Grèce : annuler la dette et en faire un carrefour des Nouvelles Routes de la soie

mardi 24 octobre 2017

En dépit de toutes les horreurs qu’on voudrait nous faire penser sur la Chine, le cas de la Grèce constitue pour nous un rappel brutal de la réalité. Car, tandis que « l’Empire rouge » a sorti des millions de personnes de la pauvreté, l’Union Européenne « démocratique » conduit la Grèce vers sa disparition pure et simple, en persistant dans une politique d’austérité inhumaine justifiée par le remboursement d’une dette qui ne cesse de progresser malgré le garrot exercé sur la population.

D’après l’agence officielle européenne des statistiques Eurostat, 35,5 % de la population grecque vit sous le seuil de pauvreté ou dans des conditions d’exclusion sociale, soit 3,8 millions de personnes, en progression de 28,1 % par rapport à 2008. Le chômage touche 21,2 % de la population active, et 43,3 % des jeunes de moins de 25 ans. Au moins 200 000 travailleurs sont déclarés à temps partiel auprès du ministère du Travail alors qu’ils travaillent en réalité à plein temps. Un travailleur sur cinq n’est pas déclaré du tout. Les salaires ont baissé de 40 % en moyenne depuis 2010. Face à cela, les jeunes – et surtout les plus diplômés d’entre eux – n’ont d’autre perspective que de quitter le pays, à contrecœur. C’est ce qu’ont fait 427 000 Grecs entre 2008 et 2016, d’après la Banque de Grèce.

Résultat : la population grecque vieillit et diminue, tandis que l’espérance de vie baisse et que le taux de mortalité augmente...

Compte tenu de cette situation désastreuse, de l’aveuglement et de l’arrogance d’élites européennes incapables de se remettre en question, l’on ne doit pas s’étonner de voir Athènes se tourner vers la Chine, qui lui apparaît comme une lumière dans le sombre et long tunnel qu’elle traverse depuis plusieurs années. La Grèce est ainsi l’un des premiers pays européens à avoir manifesté un intérêt pour le projet de Nouvelles Routes de la soie de la Chine, surtout depuis que Syriza est arrivé au pouvoir. Le Premier ministre Alexis Tsipras était l’un des rares dirigeants européens présents à Beijing les 14 et 15 mai dernier pour participer au Forum international de « l’initiative de la ceinture et de la route » (BRI). Du point de vue de la Chine, la péninsule hellénique constitue un lieu stratégique, en tant que porte vers l’Europe ; c’est pourquoi elle a investi dans le développement du port du Pirée, et veut désormais moderniser la ligne ferroviaire Grèce-Serbie-Hongrie, projet baptisé « Route express terre-mer », et auquel l’UE s’oppose.

Un autre facteur pourrait également changer la donne. Tsipras a été accueilli la semaine dernière à Washington par le président Trump. Il faut noter que le président Obama n’a jamais daigné inviter le Premier ministre grec à la Maison-Blanche, malgré un lobbying actif de la part d’Athènes. Durant la conférence de presse conjointe, Donald Trump a affirmé qu’il soutenait « totalement » un « plan d’allègement responsable de la dette » (ce que l’UE refuse d’envisager) et qu’ « une Grèce solide et prospère représentait une immense opportunité pour le commerce américain, pour les investissements et pour la création d’emplois ». Rappelons que Trump a également dit qu’il envisageait d’effacer la dette de Porto Rico, ce qui n’a pas manqué de susciter la fureur de Wall Street (voir notre chronique du 6 octobre).

Comme l’a expliqué notre amie la présidente-fondatrice de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche, lors de sa conférence internet hebdomadaire sur la dynamique des Nouvelles Routes de la soie, cette perspective « redonne au peuple grec l’estime de soi, car il voit qu’il n’est pas condamné à être le rebut de l’UE, mais qu’il peut devenir un carrefour du développement eurasiatique ».