Le Russiagate aux orties, Trump va-t-il saisir la perche ?

vendredi 29 mars 2019

Deux tremblements de terre viennent de secouer simultanément le monde des deux côtés de l’Atlantique : l’adhésion de l’Italie à la Nouvelle Route de la soie, qui enfonce une porte dans la forteresse de l’UE, et la disculpation de Donald Trump dans l’ensemble de l’accusation qui pesait sur lui depuis son élection en 2017 avec l’affaire dite du « Russiagate ».

Un proverbe chinois dit qu’il est difficile de trouver un chat noir dans une pièce sombre, surtout s’il n’y a pas de chat. Après deux ans d’enquête, relayée frénétiquement par la quasi-totalité des grands médias, le procureur spécial Robert Mueller a rendu son rapport, obligé d’admettre qu’il n’avait rien. C’est un « nothingburger », comme on dit aux États-Unis. Aucun commencement de preuve ne permet de dire qu’il y a eu « collusion » entre l’équipe de campagne de Trump et la Russie de Poutine en 2016. Le ministre de la Justice, William Barr, a même définitivement écarté le soupçon d’obstruction à la Justice par Trump, laissé en suspens par Mueller.

Le « mensonge de destruction massive », comme l’a qualifié le journaliste d’investigation Seymour Hersh, s’est subitement évaporé. Le discrédit des Démocrates et des médias, y compris français, pris en plein délire conspirationniste, est total. « La majorité de la presse française le condamnait à l’avance, tuyautée par des sources de l’oligarchie anglo-américaine, écrit Jacques Cheminade sur son compte Twitter. Ses ennemis va-t-en-guerre et le FBI voulaient écarter un obstacle à leurs menées. Ils ont échoué. Tant mieux pour la paix ».

Cette chasse aux sorcières, lancée contre un président en exercice, constitue sans doute le plus grand scandale de l’histoire américaine. Et, quoi que l’on puisse penser de Trump, il faut admettre qu’il a eu le cran et le mérite d’avoir résisté pendant deux ans.

Débusquer la bête

Avec l’effondrement du Russiagate, la question des responsables devient désormais brûlante : « Qui a orchestré cela ? Qui a payé ? Qui l’a alimenté ? demande Rudy Giuliani, ancien maire de New-York et avocat de Donald Trump, sur Fox-TV. Il va falloir une enquête pleine et entière, avec au moins autant d’enthousiasme que celle-ci, afin d’établir d’où cette attaque est venue, qui l’a lancée et qui l’a financé ».

Au Congrès américain, de nombreux élus demandent un « day of reckoning », un jour où les responsables soient obligés de rendre des comptes. Lyndsey Graham, qui dirige le Comité judiciaire du Sénat, a appelé à la nomination d’un procureur spécial pour enquêter sur l’illégalité des mandats d’écoute délivrés par la Cour FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act) contre les membres de l’équipe de Trump, dont George Papadopoulos et Carter Page. Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnel, a apporté son soutien à Graham.

De son côté, le député Devin Nunes, qui occupe un poste important au sein du Comité du Renseignement de la Chambre, a annoncé qu’il allait saisir la justice afin que des poursuites pénales soient engagées contre la corruption politique qui entoure l’ensemble de l’équipe d’enquête de Robert Mueller, ainsi que les anciens responsables du FBI et du Département de la Justice.

L’ancien président Obama est également pointé du doigt. Le journaliste James Freeman écrit dans le Wall Street Journal : « Le rapport Mueller confirme que l’administration Obama, sans preuves, a utilisé les pouvoirs de surveillance du gouvernement fédéral contre la campagne électorale du parti de l’opposition. Soit cet abus historique de l’autorité exécutive a été approuvé par le président Barack Obama, soit il ne l’a pas été. Il est temps que M. Obama dise ce qu’il savait et ne savait pas ».

