Face à la guerre qui gronde, Jean-Pierre Raffarin lance une ONG pour la paix

dimanche 13 mai 2018, par Christine Bierre

Le 3 mai 2018, Jean-Pierre Raffarin, ancien Sénateur et ancien Premier ministre de Jacques Chirac (2002-2005) a lancé une ONG, « Leaders pour la Paix ».

Avec la menace d’une nouvelle guerre Iran-Israël, le moment ne pouvait pas être mieux choisi. Dans un texte poignant, M. Raffarin explique les raisons et les objectifs de son ONG : « La guerre gronde. Les menaces foisonnent, les tensions s’étendent, les conflits se multiplient » et bien que certains éléments changent :

Une constance s’enracine : les risques s’aggravent. (…) Les grandes puissances sont en guerre, souvent en pays tiers, mais vivent en paix. (…) Aux multiples crises nous opposons farouchement notre émotion, mais nous mobilisons peu notre raison. Ainsi il nous est apparu que la source de tout sursaut était la prise de conscience par les opinions publiques de la gravité de l’état du monde.

Pour M. Raffarin, nous devons promouvoir « l’esprit de paix », par tous les moyens. « Une intervention militaire ne crée pas, en soi, les conditions de la paix » a-t-il martelé dans sa conférence de presse.

L’utilisation de la force, est parfois nécessaire, mais s’il n’y a pas de projet politique, elle nous conduira nulle part. Nous devons bâtir des perspectives politiques.

L’objectif principal de son ONG qui, pour l’instant, rassemble 25 personnalités internationales venant de tous horizons et ayant une expérience dans les relations internationales, est triple :

  1. promouvoir la conscience de la gravité de la situation actuelle du monde par une pédagogie publique des crises ;
  2. promouvoir des approches innovantes pour renouveler la pensée et les méthodes de la Paix, et
  3. choisir une stratégie d’influence auprès des acteurs internationaux.

Pour autant, Leaders for Peace n’a pas pour vocation, dit-il, de s’engager dans les crises internationales de très grande ampleur, celles sur lesquelles les acteurs étatiques mobilisent déjà tous leurs efforts – Syrie, Corée du Nord, Israël-Iran, etc..

L’ONG compte s’intéresser de près à des crises « émergentes » dont tous les dangers ne sont pas encore compris par les gouvernements tels que celles qui existent aux frontières, entre la Tunisie et la Libye, et entre les Etats-Unis et le Mexique.

Cela n’a pas empêché Jean Pierre Raffarin de s’exprimer, lors de sa conférence de presse, sur telle ou telle crise de premier plan, notamment le danger d’une guerre Israël-Iran. Ce qu’il faut bannir, a-t-il souligné, est l’idée d’exclure tel ou tel pays de la communauté internationale, car « l’exclusion conduit toujours à la radicalisation et c’est le contraire de ce que nous voulons faire ».

Il faut, au contraire, « toujours faire appel au dialogue », que ce soit dans les cas de l’Iran, comme de la Russie ou de la Hongrie. « Il serait regrettable que l’Iran puisse être remis au ban de la communauté internationale alors qu’elle vient tout juste d’être intégrée », a-t-il déclaré. Face aux questions, parfois polémiques, M. Raffarin a défendu fortement la nécessité de parler avec la Russie et la Chine.

Dans ce climat international terriblement tendu que nous connaissons, l’initiative de Jean-Pierre Raffarin est tout à fait la bienvenue. Ces dernières, années, l’ancien ministre s’est fait le porte-parole d’un dialogue avec la Chine et la Russie. Il a été, depuis des années, particulièrement actif dans la promotion d’un dialogue franco-chinois de haut niveau ainsi qu’une d’une coopération européenne étroite avec la Nouvelle Route de la soie lancée par le président Xi Jinping en 2013. Par ailleurs, il a rencontré Vladimir Poutine en différentes occasions pour faire prévaloir le dialogue. Lors de sa conférence de presse, Raffarin a rappelé avec fierté qu’il était Premier ministre pendant la présidence de Jacques Chirac qui a condamné la guerre contre l’Irak.

Dans une situation qui se dégrade très rapidement, nous voulons surtout l’encourager à ne pas limiter les interventions de la nouvelle ONG, aux conflits secondaires, ou à la production de rapports annuels. D’autant que l’organisation disposera d’un secrétariat permanent, lui permettant de suivre les crises en temps réel.

Surtout, Jean Pierre Raffarin doit garder à l’esprit que bon nombre de conflits sont d’ordre économique et sa bonne entente avec la Chine et avec ses Nouvelles Routes de la soie, lui permettront de mener la seule diplomatie adéquate dans bien des cas : la paix par le développement mutuel.