Nos propositions

Urgences : stop à l’hémorragie !

mercredi 5 juin 2019

La grève inédite qui a gagné les services d’urgences témoigne d’un véritable saccage de l’hôpital public. Un saccage inacceptable tant pour le personnel médical que pour chacun d’entre nous, en tant que potentiels patients. Les solutions existent, dès lors que l’on refuse l’occupation financière de notre pays !

C’est avec notre tract « Urgences : stop à l’hémorragie ! » (à télécharger ici), que des militants SetP sont intervenus le jeudi 6 juin à la journée de manifestation nationale du personnel des services des urgences. Interviewée en direct depuis la manifestation, Agnès Farkas, militante et responsable Santé de SetP, nous livre ses remarques sur les solutions et la réorganisation du système des urgences (la vidéo facebook est publiée à la fin de l’article).

Urgences : stop à l’hémorragie !
Tract de soutien aux urgentistes en grève. 5 juin 2019. Urgences : stop à l’hémorragie !
S&P

Face à la détresse des équipes médicales, Agnès Buzyn prétend qu’elle n’a pas de « solution miracle ». Dans un gouvernement qui s’est soumis au libéralisme financier, c’est vrai : elle n’a que de la com’ et des mesurettes à proposer...

C’est en sortant du moule que les solutions apparaissent. Si les technocrates dont les programmes sont dictés par les thinks-tanks de la finance ne veulent pas les voir, ceux qui se dévouent au quotidien pour leurs patients les connaissent.

L’urgence : écouter et soutenir les équipes

Un gouvernement digne de ce nom doit non-seulement se mettre réellement à l’écoute des représentants du personnel médical, mais aussi déployer immédiatement des équipes aux quatre coins du pays pour évaluer rapidement les besoins sur le terrain, au cas par cas.

Avec une vision territoriale de la situation, il doit dégager les moyens financiers pour tout de suite :

  • stopper net la politique de privatisation de la santé qui désorganise les hôpitaux publics,
  • stopper la fermeture des services d’urgences et des lits en aval. Chaque hôpital devrait pouvoir maintenir un taux d’environ 15 % de lits inoccupés pour faire face à l’inattendu,
  • embaucher et assurer une formation accélérée du personnel médical et paramédical.
  • Là où les agressions ont été particulièrement nombreuses, mettre à disposition des urgences des agents de sécurité publics ayant une formation d’éducateurs.
  • Accepter la demande de prime des urgentistes, dont le montant devrait être négocié avec les syndicats dans le but de rendre ce métier mieux reconnu et plus attractif.

L’afflux aux urgences, aujourd’hui, est surtout composé de patients en détresse cardiaques, psychiatriques, victimes d’accidents domestiques ou de violences... ou de malades en hospitalisation à domicile (cancers...). Les accidentés de la route ne sont plus la majeure partie des urgences. C’est un changement qui aurait du être acté depuis plusieurs années.

A l’heure actuelle, pour donner les moyens d’accueil efficient aux urgences, il faudra prévoir deux salles d’attente : l’une pour les urgences graves, l’autre pour les petites urgences. Ce qui facilitera le travail du personnel et contribuera à apaiser les patients.

Pour désengorger les urgences, il faut, de plus, activer une campagne de sensibilisation de la population pour qu’elle utilise plus systématiquement le Samu 15, formé pour diriger les patients vers les centres médicaux et hospitaliers d’urgence adéquats (psychiatrie, cardio-vasculaire, pédiatrie...) ou lancer un appel, si nécessaire, au SMUR. Cette régulation en amont soulage les urgences.

A moyen-terme : traiter les causes du malaise

Faire en sorte que chacun puisse trouver un médecin prêt à l’accueillir et à intervenir très vite si nécessaire est une responsabilité générale de l’ensemble de la société. Les propositions formulées dès 2014 dans le Livre blanc du SAMU sont à étudier de près.

Collectif Inter-Urgences

Il faut en particulier :

  • Former des spécialistes urgentistes, créer un diplôme d’études spécialisé, développer la recherche médicale en médecine d’urgence et assurer une formation continue des médecins urgentistes. Les étudiants y verront un véritable choix de carrière, et non un choix par défaut.
  • Développer un véritable maillage des réseaux de santé, et éradiquer la désertification médicale. Avec trois piliers, comme Jacques Cheminade l’avait défendu en 2017 aux présidentielles :
    • le développement de la télémédecine, en assurant la présence de personnel formé à ce nouveau domaine, et en s’appuyant sur l’expérience des Samu-centre 15.
    • le développement de maisons de santé devenant maisons de garde la nuit et le week-end pour l’accueil des petites urgences. Agnès Buzyn a fait des annonces en ce sens, mais pour que cela ne se fasse pas au détriment des structures déjà existantes, il faut là aussi être prêt à y mettre les moyens, notamment en termes de formation et de rémunération des médecins et infirmiers/ères !
    • enfin, renforcer la présence médicale dans les écoles, les collèges et les lycées, ces institutions étant les lieux par excellence où chaque enfant peut apprendre les bons comportements en termes de santé et d’hygiène. En s’occupant de lui ainsi, on accroîtra son estime de soi.

Tout cela demande des moyens, de gros moyens. Mais ce sera payant pour l’ensemble de la société.
Etes-vous prêts à briser les règles du jeu financier ? Si ce n’est pas le cas, alors il vous faudra donner raison à Agnès Buzyn : « Il n’y a pas de solution miracle ».

Vidéo : en direct depuis la manifestation des urgentistes à Paris, Montparnasse, Agnès Farkas, militante et responsable Santé de SetP, nous livre ses remarques sur les solutions et la réorganisation du système des urgences (cliquez ICI si la vidéo ne s’affiche pas) :