Le « green deal », castrateur du progrès humain et de l’exploration spatiale

vendredi 19 juillet 2019

Chronique stratégique du 19 juillet 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

La métaphore de Platon du char tiré par deux chevaux ailés, l’un tirant vers le bas et l’autre vers le haut, convient parfaitement à l’état actuel de l’humanité : l’ancien paradigme, constitué du féodalisme financier et de son meilleur allié le pessimisme écologique malthusien, fait tout son possible pour nous ramener au passé, tandis que le nouveau paradigme des Nouvelles Routes de la soie fait renaître l’idée d’une civilisation de coopération et de progrès mutuel tournée vers l’avenir.

Pas moins de 127 nations ont mis un pied dans ce nouveau paradigme ; soit plus de la moitié de l’humanité. De fait, elles sont en rupture avec l’ordre mondial dominé depuis Wall Street et la City de Londres, faisant ainsi écho à l’esprit de la conférence de Bandung de 1955, qui avait donné naissance au mouvement des pays non-alignés. Rien qu’en Chine, ce sont 715 millions de personnes qui ont pu être sorties de la pauvreté extrême ; et la construction des « corridors de développement », artères centrales des Nouvelles Routes de la soie, apportent aux hommes du travail, des routes, des voies ferrées, des réseaux d’eau et d’énergie, etc. Ainsi, un fort vent d’optimisme souffle à travers tout le continent asiatique, de plus en plus en Afrique, et dans une certaine mesure en Europe.

« Décarbonisation » et oligarchie

Pendant ce temps, les chiens de garde de l’ordre néolibéral se démènent pour maintenir les populations occidentales dans l’ignorance de cette nouvelle réalité, en dégradant à leurs yeux l’image des Nouvelles Routes de la soie, présentées comme une volonté hégémonique menaçant nos valeurs de « démocratie » et de « droits de l’homme ».

Notre ministre de l’Économie Bruno Le Maire a été explicite, lors de son discours du 16 juillet à la Banque de France, à l’occasion du 75e anniversaire de la conférence de Bretton Woods, dont sont issus le Fond monétaire international et la Banque mondiale. « À moins que nous ne soyons capables de réinventer Bretton Woods, la Nouvelle Route de la soie deviendra le nouvel ordre mondial », a-t-il déclaré.

À l’exemple du discours de Ursula von der Leyen, la nouvelle présidente de la Commission européenne, devant les parlementaires européens, on alimente la perception d’un « monde fini », où des forces hostiles – la Russie et la Chine avant tout – tentent de tirer la couverture à elles, et où l’humanité fait désormais figure de parasite pour la planète. Ainsi, le « green deal » constitue pour ces élites une magnifique aubaine pour noyer les revendications de justice sociale exprimées par des populations – en Grande-Bretagne avec le Brexit, aux États-Unis avec le vote anti-Hillary, en Italie avec le vote Lega-M5S, et en France avec les Gilets jaunes – qui subissent de plein fouet les conséquences d’un néolibéralisme sans foi ni loi. Du reste, la politique de « décarbonisation » de l’économie est parfaitement cohérente avec le fantasme post-industriel – « l’entreprise sans usines » – si cher à l’oligarchie financière.

Rappelons que le pessimisme écolo est apparu brutalement dans les années 1970, en opposition explicite à l’optimisme qui régnait depuis la fin de la 2e Guerre mondiale. À cette époque, où l’Homme repoussait les limites de la connaissance dans l’espace, dans le ciel, sur terre, en mer et jusque dans le noyau de l’atome – de « l’infiniment grand » à « l’infiniment petit » –, personne ne pouvait douter que l’on ne viendrait pas bientôt à bout de la pauvreté, de la faim et de la maladie dans le monde.

Les défenseurs de la « croissance zéro » et de la théorie de la surpopulation étaient alors considérés soit comme des fils de riches bobo-gâtés, soit comme des représentants de commerce des intérêts Rockefeller. Leurs thèses n’ont pu devenir dominantes en Occident que grâce à une puissante propagande lancée en 1972 par le Club de Rome, à travers le rapport « Halte à la croissance », distribué en plusieurs langues et à des millions d’exemplaires. L’objectif était de casser à tout prix l’élan de progrès des Trente Glorieuses, car des populations optimistes sont par nature créatrices, et donc peu enclines à accepter un système oligarchique.

Aujourd’hui, il n’est donc pas étonnant que, derrière le « conte de fée » de la jeune Greta Thunberg ou des partisans du catastrophisme millénariste au sein du Parti démocrate américain, l’on retrouve un véritable panier à crabe de financiers milliardaires, du Suédois Ingmar Rentzhog à George Soros…

50 ans après

Le cinquantième anniversaire de l’alunissage d’Apollo 11 nous donne l’occasion en Occident de nous remémorer ce que nous avons été capables d’accomplir et que nous avons perdu. Comme l’a dit le 16 juillet Rudy Schweikart, l’ancien astronaute de la mission Apollo 9, lors d’une soirée en l’honneur de l’épopée de Neil Amstrong sur notre satellite : « le véritable message d’Apollo était que nous évoluons désormais au-delà des limites de la Terre-mère ».

En France, malgré le climat d’arrogance permanente et un débat qui vole au niveau des homards, certains sont conscients du fossé que nous avons laissé se creuser en cinq décennies. Dans sa tribune « Amstrong et Thunberg, de la Lune à la Terre », publiée le 19 juillet dans Libération, Luc Le Vaillant écrit : « Amstrong est le voyageur des espaces éternels et le défricheur pas effrayé des immensités silencieuses, le fracasseur de murs du son et le randonneur des confins. Thunberg est l’immobilité élevée au rang des beaux-arts activistes, le sit-in sur trottoir comme un pochoir sur les murs lézardés par l’angoisse généralisée, l’économie de moyens comme un moyen de contredire l’économie de la dépense ».

L’exploration de l’espace nous renvoie à notre nature profonde : celle de l’homme explorateur de l’inconnu. Évoquant par exemple la découverte et l’étude des astéroïdes, dans son entretien vidéo du 16 juillet sur les 50 ans d’Apollo, Jacques Cheminade a affirmé : « C’est toute l’histoire de la terre, c’est toute l’histoire du monde, qui se trouve nichée là. Si on ne veut pas connaître l’histoire et si on veut rester chez soi – et j’insiste sur cela –, on devient une sorte d’être indifférent qui n’est pas intéressé par tout ce qui l’entoure ».

Et c’est précisément cette passion pour ce qui nous entoure – la passion pour l’autre, avant tout – que le pessimisme écologique, à l’opposé total d’un vrai respect pour l’environnement, vise à brider ; et avec cela, la possibilité de bâtir un ordre international de coopération entre nations, organisé autour des « objectifs commun de l’humanité ».

Comme l’a rappelé Jacques Cheminade, le président John F. Kennedy avait proposé le 20 septembre 1963 à l’ONU, quelques mois après la crise des missiles de Cuba, que les États-Unis et l’Union soviétique unissent leurs efforts dans une « coopération nouvelle » pour « la réglementation et l’exploration de l’espace ».

Le temps est venu de ne plus laisser l’oligarchie nous ramener constamment au plancher des vaches, et de porter de nouveau notre regard vers les étoiles, car c’est là que se trouve notre avenir.

Vous venez de lire notre chronique stratégique « Le monde en devenir ». ABONNEZ-VOUS ICI pour la recevoir sans limitation. Vous aurez également accès à TOUS les dossiers de ce site (plus de 400 !)...