Alstom et la loi du plus faible

mercredi 29 mai 2019, par Karel Vereycken

Scandale, trahison ! General Electrics, loin de créer les 1000 emplois promis, va au contraire licencier plus de 1000 personnes ! Les citoyens auraient sans doute préféré le savoir avant les élections européennes... Voici un résumé du témoignage de Frédéric Pierucci sur l’affaire Alstom, qui révèle la lâcheté criminelle de nos dirigeants.

Revue de presse

Le piège américain, Frédéric Pierucci et Matthieu Aron,
480 pages, janvier 2019, Editions Jean-Claude Lattès, Paris.

Après 24 heures de voyage depuis l’Asie, Frédéric Pierucci, ancien directeur monde de la division chaudière d’Alstom, est arrêté à sa descente d’avion à l’aéroport de New York, accusé d’avoir versé des pots-de-vin pour l’obtention d’un contrat en Indonésie.

Son premier interlocuteur est le procureur fédéral du Connecticut, qui lui propose de se retourner contre l’entreprise : « Ce que nous voulons, c’est poursuivre la direction générale d’Alstom et notamment son PDG, M. Patrick Kron. » Pierucci refuse, suivant les consignes de sa hiérarchie, persuadé que sa direction va le tirer de ce mauvais pas. Ce ne sera pas le cas. En fait, il y a deux affaires : la guerre économique américaine sans scrupules et la lâcheté des responsables français.

Rapidement, l’homme découvre que s’il plaide non coupable, il risque 125 ans de prison, mais que s’il plaide coupable, il peut voir sa peine réduite. Alstom finira par accepter cette dernière option en 2014.

En réalité, un horrible chantage est en train de se jouer : soit Alstom accepte de vendre ses activités énergie à General Electric, soit son patron finira derrière les barreaux. Tragique ironie de l’histoire : c’est en prison que Frédéric Pierucci apprend qu’Alstom est prêt à céder 70 % de ses activités énergie à General Electric…

Pour les auteurs, la vente d’Alstom à GE, qui, comme toutes les entreprises américaines, entretient des liens avec le département de la Justice des Etats-Unis, n’était qu’un moyen d’éviter la prison à son PDG Patrick Kron et de réduire l’amende.

Elle sera de plus de 700 millions de dollars, mais le chiffre de 1,5 milliard circulait à l’époque. Le livre revient longuement sur les batailles entre Arnaud Montebourg, Bercy et l’Elysée, et sur la lâcheté d’Emmanuel Macron, entre autres.