Le Nigeria au centre de la coopération sino-américaine en Afrique

mercredi 22 février 2017

Projet ferroviaire chinois au Nigeria.

Alors que la Chine finalise un important plan d’investissement dans l’infrastructure du Nigeria, la Maison Blanche, désavouant la politique de l’ère Obama, promet d’aider le Nigeria à combattre le terrorisme.

Donald Trump a appelé son homologue nigérian Muhammadu Buhari le 14 février et, selon un communiqué publié par la Maison Blanche, il a « exprimé son soutien dans la vente d’avions américains pour soutenir le combat que mène le Nigeria contre Boko Haram ». Trump a invité Buhari à se rendre aux Etats-Unis au moment qui conviendra le mieux aux deux présidents.

Barack Obama avait refusé en 2015 la livraison au Nigeria des armes dont le pays avait besoin pour combattre l’organisation terroriste, prétextant que les lois américaines interdisaient la vente d’armes à un pays ayant un tel bilan en matière des droits de l’Homme. Pour le président Buhari, cette décision d’Obama avait contribué au renforcement du groupe extrémiste.

En effet, Boko Haram (BH) est, à côté de Daech, l’organisation terroriste la plus dangereuse à l’heure actuelle. Selon certaines statistiques, elle a tué plus de gens que Daech. La Banque mondiale estimait en 2016 à six milliards de dollars la valeur des destructions en termes de villages, d’écoles, d’infrastructure, de récoltes, etc., et à deux millions le nombre de réfugiés.

Nouvelle Solidarité N°8/2015, s’abonner.

La Force multinationale menée par le Nigeria a marqué d’importants succès contre BH, libérant la plupart des région du nord-est du pays bordant le lac Tchad, mais la situation des conditions humanitaires des onze millions d’habitants est « désespérée », sans compter les 500 000 enfants qui souffrent de « malnutrition aiguë », selon un communiqué publié en janvier par le Coordonnateur de l’aide humanitaire de l’ONU au Sahel.

Si le gouvernement nigérian reçoit l’aide promise par les Etats-Unis, il y a de bonnes chances d’éliminer le groupe. Dès lors, le Nigeria pourrait consacrer toutes ses ressources aux objectifs de développement poursuivis par le gouvernement de Buhari.

Depuis son élection en 2015, celui-ci a annoncé des projets pour transformer son pays en puissance productive dotée d’infrastructures et d’usines. Il s’est tourné vers le gouvernement chinois pour obtenir un financement. Buhari cherche également à mettre en place une stratégie pour la remise en eau du lac Tchad, dont l’assèchement est à l’origine d’une grande pauvreté et a créé les conditions pour le recrutement de nombreux jeunes par Boko Haram.

La Chine a répondu à l’appel. Son ambassadeur au Nigeria Zhou Pingjan précisait dans un article du 13 février que les efforts en cours et à venir financés par la Chine totalisent 85 milliards de dollars. Le projet le plus remarquable est Transaqua, qui permettra de transférer de vastes quantités d’eau vers le lac Tchad, de tracer des canaux navigables et d’irrigation et de construire des centrales hydroélectriques entre le bassin du Congo et le lac Tchad. Une étude de faisabilité doit être menée par un consortium chinois.