Toutefois, c’est surtout vers la Grande-Bretagne que les regards vont désormais se tourner, compte tenu du faisceau d’indices et de témoignages accumulés ces derniers mois sur l’implication des services secrets britanniques dans la fabrication du Russiagate contre Trump depuis au moins fin 2015. Nous-mêmes, à Solidarité & progrès, avec nos amis américains du Comité d’action politique de Lyndon LaRouche (LPAC), avons dénoncé dès le départ cette ingérence britannique dans la politique américaine (lire notre article du 15 août 2017 intitulé « Derrière le ‘Deep State’, c’est Londres qui veut destituer Donald Trump »).

George Papadopoulos publie justement un livre dans lequel il explique entre autres comment il avait été approché, lors de ses voyages à Londres en tant que représentant de la campagne de Trump, par toute une série de responsables des milieux diplomatiques et du renseignement britannique. « Le Royaume-Uni est l’épicentre de la tentative de coup d’État des deux dernières années », a-t-il tweeté dimanche dernier.

Réhabiliter LaRouche et libérer les États-Unis

« Ce n’est pas seulement le président, c’est nous tous qui sommes exonérés, souligne Daniel McAdams, le directeur exécutif du Ron Paul Institute, sur RT. [Trump] savait qu’il s’agissait d’une chasse aux sorcières (…). Nous avons été diabolisés, vilipendés et traités de tous les noms pendant deux ans. Et alors que ces gens ont poussé ce mensonge, détruit des carrières et des vies entières, est-ce que cela va s’arrêter là ? Vont-ils payer pour leurs crimes ? »

À travers Trump, ce sont bien les États-Unis qui ont été visés, et surtout le rôle qu’ils pourraient jouer dans le monde s’ils renouaient avec une politique de détente, d’entente et de coopération internationale, prônée jadis par Franklin Roosevelt, John F. Kennedy, et enfin Lyndon LaRouche.

Rappelons que la cabale se trouvant derrière le Russiagate est la même que celle qui s’en était prise à LaRouche dans les années 1980. En effet, c’est Robert Mueller, qui travaillait à l’époque auprès du procureur de Boston William Weld, qui a mené en 1984 des poursuites pénales contre LaRouche, aboutissant en janvier 1989 à son incarcération (lire notre chronique du 29 septembre 2017 :« Les trois crimes du procureur très spécial Robert Mueller »)

Cet appareil, qui s’est enkysté dans les lieux de pouvoir de la République américaine depuis plusieurs décennies, a tenté de détruire dans l’œuf l’influence politique grandissante de LaRouche et de son organisation, en tentant de rendre les gens aveugles au type de solution que ses idées représentaient pour le monde et pour le futur de l’humanité. C’est la raison pour laquelle notre campagne pour réhabiliter LaRouche est tellement cruciale, si l’on veut enfin libérer les États-Unis de l’emprise des forces impérialistes anglo-américaines, et ouvrir la voie au nouveau paradigme de coopération internationale tracée par l’économiste américain.

Reste à savoir si le président Trump aura le cran d’utiliser la relative liberté que lui offre l’effondrement du Russiagate vis-à-vis des milieux néoconservateurs anti-chinois et anti-russes.

Il est à noter qu’au moment de la sortie du rapport Mueller, il a annulé les sanctions supplémentaires à l’égard de la Corée du Nord, annoncées quelques heures plus tôt par le Département du Trésor ; et qu’il a décidé d’envoyer une délégation importante à Beijing, en affichant sa volonté de faire aboutir les négociations commerciales avec la Chine.

Cependant, Trump, agissant en dehors de ses prérogatives constitutionnelles, vient d’accorder à Israël la souveraineté territoriale sur une partie de la Syrie riche en eau et en pétrole, le plateau du Golan, ainsi que la légitimité de Juan Guaïdo en tant que président par intérim du Venezuela, deux cas patents de violation de la Charte des Nations unies. Trump osera-t-il nettoyer sa propre administration de l’influence des néocons, comme John Bolton et Mike Pompeo, et autres « fous de Dieu » comme le vice-président Mike Pence ?