développement économique dans l’intérêt mutuel, fondé sur une politique de l’eau et des infrastructures. Shimon Pérès appartient à une génération où l’on avait une certaine idée de cette démarche, que mon ami Lyndon LaRouche a explicitée depuis trente ans : il lui reste aujourd’hui à avoir le courage de l’exposer et de la défendre.

C’est ici, d’autre part, que la paix au Proche-Orient dépasse Israéliens et Palestiniens, et relève également de notre responsabilité d’Européens et d’Américains. Plutôt que de donner des leçons, nous devons apporter les ressources humaines et financières pour fournir une base concrète à cette paix, celle de grands travaux régionaux qui, seuls, permettront d’élever le niveau de vie des Palestiniens jusqu’aux conditions de la dignité humaine.

Ma réponse à Théo Klein est donc de dire à nos Etats européens et à leurs peuples : « Qu’êtes-vous prêts à faire pour la paix ? Quels hommes et quels moyens financiers êtes-vous disposés à réunir ? Si vos paroles ne sont pas suivies d’actes, vous serez des figuiers secs ! »