États-Unis : la chute de la Maison démocrate

vendredi 2 août 2019

Chronique stratégique du 2 août 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Au lendemain du second débat télévisé entre les candidats aux primaires démocrates, qui s’est tenu mercredi à Détroit, le principal enseignement que l’on peut en tirer est que le Parti démocrate américain poursuit sa descente vers les abysses, trajectoire la plus efficace pour assurer la victoire de Trump ou des républicains aux élections présidentielles de 2020.

La leçon – pourtant grosse comme le nez au milieu de la figure – des auditions du procureur spécial Robert Mueller, la semaine dernière au Congrès, n’a absolument pas été retenue : les Démocrates persistent dans leur idée de lancer une procédure de destitution contre le président Trump, reléguant ainsi les enjeux sociaux et économiques au second plan. Eux aussi estiment, à tort, que le « bilan économique » de Trump « est bon » et donc pas un sujet, alors qu’en termes de niveau de vie réel (éducation, santé, retraite, formation, infrastructures, R&D, etc.), les États-Unis continuent leur déclin.

Robert Mueller, un procureur plus si « spécial »

De l’avis de tous ou presque, les auditions de Mueller ont été pire que décevantes, un désastre. Elles n’ont fait que renforcer le discrédit complet du « Russiagate » – l’accusation assez fantaisiste selon laquelle Donald Trump n’aurait remporté les élections de 2016 que grâce à une ingérence du Kremlin que, dans les faits, personne n’a pu démontrer.

Robert Mueller, ce « moine-soldat » qui passait jusqu’alors pour un homme de loi intègre et valeureux, est apparu si pâle, si dépassé, que certains se sont même demandés si le fantôme qui se trouvait là avait réellement dirigé l’enquête en question. David Axelrod, le gourou politique de Barack Obama, a lui-même admis que les auditions du procureur spécial avaient été « extrêmement pénibles » à regarder.

Mueller a dû reconnaître que non seulement Trump était innocent des méfaits dont on l’avait accusé, mais que le président n’avait commis aucun acte d’obstruction dans son enquête. Pire, il est apparu totalement ignorant des liens entre la campagne d’Hillary et la société Fusion GPS, qui a produit le dossier salace contre Trump et la Russie avec l’aide de l’ « ex » agent du MI6 britannique Christopher Steele, alors que ces affirmations figurent dans le dossier qu’il est censé avoir écrit lui-même...

Le fantasme des hackers russes

Le 30 juillet, le juge fédéral du District de New-York, John Koeltl, a définitivement rejeté une demande pour poursuites pénales qui avait été déposée l’an dernier par le Comité national démocrate (DNC) contre Donald Trump, la campagne Trump de 2016, Wikileaks et le gouvernement russe, pour avoir prétendument conspiré dans l’ingérence des élections présidentielles.

Fox News rapporte que Koeltl n’a pas mâché ses mots à propos du DNC, le qualifiant de « complètement déconnecté » de la réalité. « À aucun moment le DNC n’a présenté d’éléments concrets, a déclaré le juge, (…) montrant que les accusés – mis à part la Fédération de Russie – ont participé à un quelconque piratage des documents du Parti démocrate. (…) De même, le DNC n’a démontré en rien que les accusés n’aient jamais tenté d’aider la Fédération de Russie à voler les documents ».

Ce rejet de la procédure judiciaire est d’autant plus embarrassant pour les Démocrates que le juge Koeltl avait été nommé à son poste par le président Bill Clinton, ce que Donald Trump s’est fait un plaisir de rappeler sur son compte Twitter. Cependant, comme nous l’avons vu plus haut, Koeltl n’a pas osé briser le tabou en réaffirmant que la Russie est « indubitablement » impliquée dans le piratage des courriels du DNC.

Comme nous l’avions rapporté sur ce site, les lanceurs d’alerte du VIPS (Veteran Intelligence Professionnals for Sanity), un collectif d’anciens professionnels du renseignement américain, ont démontré dès juillet 2017, preuves techniques à l’appui, que le « hacking russe » supposé était physiquement impossible, et que les documents du DNC avaient en réalité été fuités de l’intérieur à Wikileaks.

Il y a encore de la vie au Parti démocrate !

Suite au débat télévisé du 31 juillet entre les candidats démocrates, les médias se concentrent presque exclusivement sur le soi-disant « duel » entre l’ancien vice-président de l’administration Obama, Joe Biden, et la sénatrice de Californie Kamala Harris. Pourtant, comme le rapporte USA Today, « la député Tulsi Gabbard était la candidate la plus recherchée sur Google juste après le premier débat démocrate du mois dernier, et elle a de nouveau remporté cet honneur suite au débat de mercredi ».

Tulsi Gabbard est une vétéran de la guerre d’Irak qui s’oppose avec vigueur à la politique de changement de régime des néoconservateurs, républicains comme démocrates, et qui a eu le courage d’aller à contre-courant de la propagande qui présente Bashar al-Assad comme un « bourreau de son propre peuple » et de dénoncer le soutien apporté par les services occidentaux aux groupes terroristes djihadistes.

Gabbard a récemment porté plainte contre Google, demandant un dédommagement de 50 millions de dollars pour avoir bloqué sa campagne de levée de fonds, justement au lendemain du premier débat, dans lequel son attaque contre « les guerres de changement de régime » a suscité un énorme intérêt dans la population.

Le colonel à la retraite Tony Shaffer, pourtant membre du Comité consultatif de la campagne de Trump pour 2020, a pris la défense de Tulsi Gabbard : « Je connais Tulsi personnellement, a-t-il déclaré au journal The Hill. Je ne suis pas toujours d’accord avec ses idées politiques, mais ici Google a agis à un moment clé. Elle était clairement dans une position lui permettant de lever beaucoup d’argent ».

Il est intéressant de noter qu’en 2017, suite à l’élection présidentielle, Tulsi Gabbard, bien qu’elle soit critique de la politique de Trump et cherchant à servir d’abord son pays, s’était dite disponible pour devenir son émissaire diplomatique en Syrie afin d’y préparer le retrait américain. De son côté, Tony Shaffer est connu pour son opposition à la politique de guerre des administrations Bush et Obama.

Car l’enjeu est bien celui de la guerre et de la paix, et non pas d’une opposition entre Démocrates et Républicains. Au fur et à mesure de l’effondrement du montage du Russiagate, l’image d’ennemi façonnée pour la Russie va se dissiper, et la voie va s’ouvrir pour une détente internationale à laquelle Donald Trump (avec sa méthode qui ne serait pas la nôtre) est attaché depuis son élection.

Avec les progrès de la contre-enquête du ministre de la justice William Barr pour mettre en lumière les réseaux impliqués dans la tentative de coup d’État contre la présidence américaine – dont le FBI, la CIA, le Département de la Justice américain, ainsi que le MI6 et le GCHQ britanniques – l’occasion sera sans doute donnée au Parti démocrate de faire un grand ménage de printemps et de renouer avec la tradition de Franklin D. Roosevelt et John F. Kennedy.

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