La démission du n°2 du FBI met les « presstituées » dans l’embarras

mercredi 31 janvier 2018

Deux développements décisifs ont eu lieu lundi aux États-Unis : le sous-directeur du FBI, Andrew McCabe a été forcé de démissionner, et la Commission du Renseignement de la Chambre, sous la présidence de David Nunes, a voté la déclassification du mémo de quatre pages sur les manipulations de certaines branches du Département de la Justice et du FBI dans l’affaire de l’ « enquête russe » contre Trump. Il est clair que la coïncidence de ces deux développements n’est pas due au hasard. Il s’agit bien, comme nous l’avons rapporté lundi, de l’effondrement du Russiagate, laissant place à un FBI-gate, avec bien entendu des implications dépassant largement le FBI.

Le premier de ces développements a bien été rapporté dans les médias, qui l’ont réduit cependant à une énième affaire d’égo d’un Donald Trump en guerre contre tout ceux qui ne l’aiment pas. Le second a tout simplement été maintenu sous silence (en tous cas, de notre côté de l’Atlantique).

McCabe avait été le bras droit de James Comey, directeur du FBI avant que Trump ne le limoge en mai 2017. Il était ces dernières semaines accusé par de nombreux responsables républicains d’être de mèche avec les Démocrates. En effet, sa femme avait reçu en 2015 des contributions financières massives, pour sa campagne électorale, venant de Terence McAuliffe, un proche du clan Clinton. Malgré cela, McCabe a été maintenu à la tête de l’enquête judiciaire sur Hillary Clinton, jusqu’à ce qu’elle soit blanchie par Comey à quelques jours de l’élection présidentielle de novembre 2016. Vous avez dit conflit d’intérêts ?

Concernant le mémo de quatre pages de la Commission du Renseignement, la prochaine étape est désormais la validation de sa publication par la branche exécutive, qui doit survenir dans les prochains jours. L’ancien sénateur de l’Alaska Mike Gravel, connu pour avoir rendu publics les « Pentagone papers » sur la guerre au Vietnam en 1971, dans un entretien avec The Washington Examiner, a sommé les élus du Congrès de se battre pour empêcher que la publication du mémo soit bloquée par l’exécutif. « Le critère devrait être le suivant : s’agit-il de quelque chose que les gens devraient savoir ? Si les Républicains estiment que cela devrait être rendu public pour le bénéfice de leurs électeurs, alors qu’ils le rendent public. Les démocrates devraient faire de même », a-t-il affirmé, ajoutant : « L’idée que le Congrès s’en remette lâchement à l’exécutif parce qu’il ne veut pas prendre ses responsabilités, serait le comble de la lâcheté ».

Bientôt la chute du procureur spécial Robert Mueller ?

Dans ce contexte, Kenneth Starr, l’ancien procureur qui avait poursuivi le président Clinton dans l’affaire Monica Lewinsky, a souligné sur Fox News le fait que le président Trump avait l’autorité constitutionnelle pour virer le procureur spécial Mueller. Compte tenu des récentes révélations autour d’Andrew McCabe et de son second Peter Strzok (voir Le Monde en devenir de lundi), et du fait que Mueller est proche de James Comey, sa position n’est plus tenable, d’autant plus que malgré les agitations médiatiques consacrées à son enquête, il a été incapable de fournir le moindre élément prouvant que Donald Trump a bien été mis au pouvoir par Vladimir Poutine.

De plus, l’affaire de l’obstruction faite par Robert Mueller, qui était alors directeur du FBI, à l’enquête menée par le Congrès sur les attentats du 11 septembre 2001, revient sur le devant de la scène, de nouveaux éléments d’enquête ayant été rendus publics. L’ONG Judicial Watch a publié le 23 janvier une déclaration à ce sujet : « Les documents de la Cour récemment rendus accessibles par le gouvernement ont porté un coup supplémentaire à la crédibilité du procureur spécial Robert Mueller ; ils montrent en effet que, en tant que directeur du FBI, Mueller a œuvré dans le but de dissimuler les liens entre une famille saoudienne de la Floride et les attentats terroristes du 11 septembre. Les documents révèlent que Mueller a sans doute participé à la publication de déclarations officielles mensongères de l’agence concernant une enquête secrète sur ces Saoudiens, qui vivaient à Sarasota et entretenaient des liens avec les pirates de l’air. Un journaliste indépendant de Floride a découvert l’existence d’une enquête secrète du FBI dont les membres du Congrès n’ont pas été informés. Sous la direction de M. Mueller, le FBI a tenté de discréditer l’histoire, réfutant publiquement le fait que les agents n’ont trouvé aucun lien entre la famille saoudienne de Sarasota et le complot terroriste de 2001 ». (Lire à ce sujet notre chronique du 29 septembre Les Trois crimes de Robert Mueller).

Paul Craig Roberts : « Il faut stopper ce coup d’état ! »

Paul Craig Roberts, ancien secrétaire au Trésor adjoint du président Reagan, a lancé dans sa chronique du 26 janvier un appel au sursaut des Américains, face aux « enjeux extrêmes » du Russiagate : « La plupart des Américains ne semblent pas conscients de ce qui est en jeu. L’Amérique est confrontée à une tentative de coup d’État organisée par des hauts responsables du Département de la Justice de l’administration Obama, du FBI, de la CIA, du Parti démocrate contrôlé par Hillary [Clinton] et des presstituées, dans l’objectif d’inverser le résultat d’une élection démocratique et de démettre le président de ses fonctions ».

Inquiet du fait que les Républicains restent globalement sous l’influence des milieux néo-conservateurs, et sont enclins par conséquent à capituler sous la pression de ce coup d’État, Roberts écrit : « Si les plus hautes sphères des services de police parviennent à leurs fins, cela signifiera la fin de la démocratie », c’est-à-dire la fin d’un système où tout gouvernement doit rendre des comptes auprès de la population. « La Chambre, le Sénat et la branche judiciaire deviendront aussi impuissants que l’était le Sénat romain sous les Césars. Nous vivrons sous une dictature dirigée par les agences de police de l’État ».

« Certains pourraient être tentés de considérer comme positive la réussite de ce coup d’État, puisqu’il mettrait fin à l’hypocrisie faisant de Washington le garant de la démocratie et de la liberté dans le monde », conclut Paul Craig Roberts. « Mais la plupart des autres gouvernements, et certainement les gouvernements russe et chinois, y verraient plutôt la transition finale des États-Unis vers un État policier et cesseraient de s’accrocher à l’espoir de renouer des liens avec Washington ».