Communiqué de Jacques Cheminade

Sur les résultats du premier tour des présidentielles

samedi 23 mars 2002

Paris, le 23 avril 2002 - Une tragédie commence lorsque les valeurs et les préjugés d’une société - d’une société toute entière - la conduisent à l’abîme. En France, nous y sommes. Le résultat de l’extrême-droite, le nombre d’abstentions et l’essor d’une extrême-gauche sans perspective réelle témoignent, à des degrés divers, de la décomposition d’un système de repères.

Le pire aspect d’une campagne insipide et consternante aura été l’absence de toute référence à la politique étrangère et aux mesures concrètes à prendre face à l’effondrement du système économique et monétaire international. C’est dans ce recroquevillement nombriliste que prospère le régression pétainiste du Front National.

Pour le second tour, il faudra quoiqu’il en soit nous boucher le nez avant de voter Chirac ou nul. C’est après que le défi nous est lancé, à l’horizon court des législatives et à l’horizon long des années à venir.

A un regard fixé sur la ligne Maginot du passé il faut substituer une France avec les yeux du futur. A une France conçue comme un îlot isolé dans l’océan de la mondialisation il faut substituer un pays apportant sa détermination et sa capacité de changement au monde. A la loi du corporatisme et des réseaux de caste soutenus par un centralisme administratif dévoyé et les médias il faut substituer un Etat suffisamment fort pour les combattre et imposer le respect du service public.

A partir de cela, nous devons refonder notre pays. Peut-on imaginer un instant qu’un président Chirac, avec des Premiers ministres se nommant Fabius ou Raffarin, serait en mesure de le faire ? Si l’on répond « non », si l’on est convaincu qu’une fausse réforme ne fera que favoriser les extrémismes, si l’on a honte de l’absence de la France en Europe, au Proche-Orient ou face à l’oligarchie financière anglo-américaine, si l’on ne peut supporter la lepénisation de la vie politique, il est temps de se comporter en citoyen acteur et non en sujet passif.

J’ai été moi-même empêché d’être candidat au premier tour de l’élection présidentielle. Si vous avez suivi mes idées, si vous voulez vous battre dans la perspective d’un projet et non de rejets, si vous osez combattre le cancer financier, si la non violence organisée est votre arme, aidez moi. C’est seulement en donnant l’enthousiasme de penser, d’agir et de transformer le monde que nous pourrons faire face.