Extinction Rebellion : les idiots utiles de la City de Londres

mercredi 7 août 2019

Chronique stratégique du 7 août 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

La City de Londres se trouve au cœur d’une propagande écologiste qui cache de moins en moins ses visées dictatoriales. Les jeunes activistes d’Extinction Rebellion se font ainsi les idiots utiles d’une opération dont le but est, tout en renflouant le système financier grâce à une nouvelle bulle verte, de faire accepter aux populations une baisse drastique des niveaux de vie et un démantèlement des moyens de production industrielle de la société.

En 1983, l’économiste américain Lyndon LaRouche, dans son livre Il n’y a pas de limites à la croissance, avait réfuté avec force et persuasion la tentative du « Club de Rome » de mettre un terme au développement agro-industriel sur la base de la théorie surannée du pasteur britannique Thomas Malthus. Ce livre de LaRouche reste d’une grande actualité puisque le malthusianisme, qui prend aujourd’hui « l’urgence climatique » pour prétexte, fait son retour en force.

Dans un article publié le 3 août dans l’hebdomadaire Neue Solidarität, Mme Helga Zepp-LaRouche, présidente de notre parti frère allemand Büso, estime que « le but de cette campagne transatlantique est d’instrumentaliser l’hystérie climatique (avec le slogan ’Il ne nous reste que 18 mois !’) pour convaincre les populations de sacrifier leur niveau de vie tout en canalisant les investissements financiers dans une bulle verte ».

Et, tandis que les enfants et les jeunes, tel que Greta Thunberg, manifestent tous les vendredis, galvanisés par le mouvement Extinction Rébellion (XR), certains ne se cachent même plus pour dire qu’il va falloir en passer par une forme de dictature verte. C’est ainsi que Denis Meadows, le co-rédacteur du rapport Halte à la croissance du Club de Rome, écrit dans le journal Libération du 29 juillet : « Nous devons admettre que les démocraties ne résolvent pas les problèmes existentiels de notre temps - dérèglement climatique, réduction des réserves énergétiques, érosion des sols, écart croissant entre riches et pauvres, etc,. Doit-on réduire les libertés individuelles pour cela ? Cette question implique que la société a la capacité d’anticiper et de réaliser des changements proactifs. Je ne vois pas de preuve de cela. Les libertés individuelles sont déjà restreintes et je pense que cette tendance va se poursuivre inévitablement ».

Une « révolution de couleur » verte

La création d’un mouvement proto-terroriste vert apparaît comme le dernier avatar trouvé par l’oligarchie pour tenir en vie son système financier mondial moribond. Le mouvement XR, sans doute la partie la plus médiatisée de cet effort, a pris son envol au Royaume-Uni. Notons que la Chambre des Communes a adopté le 1 mai 2019 l’une des mesures phares de XR, plus précisément la déclaration de l’Urgence climatique.

Jusqu’ici, XR prétend inscrire son action dans la lignée de la résistance non-violente prônée par Gandhi et Martin Luther King. Il prend également pour modèle rien de moins que le « Comité des 100 », le cœur du mouvement de « désobéissance civique » du pseudo-pacifiste anglais, Bertrand Russell. Rappelons que pour ce dernier, la « psychologie des foules » est un instrument majeur en politique, y compris pour manipuler les individus dès leur petite enfance :

Son importance a nettement augmenté suite à l’arrivée des méthodes modernes de propagande, écrit-il dans son livre L’impact de la science sur la société (1952). La plus importante est ce que nous appelons ‘éducation’. La religion y joue un rôle, dont l’importance décline. Par contre, celui de la presse, du cinéma et de la radio, augmente. Ce qui est essentiel dans la psychologie des foules, c’est l’art de la persuasion. Si vous comparez un discours d’Hitler avec un discours, disons, d’Edmund Burke, on constate les progrès qui ont pu se faire depuis le XVIIIe siècle. Ce qui arrivait avant, c’est que les gens avaient lu des livres affirmant que l’homme était un animal rationnel et que les gens élaboraient leurs jugement sur cette hypothèse (…) On peut espérer qu’à un moment donné, n’importe qui pourra persuader n’importe qui d’autre de n’importe quoi, pourvu qu’il puisse toucher le patient très jeune et que l’État lui fournit l’argent et l’équipement.

Si XR se contente pour l’instant de bloquer la circulation ou de grimer des monuments, compte tenu du désespoir et du pessimisme de la jeunesse actuelle, il n’est pas à exclure que son action dégénère en violence. Et la « croisade des enfants » actuelle pourrait à l’avenir se rallier à Deep Green Resistance (DGR), une organisation radicale structurée sur des bases paramilitaires qui prévoit, par « l’action directe », de démanteler « la société industrielle » (Lire à ce sujet notre chronique du 30 juillet : Les ultra-verts annoncent un « automne plus chaud » que le climat).

En réalité, les revendications de XR sont tout à fait en phase avec l’agenda présenté par la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen : la « décarbonisation » totale de l’économie européenne – en dépit du fait que l’UE ne représente que 11% des émissions de CO2 dans le monde. À la différence près que XR veut atteindre cet objectif en 2025, au lieu de 2050 pour la Commission européenne.

Puisqu’une telle politique précipitera fatalement la population européenne dans la pauvreté, il faut préparer les esprits. L’idéal est donc de convaincre la population de s’imposer à elle-même cette folie. À défaut de cette soumission volontaire, un État policier et des lois permettant de punir les « crimes climatiques » devront voir le jour, comme le laisse entendre Dennis Meadows.

