Armes chimiques en Syrie : peut-on croire un djihadiste britannique lié au MI6 ?

vendredi 12 mai 2017

Parmi les « sources » qui affirment que le président syrien Assad aurait utilisé du gaz sarin contre son propre peuple en avril dernier, le Dr Shajul Islam en est sans doute le principal porte-parole. Citoyen britannique, Islam s’est rendu en Syrie en 2012 auprès des djihadistes, et a été poursuivi plus tard par le gouvernement britannique pour activités terroristes. Et pourtant, il a trouvé les moyens de retourner dans la province syrienne d’Idlib contrôlée par Al-Qaïda. Manifestement, les services britanniques ont de bonnes raisons de le protéger.

Le jour suivant la prétendue attaque « au gaz sarin » du 4 avril à Khan Cheikhoun, NBC News a diffusé un entretien-vidéo exclusif intitulé « Selon un médecin syrien, les attaques chimiques sont une réalité glaçante ». L’émission présentait le Dr Islam comme une autorité en la matière, qui soignait sur place les victimes présumées. Lui-même affirmait ensuite que le gouvernement Assad lançait des attaques chimiques au quotidien avant de préciser :

Je ne peux pas vous dire exactement où je me trouve.

Bref, on ne sait pas qui a utilisé le gaz en question, ni si les scènes présentées sont récentes ou filmées il y a des années, voire même inventées de toute pièce.

Lors de l’interview avec NBC News, le Dr Islam (qui a été également été couvert par CNN, Al Jazeera, CBC TV Canada, etc.), ne portait ni la combinaison de protection anti-agents chimiques, ni gants, ni masque. Un tel équipement est pourtant indispensable en présence de gaz sarin.

Qui est donc le Dr Shajul Islam ?

Nouvelle Solidarité N°8/2013 - S’abonner.

Nous venons de voir qu’en 2012, alors âgé de 26 ans, il s’était rendu en Syrie auprès des djihadistes salafistes. Le 17 juillet 2012, aux côtés d’une trentaine de terroristes, il aurait enlevé en Syrie les photojournalistes John Cantlie (britannique) et Jeroen Oerlemans (néerlandais).

Le 9 octobre 2012, il a été arrêté à l’aéroport d’Heathrow et accusé d’association avec le groupe djihadiste qui avait enlevé les deux journalistes. Avec son frère Najul et une autre personne, il a été ensuite incarcéré à la prison de haute sécurité de Belmarsh.

Le 11 novembre 2013, alors que le procès d’Islam devait s’ouvrir, l’avocat de la Couronne Mark Dennis a surpris tout le monde en annonçant l’abandon des poursuites devant l’impossibilité de produire les principaux témoins. Cantlie, retourné en Syrie, avait été enlevé une nouvelle fois, tandis que Oerlemans, craignant pour la sécurité de son collègue, refusait de témoigner. Le Dr Islam fut alors remis en liberté, sans autre procédure.

Selon différents médias britanniques, lors de sa détention Islam aurait collaboré avec les services secrets de Sa Majesté en leur fournissant des renseignements sur d’autres terroristes. Or, lorsqu’un djihadiste s’entend avec le MI6, il est souvent recruté par ce service – à moins évidemment d’avoir été l’un de ses agents depuis le début …