Cette Amérique qui veut savoir qui a tué ses présidents

mercredi 23 janvier 2019

Lundi 21 janvier, à l’occasion du « Martin Luther King Day », une soixantaine d’Américains, universitaires, avocats, intellectuels et chercheurs, ont lancé un appel adressé au Congrès demandant l’ouverture de nouvelles enquêtes sur les quatre assassinats des années 1960 – John F. Kennedy, en novembre 1963, Malcolm X en février 1965, Martin Luther King en avril 1968 et Robert F. Kennedy en juin 1968.

Le fait que les auteurs et les commanditaires de ces assassinats ne furent jamais identifiés ou jugés a conforté jusqu’à ce jour de nombreux Américains dans l’idée que leur pays est aux mains d’un « gouvernement parallèle » d’intérêts agissant « au-dessus de la loi ». Ce qui fait qu’aux États-Unis, supposément la plus grande démocratie du monde, le taux moyen de participation aux élections présidentielles dépasse rarement les 50 %.

Les signataires incluent Isaac Newton Farris, Jr., le neveu de Martin Luther King, James M. Lawson, Jr., un ancien proche du Dr King, ou encore des descendants d’un des présidents assassinés, Robert F. Kennedy, Jr. et Kathleen Kennedy Townsend. L’on trouve également G. Robert Blakey, l’ancien conseiller en chef du House Select Committee on Assassinations créé en 1976 par la Chambre, qui affirmait que JFK avait probablement été victime d’une conspiration ; le Dr Robert McClelland, l’un des chirurgiens du Parkland Memorial Hospital de Dallas qui tenta de sauver Kennedy, et pu constater qu’il avait été touché par plusieurs balles provenant aussi bien de devant que de derrière ; le journaliste Daniel Ellsberg, le lanceur d’alerte des Pentagone Papers ; et enfin plusieurs personnalités d’Hollywood, dont le cinéaste Oliver Stone, auteur du film sur JFK, et les acteurs Alec Baldwin et Martin Sheen.

La déclaration commune appelle le Congrès à déclassifier l’ensemble des documents du gouvernement relatifs à la présidence Kennedy et à l’assassinat, comme le prévoit le JFK Records Collection Act de 1992 – loi sur la transparence publique que la CIA et d’autres organismes fédéraux ont systématiquement bafouée.

Elle demande également l’ouverture d’une enquête publique sur « les quatre principaux assassinats des années 1960 qui, ensemble, ont eu un impact désastreux sur le cours de l’histoire américaine ». Cette commission – qui recueillerait les témoignages de témoins vivants, d’experts juridiques, de journalistes d’investigation, d’historiens et de membres des familles des victimes – devrait selon les signataires s’inspirer de la « Commission de la vérité et de la réconciliation » qui fut établie en Afrique du Sud après la chute de l’apartheid.

Le cas Lyndon LaRouche

L’arrestation de LaRouche en 1988 précédant un procès monté de toute pièce.

Il y a exactement trente ans, un cinquième assassinat – politique celui-ci – frappa les États-Unis d’Amérique. Le 27 janvier 1989, l’économiste et dirigeant politique Lyndon H. LaRouche, ainsi que plusieurs de ses associés, étaient conduits en prison, condamnés à des peines de 5 à 77 ans de prison pour des crimes qu’ils n’avaient pas commis. La parodie de procès et l’emprisonnement de LaRouche, facilités par des années de calomnies à son égard dans les médias, ont été orchestrés par les mêmes réseaux anglo-américains actifs aujourd’hui contre la présidence Trump – et dans ce cas, les mêmes personnes, notamment Robert Mueller le procureur spécial en charge du Russiagate. Si l’homme est présenté en France comme un « moine soldat », il s’agit en réalité d’un nouveau Torquemada (lire à ce sujet Les trois crimes du procureur très spécial Robert Mueller).

