Enjeu des « Midterms » aux États-Unis : la guerre ou la paix

lundi 5 novembre 2018

L’élection de mi-mandat qui a lieu ce 6 novembre est certainement l’une des plus importantes de l’histoire des États-Unis. Et, comme nous l’avons écrit auparavant sur ce site, l’enjeu dépasse largement les questions locales ou nationales américaines : c’est celui de la guerre ou de la paix.

Si la majorité à la Chambre des représentants passe du côté des Démocrates, le parti de la guerre en sortira renforcé, et il ne restera alors presque plus de garde-fous contre une escalade entre les États-Unis et la Russie et la Chine. Si au contraire la « vague bleue » n’a pas lieu et que les Républicains gardent la majorité dans les deux Chambres, alors un changement de cap deviendra possible. Libérée de l’épée de Damoclès de la destitution, et sans doute du « Russiagate » (l’enquête largement discréditée sur la prétendue interférence russe dans les élections de 2016), la présidence Trump pourra alors – si elle n’écoute plus les sirènes belliqueuses au sein de sa propre administration – reprendre ses efforts pour normaliser ses relations avec la Russie, et même la Chine.

Suite à l’annonce par Donald Trump de l’intention des États-Unis de se retirer du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaires (INF en anglais), signé en 1987 par Gorbatchev et Reagan, les Russes ont fait savoir qu’ils se préparaient à l’éventualité d’une guerre. Le 26 octobre, devant les Nations unies, le haut responsable russe de la maîtrise des armements, Andrey Belousov, l’a confirmé : « La Russie se prépare pour la guerre, et les États-Unis préparent une guerre. Sinon, pourquoi sortiraient-ils du traité, renforceraient-ils leur arsenal nucléaire et adopteraient-ils une nouvelle doctrine nucléaire ? »

Dans un contexte de propagande permanente contre la Chine et la Russie dans les médias occidentaux, les déclarations provocatrices se multiplient, y compris de la part des membres de l’administration Trump comme John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale, et Mike Pompeo, le secrétaire d’État. Les tensions sont d’autant plus fortes que l’OTAN mène en ce moment-même ces exercices militaires « Trident Juncture », les plus importantes manœuvres depuis la fin de la guerre froide, et consistant à simuler une attaque russe.

Rencontres des 11 et 30 novembre

Cependant, les préparations vont bon train pour les rencontres entre le président américain et ses homologues russes et chinois, qui doivent avoir lieu en marge des commémorations pour le centenaire de la Première guerre mondiale, le 11 novembre à Paris, et du sommet du G20, à Buenos Aires le 30 novembre. L’assistant de la présidence russe, Yuri Ushakov, a fait savoir vendredi dernier que Trump et Poutine auront un entretien « long et dense » à Buenos Aires, en plus de celui de Paris, qui devrait être plus bref.

S’appuyant sur des sources « au cœur des négociations », le South China Morning Post (SCMP) rapporte dans son édition du 2 novembre que Trump aurait l’intention de prolonger d’une journée son séjour à Buenos Aires, afin de pouvoir organiser une rencontre complète, y compris un dîner, avec le président chinois Xi Jinping. Bien que ni la Maison-Blanche ni la présidence chinoise n’aient confirmé ou nié cette affirmation du SCMP, Donald Trump a rapporté avoir eu « une bonne discussion » avec Xi Jinping, au cours d’un appel téléphonique qui aurait été réalisé à la demande du président américain. Xi a déclaré de son côté que l’échange a permis d’aborder en profondeur les questions concernant les relations entre les deux pays. « La coopération économique et commerciale entre la Chine et les États-Unis présente des avantages mutuels et un principe gagnant-gagnant, et les équipes économiques des deux pays devraient renforcer leurs contacts et engager un dialogue autour des questions d’intérêt mutuel, afin d’élaborer des solutions mutuellement acceptables pour les deux pays », a-t-il affirmé.

