Helga Zepp-LaRouche : discours en l’honneur de Lyndon LaRouche

jeudi 20 juin 2019, par Helga Zepp-LaRouche

Discours d’ouverture de la commémoration du 8 juin 2019 en l’honneur de Lyndon LaRouche, à Manhattan

Voici un moment unique dans toutes nos vies, ce moment où nous sommes rassemblés pour honorer la vie et la mémoire de Lyn, si cher à chacun d’entre nous.

Lyn a changé la vie de la plupart d’entre nous, le plus profondément. Et nous nous demandons, « où en aurais-je été, si je n’avais eu l’incroyable privilège d’avoir pu rencontrer Lyn, ce penseur le plus créateur de notre époque ». Si l’on regarde autour de soi au sein de notre société, nous voyons tant de vies perdues, d’êtres humains se noyant dans la cupidité, courant après l’argent, des objets, l’accumulation de divertissements – certains pouvant obtenir un succès matériel. Ils gagnent alors beaucoup d’argent, mais leur âme a été depuis longtemps absorbée par le désir de posséder. Beaucoup échouent. Ils ne parviennent pas à joindre les deux bouts.

Lyn, pour beaucoup d’entre nous, a ouvert personnellement les portes menant à une véritable humanité, et dans les innombrables discussions qu’il a eues au cours de sa longue vie, il a marqué la vie de milliers de personnes, aux Etats-Unis, en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique Latine. Il a réellement changé leurs vies et les a profondément touchées, dans la plupart des pays, sur les cinq continents de notre planète. Voilà Lyn se mettant à parler à de nombreux groupes et individuellement à beaucoup de jeunes. Il enthousiasme des pêcheurs péruviens. Il s’entretient de leur métier avec des fabricants de chaussures italiens. Il parle à des élus italiens et à des dirigeants du monde entier. Il apprend à des chefs d’entreprise ce qu’est l’économie physique. Il parle à des syndicalistes, à des enseignants, à des étudiants. Il s’adresse aux plus grands musiciens du monde, il ouvre la porte de la vérité et de la connaissance à tant et tant d’êtres humains. Et nombre d’entre eux ont dit que Lyn connaissait mieux qu’eux-mêmes leur domaine de compétence, qu’il était plus expert qu’eux et capable de changer la direction de leur pensée.

L’existence de Lyn aura été un miracle. Il a défié tous les obstacles en mobilisant la puissance de son esprit. Il s’est senti, lorsqu’il était un jeune adolescent, comme un “vilain petit canard” qui ne pourrait pas s’adapter à l’environnement banal qui l’entourait. Devenu un jeune adulte, il avait déjà la force intérieure qui lui permit de rejeter toute corruption intellectuelle. Cependant, Lyn a ajouté quelque chose à ce talent : il a manifesté aux yeux de tous une rigueur et une application intellectuelles hors du commun. Il était vraiment un être humain voué à la recherche de la vérité, un penseur universel, un conquérant dans le domaine des idées qui ajouta des éléments nouveaux à pratiquement tous les domaines fondamentaux de la connaissance : les sciences naturelles, la musique classique, la poésie, l’histoire... Norbert Brainin (le premier violon du Quator Amadeus, Ndt), après deux jours d’intenses discussions avec lui, s’écria : « Cet homme en sait bien plus que moi-même sur la musique ! » L’on pourrait dire la même chose sur la connaissance que Lyn avait de l’histoire, l’histoire des Etats-Unis, l’histoire de l’Union soviétique, de l’Afrique, de la philosophie européenne. Dans tous ces domaines, et j’en ai sans doute oublié plus que la moitié, il a fait des découvertes fondamentales constamment enrichies de percées qualitatives.

A partir de ce savoir universel, il développa sa propre science de l’économie physique et de nombreux experts et chercheurs de plusieurs pays ont reconnu qu’il s’agit de la méthode économique allant le plus loin dans le domaine de l’économie réelle.

La motivation ayant guidé ce travail de Lyn a été – et demeure – l’amour de l’humanité. Quand il se concentrait sur un projet, il y travaillait 20 heures par jour et il produisait, au meilleur de ses capacités, 60 à 80 pages, avec les notes de bas de page correspondantes, en sorte que les services de rédaction n’avaient rien à y changer.

Il ne pouvait pas supporter l’idée d’une répression du potentiel des personnes maintenues en état de pauvreté, et donc il ne pouvait pas souffrir l’idée de la pauvreté dans les pays en développement. C’est ainsi que naquit en lui la haine de tout empire, comme forme de gouvernement imposant cela aux peuples. Mais il ne pouvait pas davantage supporter l’oppression qui résulte des idées fausses concernant les lois de l’univers physique, car ce sont de telles erreurs qui conduisent à l’auto-destruction des cultures et des civilisations. Je n’ai jamais vu ou entendu personne qui ne soit si absolument concentré sur les changements nécessaires à réaliser face au système d’oppression, si absolument concentré sur la volonté de le remplacer par sa propre vision d’un monde plus humain et plus beau.

