Naissance d’une nouvelle géométrie politique internationale

mercredi 15 novembre 2017

Le président américain a quitté l’Asie après un voyage de dix jours, et les sauts de cabris des bien-pensants occidentaux sur les « droits de l’homme » et les « dictateurs » n’y feront rien : un monde nouveau émerge, certes dans la douleur, mais dont la réalité est désormais indéniable. Trump a rencontré, dans les cinq pays où il s’est rendu, et particulièrement en Chine, un élan de sympathie et d’amitié qui n’avait plus été manifesté pour un président américain depuis longtemps.

Lundi, lors du sommet de l’ASEAN qui se tenait à Manille, la capitale des Philippines, Donald Trump a exprimé sa reconnaissance, au nom du peuple américain : « Je suis honoré de représenter les États-Unis d’Amérique dans ce sommet. Nous nous rassemblons aujourd’hui dans une époque pleine d’espoirs et de défis. Je m’adresse à vous au nom de 350 millions d’Américains avec un message d’amitié et de partenariat ».

Quoi qu’on puisse penser du personnage, le voyage de Trump en Asie a posé de toutes nouvelles bases pour les relations entre les États-Unis et les pays de la région, affirmant partout que les jours étaient finis où ils agissaient comme les colporteurs d’un monde unipolaire.

Dans une tribune intitulée « la participation américaine à la ceinture et la route est inévitable », publiée lundi par le Global Times, Wang Yiewei, directeur de l’Institut des Affaires internationales de l’Université Renmin, met en valeur l’immense potentiel de coopération entre la Chine et les États-Unis qui s’amorce grâce à la perspective de quelque 250 milliards de dollars d’accords économiques. Il écrit qu’ « il est temps pour les États-Unis de reconsidérer la possibilité de rejoindre l’initiative de la ceinture et la route (BRI), qui offre un plus large espace à la coopération. (…) La coopération sino-américaine dans le cadre de la BRI va non seulement favoriser les liens économiques et commerciaux, elle va également définir la trajectoire d’un nouveau mode de relations entre les grandes puissances et le monde pour les 50 prochaines années ».

Malgré le climat délétère qui persiste à l’intérieur des États-Unis en raison de la propagande du « Russiagate », un frémissement d’optimisme se fait ressentir, en particulier dans la douzaine d’États américains directement concernés par les accords passés avec la Chine (Alaska, Virginie Occidentale, Montana, etc.).

Avant de s’envoler aux Philippines pour le sommet de l’ASEAN, le président américain a effectué une visite d’État au Vietnam, où il a été reçu chaleureusement par le président Tran Dai Quang, ainsi que par le Premier ministre et le Secrétaire général du Parti communiste vietnamien. Le président Quang a souligné que la visite de Trump marquait « une étape essentielle dans les relations américano-vietnamiennes », et le président américain a affirmé quant à lui que le Vietnam est une nation qui « rassemble des gens différents venant de partout dans le monde, dans une appréciation commune de la grande beauté et de la splendeur de votre magnifique pays ».

Lors de la conférence commune des deux dirigeants, Trump a tenu des propos saisissants sur la guerre qui a ravagé les deux pays, disant que malgré les horreurs de cette « guerre abominable », « nous avons développé une profonde amitié et une coopération, garantissant la paix ». Et, évoquant John Adams, l’un des pères fondateurs des États-Unis, grand défenseur de l’esprit d’indépendance américain, Trump a déclaré : « nos hôtes vietnamiens sont animés par ce sentiment depuis près de 2000 ans, car en l’an 40 après J.C, le peuple du Vietnam se levait déjà pour sa fierté et son indépendance ». En disant cela, le président américain reconnaissait implicitement que c’est cette volonté d’indépendance qui a forcé les États-Unis hors du Vietnam.

Aux Philippines, où s’est tenu le sommet de l’ASEAN (association des nations d’Asie du Sud-Est), Trump a souligné le rôle essentiel que cette association joue, en tant qu’assemblée de nations, pour la sécurité et la prospérité des populations, et a affirmé l’intention des États-Unis de s’engager davantage dans le partenariat avec l’ASEAN : « nous aspirons à un partenariat économique basé sur la réciprocité et la justice. Nous voulons que nos partenaires dans la région soient forts et prospères ».

Lors de leur rencontre en marge du sommet, Trump et le président philippin Duterte ont affiché une entente chaleureuse, loin des relations glaciales entre Obama et Duterte, où ce dernier avait plusieurs fois employé des noms d’oiseaux pour qualifier son homologue américain. Le troupeau de journalistes est arrivé en retard, assaillant immédiatement les deux dirigeants de questions toutes faites sur les droits de l’homme. A un journaliste de CNN qui voulait absolument savoir si cette question des droits de l’homme serait au cœur de leurs discussions, Duterte a répondu qu’ils allaient évoquer « des questions touchant aux intérêts des Philippines et... mais vous, là, vous êtes des espions, et vous allez devoir quitter la salle ! » Ce qui a fait beaucoup rire le président américain.

Enfin, le ministre philippin des Affaires étrangères, Peter Cayetano, a remarqué que si cette rencontre ne résoudra pas en soi tous les problèmes bilatéraux, « elle représente un vrai progrès dans nos relations », rappelant que les dégâts causés par Obama dans les relations entre les deux pays ont été « réparées par le président Trump ». La déclaration commune des deux dirigeants reconnaît l’importance des droits de l’homme et « la dignité de la vie humaine », et pose les bases d’une coopération dans divers secteurs, en particulier la sécurité. Les États-Unis se sont notamment engagés à reconstruire Marawi, qui a récemment été détruite dans les affrontements entre les forces armées philippines et les djihadistes de l’État islamique.