« L’urgence climatique » servira de prétexte idéal pour exiger des banques centrales qu’elles reprennent la politique accommodante de Quantitative Easing (assouplissement quantitatif) et de taux négatifs en vue d’injecter, une fois de plus, de nouvelles liquidités dans le système financier. Ces liquidités étant supposées bénéficier à des acteurs économiques devant s’acquitter de leurs pénalités sur les émissions de CO2. Cette nouvelle « bulle » de la « finance verte » apparaît ainsi comme l’ultime moyen de renflouer les bulles actuelles, qui s’apprêtent à éclater.

L’industrie financière à l’origine de la politique climatique européenne

Lors d’un discours prononcé le 27 juillet devant la Maison de la Finance à Francfort, Christian Thimann, un ancien dirigeant d’AXA et ancien conseiller de la Commission européenne et de la BCE, a révélé le pot-aux-roses sur le fait que les politiques climatiques de l’UE ont été dictées par l’industrie financière.

« Si vous lisez le texte de l’accord du Climat (COP21), vous constatez que le secteur financier est mentionné dès l’article 2 (c) », a-t-il déclaré. L’article en question affirme qu’on ne gagnera « la bataille du climat qu’en ‘rendant les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques’. Or, c’est exactement ce que fait la Commission européenne en sollicitant des experts du secteur privé pour leur demander : ‘pouvez-vous nous dire comment faire ?’ (…) Ce programme, sur lequel la Commission se penche depuis deux ans, est actuellement traduit en législations ». Thimann a poursuivi son élocution par un éloge des manifestations « Vendredis pour le futur » et de « Extinction Rébellion », en disant que soudainement « 12 millions de jeunes viennent nous faire la leçon dans la rue et propulsent le sujet sous les projecteurs ».

Sans surprise, la City de Londres, avec la Green Finance Initiative, s’est positionné depuis un certain temps comme le centre mondial de la Finance verte. En 2018, suite à « la semaine d’action du climat » du 1er au 8 juillet à Londres, a été créé le Green Finance Institute (GFI) qui, en plus du soutien de la City, bénéficie de subventions du Trésor public Britannique. La présidente du GFI, Dr Rhian-Mari Thomas, a précisé que la mission de l’Institut consiste « à accélérer la transition nationale et mondiale vers une économie à zéro carbone et sans impact sur le climat, par la mobilisation du capital ». Le GFI concentrera son effort, au niveau mondial, sur « la création de produits financiers et de capacités financières au service des infrastructures vertes » et « le financement de la production de biens écologiquement durables ». Il s’agit également de « renforcer des institutions financières de premier plan afin qu’elles puissent co-élaborer des solutions rentables avec le secteur privé et les décideurs politiques ».

En d’autres termes, l’industrie financière émettra de nouveaux titres et dérivés permettant d’attirer les liquidités nouvellement créées par les banques centrales. Ces dernières, en particulier la BCE, rachèteront une grande partie des nouveaux titres.

Le 1 août, dans un entretien avec The Atlantic, le professeur américain Adam Tooze de l’Université de Columbia de New York, un expert de l’histoire des banques centrales, rappelle qu’en 2015, Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, un homme au cœur du système financier mondial, a forgé le concept d’« un moment climatique Minsky » (Un « moment Minsky » est un moment de non-retour où par exemple une banque atteint le point où elle ne peut plus payer les intérêts de sa dette et où sa valeur dévisse d’une façon irrémédiable).

Du point de vue du climat, si l’on additionne le secteur des énergies fossiles, l’automobile et l’extraction minière, on atteint rapidement 30 % de l’économie mondiale, soit environ 20 000 milliards de dollars. Dans ces circonstances, comme lors du krach financier de 2008, la Fed et les banques centrales seront obligées de monter en premier ligne. Pour s’y préparer, Carney a demandé à 33 banques centrales de voir comment, à titre préventif, « verdir le système financier », avant qu’un moment Minsky fasse sauter le système.

Seules la Fed et la Banque centrale brésilienne ont décliné l’offre d’une collaboration sur le sujet. Selon Adam Tooze, l’obstruction dont a fait preuve depuis 2015 le lobby du carbone et des hydrocarbures pourrait se retourner contre eux. Il suffirait que, suite à des déclarations d’une poignée de climatologues sur une hausse dramatique des températures, les décideurs politiques, sous la pression de la rue, décident de lancer des mesures forçant l’arrêt quasi-total de pans entiers de l’économie. Un tel choc provoquerait des ajustements soudains de toutes les valeurs. « Voilà le type de scénario sur lequel travaillent les équipes de la Banque d’Angleterre », explique Tooze.

Ne laissons plus ces apprentis sorciers manipuler des milliers de jeunes et décider du destin de millions de vie humaines. La véritable « urgence » n’est pas climatique ; elle est de mettre hors-jeu City de Londres et l’ensemble du casino financier en faillite, avant que les bulles n’éclatent et ne provoquent un chaos généralisé, en séparant les banques de dépôt et les banques d’affaires et en protégeant ce qui reste de nos économies productives. Alors nous pourrons relancer une stratégie d’aménagement du territoire et de développement industriel qui soit cohérente avec une vision « environnementale », avec par exemples le ferroutage, le transport fluvial, l’isolation thermique, etc.

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