Et bien que l’appel évoqué ci-dessus ne le mentionne pas, il n’est pas exagéré de dire que l’emprisonnement de LaRouche, qui survint en 1989, c’est-à-dire quelques mois avant l’un des plus grands bouleversements de l’histoire contemporaine – la chute du système soviétique –, fut aussi déterminant pour le cours de l’histoire américaine et mondiale que ne le fut l’assassinat de JFK en 1963.

Dans sa lettre du 26 avril 1995 adressée au procureur général Janet Reno, l’ancien ministre de la Justice de la présidence Lyndon Johnson, Ramsey Clark, écrivait :

L’affaire LaRouche représente le cas le plus patent de subterfuge conscient et d’abus de pouvoir systématique, se déroulant sur une longue période et s’appuyant sur des prérogatives du gouvernement fédéral, survenu dans l’exercice de mes responsabilités ou dont j’aie pu avoir connaissance. (…) De part l’ampleur de l’acharnement contre cet homme et son mouvement, impliquant des forces de l’ordre, des médias et des organisations non gouvernementales déterminés à détruire ce qu’ils considéraient comme un ennemi, cette affaire est sans précédent.

Ironie cruelle, alors que le monde et l’Amérique entrait dans la première phase d’une crise financière existentielle, Lyndon LaRouche, peut-être le seul économiste capable de les tirer de là, croupissait en prison !

La politique qu’il préconisait, visant à substituer au système de pillage de Wall Street et de la City de Londres un nouvel ordre économique juste basé sur le développement mutuel et le progrès technologique et scientifique universel, fut écartée. De même, l’Initiative de défense stratégique (IDS), proposée par LaRouche pour mettre fin à la doctrine MAD (Mutual Assured Destruction) de la Guerre froide, et adoptée en 1983 par le président Reagan, fut sabotée par les va-t-en-guerre anglo-américains. Et, au lieu d’une coopération est-ouest, comme le défendait LaRouche, un pillage brutal de la Russie fut lancé, avec le consentement tacite de Thatcher, Bush père et Mitterrand.

En mars 1984, dans un mémorandum appelant à un accord entre les États-Unis et l’URSS, LaRouche, reprenant le cœur de la charte de l’Atlantique imposé par Franklin Delano Roosevelt à Churchill, écrivait :

Les bases politiques d’une paix durable doivent être : a) la pleine souveraineté de tous les États-nations, et b) la coopération entre États-nations souverains en vue d’un partage illimité des bienfaits du progrès technologique, dans l’intérêt mutuel de tous et de chacun. La condition préalable à la mise en œuvre d’une telle politique de paix durable est un changement radical des relations monétaires, économiques et politiques régissant les rapports entre les grandes puissances et les pays que l’on qualifie de ‘pays en voie de développement’. Sans un arrêt des iniquités qui perdurent dans le colonialisme moderne, il ne pourra y avoir de paix durable sur cette planète.

La bonne nouvelle est que cette Amérique est toujours vivante ! La vague d’assassinats, de crimes et de mensonges, qui a déferlé sur les États-Unis et sur le monde dans la période allant de la mort de JFK jusqu’à l’emprisonnement de LaRouche, avait répandu dans la population l’idée qu’il fallait faire profil bas, se contenter de ce qu’on a, et que de toute façon « on n’y peut rien ». Aujourd’hui, ce processus s’inverse. Avec une administration Trump cherchant tant bien que mal à normaliser les relations entre les États-Unis, la Russie et la Chine, les masques tombent, et les milieux impérialistes de Londres et de la côte est américaine apparaissent progressivement désormais pour ce qu’ils sont : une entreprise de subversion et de destruction des États-Unis.

Ainsi, le pessimisme se dissipe peu à peu et, comme le dit la femme de LaRouche, Helga, présidente internationale de l’Institut Schiller, « le temps du silence est révolu, les gens ont le droit de savoir ».


A voir : L’occasion manquée de 1989, le documentaire produit par le Comité d’action politique de LaRouche en août 2008 :