Les États-Unis finiront-ils par rallier les Nouvelles Routes de la soie ?

mercredi 11 octobre 2017

De grandes tensions entourent les préparations du voyage de Donald Trump en Asie début novembre, et en particulier sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping, qui devrait avoir lieu le 5 ou le 6 novembre. Les forces politiques et les intérêts financiers ayant lancé en 2016 la chasse aux sorcières contre le président américain sont toujours à l’œuvre, notamment à travers l’enquête du procureur spécial Robert Mueller autour du soi-disant « Russiagate » (voir la chronique de demain).

Comme nous l’avons souligné ici, cet acharnement n’a d’autre motivation que de provoquer la chute de la présidence, afin de mettre un coup d’arrêt à la politique de rapprochement avec la Russie et la Chine engagée par le président Trump dès son arrivée à la Maison-Blanche, politique sortant implicitement du giron de la géopolitique impérialiste anglo-saxonne ayant prévalu ces dernières décennies. La première rencontre entre Xi et Trump, qui a eu lieu en avril à Mar-a-Lago (Floride), avait déjà mis à mal la propagande antichinoise aux États-Unis. De plus, le président américain a multiplié depuis les commentaires positifs vis-à-vis de la Chine, laissant même entendre qu’il considérait avec intérêt l’idée de voir les États-Unis s’associer aux Nouvelles Routes de la soie.

Même le gouverneur très pro-décroissance de Californie Jerry Brown pousse dans ce sens, comme il l’a manifesté lors de son voyage en Chine au mois de juin, où il a rencontré Xi Jinping et annoncé que la Californie joignait l’initiative chinoise ’Une ceinture, une route’. Dans un entretien accordée le 5 octobre au magazine Rolling Stone, Brown note que les Chinois « construisent non seulement chez eux, mais de partout dans le monde. Avons-nous un projet du type de ’Une ceinture, une route’ ? Construisons-nous des routes ou des voies ferrées en Afrique ou en Asie ? Non, nous ne le faisons même pas chez nous. Nous ne bâtissons rien dans le monde, et rien chez nous ».

Lors de cette tournée asiatique, Trump doit se rendre au Japon, en Corée du Sud, au Vietnam et aux Philippines, autant de pays activement engagés dans l’initiative de la Chine.

L’Institut Schiller, par la voix de sa présidente et fondatrice Helga Zepp-LaRouche, appelle les États-Unis à se rassembler avec ces nations dans l’esprit des Nouvelles Routes de la soie, afin de surmonter les différents points de tensions (Corée, Syrie, Ukraine), de bâtir des nations modernes, éduquées et industrielles à travers le monde, remplaçant ainsi le vieil impérialisme occidental. Mme LaRouche tient pour cela une conférence diffusée en ligne chaque jeudi soir.

Dans ce contexte, l’opération anti-Trump concentre ses efforts sur le secrétaire d’État Rex Tillerson, cherchant un moyen de le faire quitter le gouvernement, soit par démission soit en induisant Trump à le virer. Une salve d’articles est en effet parue dans les médias américains (relayés en France), alimentant les rumeurs de son départ. L’édition du 6 octobre du New York Times prétend que Trump maintiendrait son épée sur la nuque de Tillerson, « prête à trancher à tout moment » : « la relation entre les deux hommes est devenu si acide que M. Tillerson s’est senti obligé de tenir mercredi une conférence de presse extraordinaire afin de dénier le fait qu’il envisagerait de démissionner – ce qui paradoxalement n’a fait qu’accroître les spéculations sur son départ (…). Même s’il restait à son poste, M. Tillerson est désormais affaibli, sa crédibilité dans le pays et à l’étranger s’est effritée à cause de ses désaccords avec le président. Les dirigeants étrangers et les diplomates pourraient douter du fait qu’il représente réellement l’administration ou que ses engagements seront tenus. Un compte à rebours est lancé vers ce que beaucoup considèrent comme son départ inévitable ».

Donc, le fait que Tillerson organise une conférence de presse pour dénier sa future démission prouverait qu’il va démissionner... Vous niez votre culpabilité ? C’est la preuve que vous êtes bien coupable !

Réagissant à ces allégations, Trump a tweeté : « Rex Tillerson n’a jamais menacé de démissionner. Ce ne sont que des ’fake news’ concoctées par NBC News. Du journalisme de bas étage. Sans rien vérifier auprès de moi ».

Rex Tillerson est l’une des principales voix appelant à l’apaisement et au dialogue au sein de l’administration Trump, notamment pour la question nord-coréenne. L’agence de presse russe TASS a rapporté le 6 octobre que Tillerson a fait une proposition impliquant la mise sur pause des tests nucléaires nord-coréens pendant au moins deux mois, afin de pouvoir engager des pourparlers directs avec les États-Unis, ce que les Nord-coréens ont toujours réclamé.