Guerre ou Paix : Chine et Russie à la manœuvre

mardi 19 décembre 2017, par Christine Bierre

Comme nous le montrons régulièrement sur ce site, c’est à une vitesse saisissante que progresse la mise en œuvre du projet de Nouvelles Routes de la soie, aussi appelé Une ceinture, une route, lancé par le président Xi Jinping.

Ces derniers jours, c’est le Maroc, pays qui affiche désormais son ambition de devenir la « Silicon Valley d’Afrique du Nord » qui vient de signer un protocole d’accord avec le Chinois BYD pour la création de quatre usines de production de batteries et transports électriques.

Chez nous, Marseille se tourne aussi vers la Chine en signant un protocole d’accord avec Techcode, le géant d’incubateurs d’entreprise qui permettra à la cité phocéenne d’ouvrir un accès à ses startups dans le marché chinois.

Et, ce projet chinois, devenu désormais une « force physique » qui transforme des pans entiers de l’économie de notre planète, engendre partout un nouvel optimisme sur l’être humain et sa capacité à améliorer les conditions de son espèce à travers la recherche scientifique, l’innovation technologique et l’extension du savoir à tous.

Signe de son impact contagieux, y compris en Occident, la signature par le président Donald Trump, le 11 décembre, d’une nouvelle directive spatiale, Space Policy Directive 1, ayant pour but de renvoyer des astronautes américains sur la Lune, avec en ligne de mire, une mission ultérieure vers Mars. « Cette fois, il ne s’agira pas seulement de planter notre drapeau et de laisser notre empreinte. Nous établirons une base pour une mission vers Mars et peut-être un jour, au-delà », a-t-il déclaré.

De son côté, par son intervention militaire déterminée au Proche et au Moyen Orient, aux côtés de la Syrie, la Russie a mis fin à l’arbitraire absolu de la stratégie de guerre perpétuelle de destruction, par djihadistes interposés, inaugurée par les Bush, créant les conditions d’un retour à la paix dans le monde.

Au cours d’une visite surprise en Syrie, sur la base de Hmeimim, le 11 décembre, il s’est félicité, aux côtés du président syrien Bachar al-Assad, de cette victoire conjointe contre Daech, « ce mal absolu qu’est le terrorisme », et a annoncé le début du retrait du plus gros de contingent russe. Un contingent qui n’était pas énorme, comme l’a souligné Ruslan Pukhov, directeur du Centre d’analyse des stratégies et des technologies russe à Defense News : « un petit millier d’hommes au maximum (…) 30 à 50 avions et 16 à 40 hélicoptères » et un nombre impressionnant de 28 000 sorties.

La question clé est désormais : les Occidentaux, emmenés incontestablement depuis la fin de la guerre froide par le parti de la guerre anglo-américain, saisiront-ils l’occasion pour mettre fin à l’idéologie d’Empire qui les anime ?

Pour l’heure, malgré la volonté affichée par Donald Trump d’abandonner "la petite torche" de la guerre que son pays promène partout depuis des années, l’idéologie conduisant à la guerre et le parti qui la promeut restent encore actifs, et tout près de lui.

On l’a vu récemment avec les événements au Proche-Orient, où la politique conseillée à Donald Trump par son gendre Jared Kushner qui en est le responsable, aurait pu conduire à une guerre civile au Liban, et à une nouvelle guerre mettant aux prises Israël avec l’Iran et ses alliés du Hezbollah au Liban.

C’est Kushner, ainsi que la droite ultra-chrétienne de son vice-président Pence, qui ont conseillé une alliance totale avec Israël et avec une Arabie saoudite, conduite par le brutal Mohamed Ben Salmane, et contre l’Iran.

Il a fallu une intervention de la France et du président Al-Sissi d’Egypte, et l’aval discret des Etats-Unis, pour que la déstabilisation du Liban n’ai pas lieu. Saad Hariri a pu redevenir Premier ministre, après que tous les acteurs politiques libanais, y compris le Hezbollah, eurent accepté une politique de distanciation par rapport aux conflits régionaux. Mais les ambigüités sur la signification de ce terme « distanciation » pourraient rapidement nous ramener à la guerre.

Car, pour les Etats-Unis, ce terme veut dire que le Hezbollah doit rendre ses armes et l’Armée libanaise reprendre son rôle de garant de la sécurité du pays. Or, si le Hezbollah acceptera sans doute, la guerre étant finie, de rapatrier au Liban ses soldats, rien ne dit que le pays acceptera de se passer de la milice chiite qui l’a si bien défendu contre les agressions d’Israël. Surtout, si rien n’est fait par la communauté internationale pour résoudre le problème israélo-palestinien, et pour bien équiper l’Armée libanaise. Pour la coalition au pouvoir dans le pays du Cèdre , la question du Hezbollah et de ses armes est donc une question régionale, qui ne pourra être résolue que par des accords régionaux.

Cette menace à peine éteinte, Donald Trump allumait un véritable incendie en annonçant, contre toutes les décisions de droit international, sa reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale d’Israël, et sa décision d’y déménager l’ambassade américaine.

Cette reconnaissance étant considérée comme la ligne rouge à ne pas franchir par la quasi-totalité des Arabes et des Musulmans, la réaction n’a pas tardé : le Hamas a déclaré la troisième intifada ; le Hezbollah a montré toute sa force dans une manifestation monstre à Beyrouth, et à Istanbul, le 13 décembre, les chefs de la quasi-totalité des pays arabo-musulmans, à l’exception de l’Arabie saoudite et des émirats, assemblés pour organiser la riposte, ont reconnu Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine. Donald Trump aura donc réussi à consolider contre lui, la quasi totalité des pays arabo-musulmans, plus l’Iran et le Liban, et dans ce dernier pays, à renforcer l’unité entre le CPL du Général Aoun, le Hezbollah et le Courant du futur de Saad Hariri !

Autour de la Chine et des BRICS, la possibilité d’une nouvelle humanité commence à poindre. A nous de nous mobiliser pour mettre fin au parti de la guerre en Occident.