États-Unis : les docteurs Folamour veulent faire une guerre dans le dos du président

mercredi 19 juin 2019

Chronique stratégique du 19 juin 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

La « drôle de guerre » a-t-elle commencée ? Le New York Times du samedi 15 juin rapporte que Washington a multiplié les intrusions informatiques au sein du réseau électrique et d’autres cibles en Russie pour adresser un avertissement à Moscou, soupçonné de faire de même aux États-Unis, et pour préparer une éventuelle cyberattaque en cas de conflit majeur entre les deux pays.

Cette agression démontre la volonté des milieux néoconservateurs anglo-américains de s’engager dans un conflit ouvert et de saborder toute coopération entre les États-Unis et la Russie.

Il est frappant de constater que ces révélations, qui ont attiré le courroux de Donald Trump, ont été publiées avec l’aide du conseiller à la sécurité nationale John Bolton, dont les agissements vont de plus en plus ouvertement à l’encontre de la politique du président. De plus, il apparaît que ce dernier avait été sciemment maintenu dans l’ignorance du programme du Pentagone, « de crainte de sa réaction, et face à la possibilité qu’il les annule ou en discute avec des responsables étrangers, comme en 2017 lorsqu’il avait mentionné une opération en Syrie devant le ministre russe des Affaires étrangères », explique le NYT.

Ce programme de guerre cybernétique avait été mis en place en 2012 par le prix Nobel de la paix Barack Obama. Toutefois, comme l’affirme le quotidien new-yorkais, ce n’est que récemment qu’il est passé d’un stade défensif à un stade offensif contre la Russie. Le NYT rapporte que le Congrès avait voté en 2018 une mesure autorisant le Pentagone à mener des attaques cybernétiques sans en informer le président.

Un remake de la Baie des cochons ?

L’implication de Bolton dans la divulgation de ce programme par le NYT, dans le contexte des provocations contre l’Iran dans le Golfe d’Oman, indique qu’un effort concerté est en cours de la part de la communauté du renseignement anglo-américain, au service des intérêts financiers de Wall Street et de la City, dans le but d’entraîner la présidence américaine dans une guerre contre la Russie.

Pour la présidente internationale de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, cette situation doit être comparée à l’opération de la baie des Cochons de 1961, où le « complexe militaro-industriel » (comme l’avait désigné le président Eisenhower au moment de quitter la Maison-Blanche) avait tenté, par l’entremise d’une partie de l’État-major américain et des frères John Foster et Allen Dulles, de cacher au président Kennedy l’ampleur du plan d’invasion de Cuba. Les frères Kennedy voulaient bien appuyer les opposants cubains dans leurs tentatives de provoquer un « changement de régime » sur l’île, mais craignaient non sans raison qu’une invasion militaire américaine d’envergure et trop voyante puisse dégénérer en conflit mondial.

Quelques années plus tard, le réalisateur Stanley Kubrick avait réalisé le film Docteur Folamour, en référence implicite à la crise des missiles de Cuba, dans lequel le président des États-Unis est soudainement informé qu’une attaque nucléaire a été lancée contre l’Union soviétique sans sa permission. Un général lui explique qu’une série complexe de mémorandum spéciaux ont permis au colonel Jack Ripper, le commandant d’une base aérienne stratégique, de lancer la troisième guerre mondiale.

Les docteurs Folamour d’aujourd’hui, dont John Bolton n’est que l’incarnation, sont l’ancien directeur du MI-6 Sir Richard Dearlove, l’ancien directeur du GCHQ (l’équivalent britannique de la NSA) Robert Hannigan, et leurs homologues américains John Brennan, James Clapper, James Comey, ainsi que les réseaux ultra-corrompus du clan Clinton-Obama au Parti démocrate – ceux-là même qui ont orchestré le « Russiagate » contre Trump.

Ces réseaux anglo-américains se trouvent sous la menace de la contre-enquête sur le Russiagate, menée par le Procureur général des États-Unis, William Barr, et par John Durham, le procureur du Connecticut, avec en particulier la déclassification imminente de l’ensemble des documents concernant les activités de surveillance réalisées au cours de la campagne présidentielle de 2016.

À deux semaines du G20 d’Osaka, une véritable course contre la montre est engagée. Les divulgations du New York Times et les incidents du golfe d’Oman, bien qu’on n’en connaisse pas encore les auteurs, visent clairement à empêcher qu’une rencontre en tête-à-tête entre Trump et Poutine puisse avoir lieu au Japon.

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