Une délégation de sept parlementaires américains se trouve actuellement à Beijing. Lors de leur entrevue avec le Premier ministre chinois Li Keqiang, le sénateur républicain Lamar Alexander a déclaré que les États-Unis et la Chine sont « des compétiteurs et pas des adversaires ». Li a rappelé qu’en dépit des hauts et des bas, les deux pays sont parvenus à développer leurs relations depuis 40 ans. « Une relation saine et stable est conforme aux intérêts des deux pays (…). J’espère que vous autres membres du Congrès pourrez jouer un rôle positif », a-t-il déclaré.

La visite de cette délégation américaine en Chine est implicitement liée au sommet entre Trump et Xi à Buenos Aires. Elle fait écho à la visite en juillet dernier à Moscou du groupe de parlementaires républicains en juillet, deux semaines avant la réunion d’Helsinki entre Trump et Poutine.

Sortir la présidence Trump de la tentative de putsch britannique

Le bon déroulement des rencontres entre Trump, Poutine et Xi, et les conséquences positives qui en découleront, seront bien entendu déterminées par le résultat des élections américaines. Comme l’a expliqué à Moscou la présidente internationale de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche, qui intervenait le 24 novembre devant la chambre publique de la fédération de Russie, la « bataille monumentale » qui se joue actuellement aux États-Unis va déterminer si la tentative de putsch contre le président Trump réussira et s’il sera évincé du pouvoir, ou si leurs auteurs, qui veulent à tout prix empêcher de bonnes relations entre les États-Unis, la Russie et la Chine, se retrouveront eux-mêmes sur le banc des accusés. « Si Trump parvient à consolider sa position, il existe une réelle possibilité qu’en dépit du discours souvent belliqueux entendu à Washington, il réussisse, dans la seconde moitié de son mandat, à améliorer ses relations avec Moscou et à retrouver son approche initialement positive envers Beijing », a-t-elle déclaré.

L’intervention de Mme Zepp-LaRouche a suscité beaucoup d’intérêt en Russie. Les médias russes ont en particulier noté sa référence au rôle des services britanniques dans cette tentative de putsch contre Trump. « La vérité sort à la lumière : l’intervention de Londres dans les élections américaines est confirmée, écrit le site nation-news.ru. Un grand scandale est sur le point d’éclater aux États-Unis. Des journalistes ont montré que l’ancien chef d’État américain Barack Obama et le MI6 britannique – et pas la Russie – se sont ingérés dans les élections. Cette affirmation sensationnelle a été faite par la fondatrice de l’Institut Schiller et du Mouvement des Droits civiques-Solidarité allemand, et également épouse de l’ancien candidat aux élections présidentielles américaines, Lyndon LaRouche ».

La principale agence de presse russe Ria Novosti souligne de son côté que la Grande-Bretagne veut à tout prix, selon Helga Zepp-LaRouche, préserver un ordre unipolaire. « La conspiration impliquant Hillary Clinton et la Grande-Bretagne vise à empêcher toute coopération avec la Russie, pour laquelle Trump s’est dit favorable pendant sa campagne électorale », écrit Ria Novosti. Et de citer la dirigeante de l’Institut Schiller : « Les présidents Trump et Poutine ont tous deux décrit le sommet d’Helsinki comme une réussite historique. Mais à son retour aux États-Unis, Trump a dû faire face aux néolibéraux démocrates et à l’aile conservatrice du parti Républicain, qui ont saboté les progrès qui avaient été réalisés. Je pense que la nouvelle rencontre entre les deux présidents peut donner d’extraordinaires résultats, et permettre de résoudre la crise systémique actuelle ».

Cela impliquerait que les dirigeants des quatre principales puissances du monde – la Russie, la Chine, l’Inde et les États-Unis – se rencontrent pour faire face ensemble aux problèmes de notre époque. « Grâce à une telle interaction, il sera alors possible de se concentrer sur le développement des technologies spatiales, sur les progrès dans l’étude des terres agricoles, et ainsi de résorber le fossé qui sépare les riches des pauvres », a déclaré Mme Zepp-LaRouche.