Cette vision des choses lui a permis de reconnaître très tôt les conséquences dévastatrices de la contre-culture du rock, du sexe marchandise et de la drogue. Regardez où en sont les États-Unis aujourd’hui, en termes culturels ! Si Lyn était devenu président – et, au vu des bonnes tendances de la campagne électorale de 1984 et de celle de l’Illinois en 1986, il aurait pu le devenir – ceci n’aurait jamais eu lieu.

S’il n’y avait pas eu les politiques néolibérales de l’establishment néoconservateur, il aurait pu réorganiser le monde. Pensez aux changements qu’il avait tenté d’initier : le développement de l’Amérique latine auquel il a travaillé avec le président José Lopez Portillo, l’idée magnifique selon laquelle l’Inde allait pouvoir surmonter la pauvreté par la réalisation d’un projet de 40 ans pour développer le sous-continent, qu’il a conçue avec Indira Gandhi.

Il avait été au bord de surmonter la division du monde en deux blocs – l’OTAN et le Pacte de Varsovie - grâce à son projet d’Initiative de Défense Stratégique (IDS), ainsi qu’à son appel à en finir avec la géopolitique et à incarner l’idée que l’humanité est une.

Imaginez un instant ce qui se serait passé si l’on avait adopté sa proposition d’utiliser les percées scientifiques et technologiques développées dans le cadre de l’IDS comme moteur permettant de fournir aux pays les plus pauvres les nouveaux principes physiques et les technologies de pointe nécessaires à leur développement. Ce transfert massif de technologies aurait permis à ces pays de faire de sauter des étapes technologiques vers les modes les plus avancés de production. Appliquées durant quelques décennies, ces politiques auraient abouti à une réduction de la pauvreté en Afrique, en Asie et aux États-Unis. Une génération plus tard, les enfants auraient déjà eu accès a une éducation de haut niveau, et les jeunes du secteur en développement auraient pu en bénéficier. Aux États-Unis, un débat public aurait eu lieu sur les propositions faites par Lyn lors de sa belle intervention à la conférence « Nourriture pour la paix » de Chicago, en 1988, où il proposa de transformer les déserts africains en jardins luxuriants, afin de produire assez de nourriture pour la population mondiale. Le débat public aux Etats-Unis ne serait pas du niveau des épisodes de Games of Throne, mais porterait plutôt sur des sujets tels que la théorie de la Relativité générale d’Einstein et sur les lois de l’Univers !

[Lyn] aurait aussi incité les musiciens à approfondir les principes rigoureux de composition développés par les grands compositeurs qui se sont succédés dans la période de Bach à Brahms. Il aurait fait en sorte que les chercheurs aient une compréhension profonde du principe de la vie, afin de découvrir la solution permettant de guérir la plupart des maladies.

La créativité en tant que telle serait le bien le plus prisé de la société et tous auraient eu accès à la joie de la découverte, dans le contexte d’une nouvelle renaissance intellectuelle à l’échelle internationale. Et nous, qui avons travaillé avec Lyn, avons eu le privilège de goûter à ce que signifie vivre dans un monde d’idées. Si Lyn avait pu devenir président, cet esprit de la Renaissance serait devenu une force intellectuelle hégémonique aux Etats-Unis comme dans le reste du monde. Les États-Unis ont eu la grande chance de voir naître sur leur territoire un citoyen avec une belle âme et un esprit visionnaire.

Lyn et moi-même avons un jour rencontré un évêque à Rome pour qui Lyn était un "élu de la Providence". Je suis tout à fait d’accord avec lui en ce sens que sa vie et son travail ont été tout à fait en phase avec l’intention de la création. C’est une tragédie pour le peuple américain et pour tous les autres pays, que les puissances de ce monde, aient pu, pour le moment, faire dérailler ses efforts. Une pensée future sera, cependant, et nous pouvons l’espérer, associée aux idées de Lyn.

Car la vision de Lyn d’un monde pleinement développé prenant la forme d’un Pont terrestre mondial, est déjà en train de se réaliser : un nouveau type de relations internationales parmi les nations émerge, un dialogue entre les cultures classiques des nations est en train de remplacer la confrontation, une coopération internationale s’organise en vue de l’exploration de la Lune et d’une mission vers Mars. Ses ennemis, qui sont aussi ceux de l’humanité et du bien des peuples, pourront, sans doute, s’imposer à court terme. Mais ils sont déjà hantés par les Érinyes. Ils auront pu cacher leurs crimes pendant une courte durée, mais les pouvoirs les plus élevés de la loi naturelle projetteront la lumière sur leurs crimes.

Lyn, au contraire, a mérité une vie éternelle. Sa vie est désormais dans la simultanéité de l’éternité. Sa pensée et ses idées transcendent tous les espaces et tous les temps. Il se trouve, comme dans l’Ecole d’Athènes de Raphaël , en compagnie de Socrate et de Platon, de Confucius, de Kepler, de Leibniz, de Bach, de Beethoven, d’Einstein et de Vernadski et des autres grands penseurs de tous les temps et de toutes les cultures. Mon bien-aimé Lyn, tu es immortel.