Après le G20, engager la France dans le nouveau paradigme

lundi 10 juillet 2017

Le G20 vient de se terminer sans avoir pu apporter la moindre solution aux grands défis de l’époque ; mais la rencontre entre Trump et Poutine, ainsi que d’autres rencontres bilatérales qui ont eu lieu en marge du sommet, ont dessiné l’ébauche d’une nouvelle détente entre les États-Unis, la Russie et la Chine, rendant possible la réalisation du plan LaRouche de sortie de crise en 4 étapes – séparation bancaire, banque nationale, crédit public, développement économique à fort vecteur scientifique.

La rencontre entre Trump et Poutine, qui a duré 2h20 au lieu de 35 min – au grand dam des milieux néo-conservateurs – a permis aux deux hommes d’établir entre eux une relation personnelle. Lors de sa conférence de presse, le président russe a déclaré : « Je pense que si nous construisons nos relations dans la même veine que notre rencontre d’hier, il y a de bonnes raisons de croire que nous serons en mesure de raviver les relations américano-russes, au moins partiellement, au niveau nécessaire. (…) L’accord sur la zone de dé-escalade dans le sud de la Syrie est l’une des avancées concrètes de notre discussion. C’est un vrai résultat de coopération impliquant les États-Unis... Le fait que les opérations militaires aient cessées et que nous établissions des zones de dé-escalade représente un grand pas en avant. »

Lors d’un entretien sur FoxTV, le professeur émérite des études russes à l’université de New-York, Stephen Cohen, a estimé que nous assistons à « une nouvelle détente potentiellement historique, un partenariat anti-guerre froide initié par Trump et Poutine, malgré l’intensification des tentatives de sabotage... » Compte tenu de la violence de « la campagne du Russiagate, qui aurait pu le paralyser, Trump a été politiquement courageux. Il se pourrait que nous assistions aujourd’hui à l’émergence d’un véritable homme d’État américain. »

Un article paru dans l’agence de presse russe TASS reprend en longueur le « point de vue d’expert » de la présidente de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche, à propos de la rencontre entre Trump et Poutine : « Je pense qu’il s’agit d’une avancée majeure, compte tenu de la situation de ces six derniers mois. (…) Que les deux puissances nucléaires parviennent à ouvrir le dialogue sur ces questions [Syrie, Ukraine, Corée du nord, terrorisme et cybersécurité] représente un pas de géant pour préserver la paix. » Avec ce renouveau des relations entre États-Unis et Russie et des relations entre Chine et États-Unis, depuis la rencontre entre Xi Jinping et Trump en Floride début avril, « une coopération positive s’établit entre les trois plus importants pays du monde. (…) Nous ne pouvons pas résoudre les problèmes actuels en se basant sur les vieux modèles. » Cette relation trilatérale entre Moscou, Beijing et Washington pourrait devenir « le nouveau paradigme ».

Contradiction entre politique extérieure et politique intérieure

Lors de sa rencontre du 6 juillet avec son homologue russe Sergeï Lavrov, notre ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré qu’ « un esprit de confiance nécessaire pour une meilleure compréhension mutuelle a fait défaut jusqu’à aujourd’hui. La France ne souhaite ni l’isolation de la Russie du reste de l’Europe, ni son affaiblissement économique. » Réitérant l’affirmation de Macron sur le fait que le départ de Bashar el-assad n’est plus un préalable pour la France, Le Drian a affirmé que « nous faisons face en Syrie à un ennemi commun, et nous partageons un même objectif : la paix. » Il confirme ainsi que l’arrivée d’Emmanuel Macron correspond au retour d’un certain réalisme en matière de politique étrangère, après cinq années dominées par le dogmatisme de Hollande. On ne peut que s’en réjouir, et tout faire pour s’assurer que cela continue dans ce sens.

Mais ce pragmatisme intelligent dans la politique extérieure n’est pas cohérent avec ce que l’on voit se mettre en œuvre sur le plan intérieur, comme si les deux domaines se situaient dans deux univers complètement différents ; aucune coordination ne semble exister entre les deux. Avec le duo Darmanin-Le Maire, Macron a donné les clés de l’économie à la droite, avec un Bruno Le Maire en véritable alter-ego du ministre allemand de l’économie Wolfgang Schaüble, un des chantres les plus dogmatiques du libéralisme financier. Comment croire qu’il soit possible de rétablir une politique étrangère s’inscrivant dans le temps long des relations entre les nations, alors que l’on perpétue sur le plan économique et social une politique d’austérité budgétaire et de dérégulation financière au service du court-termisme des marchés financiers ?

Notre mobilisation citoyenne pour forcer le débat sur la séparation bancaire dans le nouveau Parlement est donc essentielle, justement pour mettre le doigt sur cette contradiction tout en présentant un moyen de la résoudre. Car le Glass-Steagall Act – la loi de Roosevelt de 1933 séparant les banques de dépôts et les banques d’affaires, et dont les Français se sont inspiré à la Libération – est le moyen de faire sauter le verrou financier, et l’étape nécessaire pour ouvrir le champ d’une politique de développement mutuel à l’échelle du monde. De plus, cette mobilisation citoyenne nous donne l’occasion de faire l’éducation de nos parlementaires, en même temps que celle de nos citoyens, afin qu’ils ne voient plus l’économie comme un jeu à somme nulle, dans lequel on doit forcément déshabiller Paul pour habiller Jacques, mais comme la science du progrès humain, où chaque individu et chaque nation porte la responsabilité du futur de l’humanité.