Yémen, Somalie, Soudan du Sud et Nigéria : 20 millions de personnes menacées de famine

samedi 27 mai 2017, par Karel Vereycken

A part Jacques Cheminade, aucun candidat à l’élection présidentielle n’a utilisé son temps de parole officiel pour évoquer ce que les experts qualifient déjà comme la « pire crise humanitaire depuis la deuxième guerre mondiale ».

Somalie, Soudan du Sud, Nigeria et Yémen, tous en proie à des conflits armés, sont les pays cités dans la déclaration faite vendredi 10 mars devant le Conseil de sécurité par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, Stephen O’Brien.

Début mars, après une visité éclair sur le terrain, ce dernier a lancé un appel à une mobilisation urgente, réclamant 4,4 milliards de dollars à la communauté internationale d’ici juillet pour « éviter une catastrophe. »

« Les Nations Unies lancent un avertissement : le monde fait face à sa pire crise humanitaire depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, avec plus de 20 millions de gens confrontés à la faim et à la famine dans quatre pays », a-t-il déclaré.

« Si rien n’est fait, on peut prédire que beaucoup de gens vont mourir de faim, perdre leurs moyens de subsistance et voir annulés les acquis politiques durement gagnés au cours des dernières années », a ajouté M. O’Brien. « Sans des efforts collectifs et coordonnés à l’échelle mondiale, des gens vont tout simplement mourir de faim. Beaucoup d’autres vont souffrir et mourir de maladie. Des enfants vont être retardés (dans leur développement) et rateront leur scolarité. Des moyens d’existence, des avenirs et des espoirs seront perdus », a averti le secrétaire général adjoint ;

  • Le Yémen, a-t-il souligné, est actuellement le théâtre de la « pire crise humanitaire au monde ». Deux tiers de sa population - 18,8 millions de personnes - ont besoin d’assistance et plus de sept millions « ignorent d’où proviendra leur prochain repas », a-t-il martelé en faisant état de déplacements massifs de populations suite à l’agression saoudienne contre les forces gouvernementales. Le conflit a déjà fait plus de 7400 morts et 40000 blessés depuis mars 2015, selon l’ONU.

    Hier, le 25 mai 2017, c’est-à-dire au lendemain de la plus grande vente d’armes de l’histoire (350 milliards de dollars), conclu entre le Président Donald Trump et l’Arabie Saoudite qui continue à massacrer au Yémen, plusieurs organisations humanitaires (dont les françaises MSF et Handicap International) ont lancé un appel au Conseil de sécurité de l’ONU demandant l’imposition immédiate d’un cessez-le-feu. Ils notent que l’embargo contre le Yémen, un pays qui importe presque tout pour se nourrir, résulte aujourd’hui dans 40000 cas de tuberculose ;

  • Au Soudan du Sud, M. O’Brien a dit avoir trouvé « la situation pire que jamais », en raison de la guerre civile qui ravage le pays depuis décembre 2013. Les parties du conflit sont responsables de la famine, a-t-il accusé. Plus de 7,5 millions de personnes ont besoin d’aide, soit 1,4 million de plus que l’an dernier, dans ce pays qui compte 3,4 millions de déplacés.
  • En Somalie, c’est plus de la moitié de la population — 6,2 millions d’habitants — qui a besoin d’aide et de protection, dont 2,9 millions menacés par la famine. Près d’un million d’enfants de moins de 5 ans souffriront cette année de grave malnutrition, a-t-il dit, dans ce pays plongé depuis près de trois décennies dans le chaos et la violence. « Ce que j’ai vu et entendu lors de ma visite en Somalie était bouleversant - des femmes et enfants marchent des semaines à la recherche de nourriture et d’eau (…) Ils ont perdu leur bétail, les sources d’eau potable se sont asséchées et ils ne leur reste plus rien pour vivre », a-t-il noté, ajoutant qu’on assistait à un vaste exode vers les centres urbains.
  • Enfin, dans le nord-est du Nigeria, théâtre de l’insurrection des islamistes de Boko Haram depuis 2009, plus de 10 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, dont 7,1 millions sont « confrontées à une grave précarité alimentaire », a dit M. O’Brien.


Le cri d’alarme de Jacques Cheminade sur l’Afrique par Europe1fr

Les solutions se font attendre

Catastrophes naturelles, conflits armés, crises des réfugiés qui perdurent, les besoins humanitaires atteignent des sommets. Fin 2016, l’ONU a sollicité le chiffre record de 22,2 milliards de dollars pour financer ses programmes humanitaires en 2017. En 1992, lors de son premier appel, elle n’avait demandé que 2,7 milliards. En 2016, l’appel revu à la hausse en cours d’année avec l’aggravation des conflits n’a permis de réunir que 11,4 milliards de dollars sur les 22,1 demandés. La Syrie va absorber la plus grande partie des fonds, suivie par le Soudan du Sud et le Yémen.

Le lac Tchad

Nouvelle Solidarité N°8/2015, s’abonner.

La conférence internationale d’Oslo du 24 février 2017 a mobilisé 672 millions de dollars d’engagement sur trois ans, octroyés par 14 pays, mais nettement en deçà de l’appel, fixé à 1,5 milliard de dollars.

Ces contributions viendront en aide aux populations touchées par les incursions du groupe terroriste Boko Haram dans la région du lac Tchad, c’est-à-dire le nord-est du Nigeria, l’extrême nord du Cameroun, l’ouest du Tchad et le sud-est du Niger. Ces pays ont des frontières communes et poreuses sur cette étendue d’eau douce peu profonde et parsemée de centaines d’îlots.

Si une aide humanitaire immédiate s’impose, c’est sur les causes qu’il faut enfin agir. Mettre fin à des décennies de pillage des ressources et à cette « occupation financière » dont le Franc CFA n’est qu’un symbole, pour Jacques Cheminade et le parti Solidarité & Progrès, il s’agit de prendre enfin au sérieux la question de l’eau. Elle reste la clef pour le développement du continent africain.

Notre site vous offre trois dossiers très complets sur cette question :