Les grands projets, ponts entre les peuples

jeudi 5 octobre 2017

Solidarité & Progrès est à pied d’œuvre pour faire découvrir aux citoyens français et européens – médusés, blasés face à une classe politique hors-sol, arrogante et incapable de compassion – l’extraordinaire potentiel que représente l’ « Initiative de la ceinture et de la route » lancée en 2013 par le président chinois Xi Jinping, qui nous donne l’occasion de renouer avec le meilleur de nous-mêmes, à commencer par la politique gaulliste « de détente, d’entente et de coopération ».

Ce projet de construction de Nouvelles Routes de la soie maritimes et terrestres a créé dans le monde (pour l’instant, principalement dans l’hémisphère sud) un élan vers le futur si puissant qu’il permet de dépasser les griefs des uns envers les autres, parfois pourtant bien ancrés dans l’histoire. Le cas des relations entre la Chine et le Japon est emblématique. Le magazine online The Diplomat remarque avec pertinence que la visite surprise le 28 septembre du Premier ministre Shinzo Abe à l’Ambassade chinoise à Tokyo, à l’occasion du 45e anniversaire de la normalisation des relations sino-japonaises, « a été considérée par les médias chinois et japonais comme le geste le plus significatif de ces dernières années en direction de la réconciliation avec la Chine. (…) L’administration Abe a affirmé qu’elle souhaitait prendre part à l’initiative chinoise de la Ceinture et de la route et qu’elle envisageait de rejoindre la Banque asiatique d’investissements dans les infrastructures (BAII) créée par la Chine ».

La Chine sur tous les fronts « gagnants-gagnants »

Suite à l’annonce le 25 septembre par le Premier ministre indien Narendra Modi de son intention de fournir en électricité chaque ménage indien d’ici à 2018, la BAII a proposé d’y participer avec un prêt de 100 millions de dollars. Ce prêt sera même co-financé pour moitié par la Banque asiatique de développement (ADB), une banque dans le giron des Occidentaux. Le projet de Modi est gargantuesque, puisque 300 millions d’Indiens n’ont aujourd’hui pas accès à l’électricité, soit près d’un sur quatre.

La coopération entre la Chine et la Bolivie va bon train, également. Le 2 octobre, dans une interview avec le quotidien bolivien El Deber, l’Ambassadeur chinois à La Paz a insisté sur le fait que la Chine compte aider « énergiquement » la Bolivie dans son effort pour se développer et devenir une nation industrielle au centre d’une Amérique du Sud prospère. Les deux pays coopèrent déjà dans de nombreux secteurs, tels que le transport, l’exploitation minière, l’énergie, etc. L’Ambassadeur a cité notamment le projet de construction de 1300 km d’autoroutes, avec une douzaine de tronçons « traversant [le pays] du nord au sud et d’est en ouest, établissant ainsi la base stratégique pour les infrastructures de transport de la Bolivie ». De plus, une trentaine de bourses ont été attribuées à des étudiants boliviens pour leur permettre de poursuivre des études en Chine dans le secteur des technologies de pointe, comme le nucléaire ou l’aérospatial.

Le ministère chinois de l’Éducation rapporte d’ailleurs que la Chine coopère actuellement avec 188 pays et régions dans le monde. En 2016, environ 545 000 Chinois ont poursuivi des études dans des universités étrangères, tandis qu’environ 443 000 étudiants étrangers sont venus étudier dans les universités et instituts chinois. La Chine compte aujourd’hui 512 Instituts Confucius dans le monde, répartis dans 140 pays et régions.

En Europe et aux États-Unis, un pas timide vers les grands projets

L’Occident ressemble aujourd’hui à un aveugle marchant tout droit vers le ravin mais qui, attiré par la musique des Nouvelles Routes de la soie lui parvenant de loin dans les oreilles, est de plus en plus tenté de changer de trajectoire.

Mardi, le gouvernement français a finalement annoncé un montage créatif permettant de débloquer les fonds pour le projet de Canal Seine-Nord Europe (CSNE) pour lequel S&P et Jacques Cheminade, dans le cadre d’un « Nouveau plan Freyssinet » permettant de moderniser l’ensemble des infrastructures portuaires et du transport, ont toujours fait campagne.

Alors que le chantier était enfin prévu pour démarrer en 2017, l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir avait porté un coup d’arrêt au projet, austérité budgétaire à la sauce Bruxelles oblige. Mis sous pression par les élus et les acteurs régionaux, le gouvernement a donc accepté un compromis, impliquant que l’État tienne sa promesse d’investir le milliard d’euros initialement prévu. Pour échapper aux fourches caudines des critères de Maastricht, la société chargée de construire le canal sera régionalisée. Les régions non seulement se portent caution pour les 776 millions d’euros que l’État aurait dû emprunter mais avancent pendant deux ans les coûts des travaux. L’État s’engage cependant à leur rembourser par la suite cette avance par « des taxes nationales à assiette locale affectées à la société de projet ». Comme le précise Le Courrier Picard de hier, « L’État s’en lave les mains » en disant « Vous voulez votre canal ? Débrouillez-vous avec ! »

Sans parler du dynamisme économique et social pour l’ensemble de la région et même plus largement, le projet représente une promesse de plus de 10 000 emplois pendant le chantier et plus de 30 000 ensuite.

De l’autre côté du Rhin, les responsables politiques du land allemand du Schleswig-Holstein viennent d’annoncer que la coalition au pouvoir a finalement réussi à se mettre d’accord pour lancer la construction de la section allemande du tunnel Femern reliant le Danemark et l’Allemagne sous la Baltique. Même les Verts sont d’accords, eux qui freinaient des quatre fers le projet au nom de la protection de l’écosystème de l’île de Fehrman. Certains, parmi les acteurs politiques ou de la société civile, y voient la possibilité de développer le Schleswig-Holstein dans le cadre de la Nouvelle Route de la soie.

Aux États-Unis, le passage des ouragans Harvey et Irma a eu pour effet de faire taire temporairement l’hystérie médiatique contre Trump, et d’unir la classe politique autour de la nécessité de reconstruire les régions dévastées du Texas, de la Floride et de Porto Rico. Ainsi, une alliance bipartisane entre la présidence Trump et les Démocrates se met en place. La question des moyens financiers se pose, étant donnée l’ampleur des destructions et le niveau d’endettement du pays.

Le 27 septembre, Donald Trump a déclaré qu’il rejetait l’idée de passer par des partenariats public-privés (PPP), et qu’il était favorable à des financements entièrement publics, ce à quoi les Démocrates ont immédiatement apporté leur soutien. Le député démocrate Dan Lipinski, interviewé par The Examiner, a dit qu’il était « très heureux de voir le Président commencer à aller dans le bon sens depuis un mois... Et je suis plus optimiste que jamais sur la possibilité de la mise en œuvre d’un plan d’infrastructures bipartisan ; je pense qu’il est tout à fait possible que nous parvenions à un accord avant la fin de l’année ».

Plus intéressant encore, le Président Trump a déclaré mardi sur Fox News qu’il envisageait d’annuler les 72 milliards de dette de Porto Rico, ce qui a immédiatement suscité les cris d’orfraie de Wall Street... (Lire la chronique de demain).

AGENDA :

Mercredi 11 octobre, à 19h30 :
Conférence-débat de Jacques Cheminade : « le travail, c’est quoi ? »

Inscriptions : 01 76 69 14 50