Un sommet Trump-Poutine-Xi pour mettre KO le complexe militaro-financier

jeudi 16 janvier 2020

Chronique stratégique du 16 janvier 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Hier, Solidarité & Progrès a participé à la journée de mobilisation internationale organisée par l’Institut Schiller afin de promouvoir l’idée d’une rencontre au sommet entre Trump, Poutine et Xi Jinping. La relative détente survenue à la suite de la riposte iranienne du 8 janvier dernier n’est qu’apparente, et une telle rencontre permettrait de mettre hors-jeu les réseaux va-t-en-guerre anglo-américains, y compris ceux qui entourent Trump au sein de l’administration américaine et tentent de l’entraîner dans un conflit.

De Los Angeles à Melbourne en Australie, en passant par Mexico, Paris, Francfort et Berlin, l’Institut Schiller international et ses alliés ont organisé ce mercredi 15 janvier une journée d’action, faisant circuler l’appel dans ce sens d’Helga Zepp-LaRouche à travers des manifestations de rue et du lobbying citoyen auprès des institutions.

Une nouvelle approche

Lors de la conférence suivant sa rencontre avec Angela Merkel le 11 janvier à Moscou, Vladimir Poutine a mis en garde sur le fait que les événements actuels en Iran pourraient conduire à un emballement.

La guerre est déjà en cours là-bas – de faible intensité, mais c’est la guerre, a déclaré le président russe. Des gens meurent. C’est un fait. (…) Nous souhaiterions éviter toute action militaire majeure. [Mais] si cela devait arriver, ce serait une catastrophe non seulement pour la région du Moyen-Orient mais pour le monde entier.

Le 15 janvier, dans son discours sur l’état de la nation prononcé devant 1300 représentants des institutions russes, Poutine a appelé les cinq membres fondateurs des Nations unies – la Russie, les États-Unis, la Chine, le Royaume-Uni et la France –, chacun disposant de l’arme nucléaire, à prendre l’initiative de « développer une approche actualisée afin d’assurer la stabilité de la planète en prenant en compte les aspects politiques, économiques et militaires des relations internationales modernes ».

Le rôle de la Russie, et en particulier du président russe, est désormais devenu incontournable. Car Poutine est le seul dirigeant mondial capable de parler à chacune des parties, comme on a pu le voir dans les cas de la Syrie, de la Libye, de l’Ukraine ou de l’Iran. Wolfgang Ischinger, le président de la Conférence de Munich sur la sécurité, a loué la « méthode efficace » de Poutine pour résoudre la crise au Moyen-Orient. Quiconque veut être influent dans la région doit disposer « d’un pouvoir politique de persuasion, d’une diplomatie habile et d’un soutien militaire si besoin, a-t-il affirmé sur la chaîne allemande ZDF. C’est la méthode que Poutine utilise pour exercer son influence en Syrie, en Libye et certainement dans la situation autour de l’Iran ». Ce qui est d’autant plus notable car Ischinger passe difficilement pour un pro-russe.

Le 8 janvier, lors de sa conférence de presse faisant suite aux frappes iraniennes sur les bases américaines en Irak, Trump a proposé d’initier une approche totalement nouvelle à la crise : remplacer l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) en ouvrant de nouvelles négociations avec l’Iran et tous les signataires du JCPOA – l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, mais aussi la Russie et la Chine. Le Premier ministre britannique Boris Johnson, le 14 janvier sur la BBC, toujours cherchant à caresser Trump dans le sens du poil en vue d’un accord de libre-échange pour le Royaume-Uni, a emboîté le pas au président américain, déclarant que le Royaume-Uni devrait soutenir cette proposition. Ce qui n’a pas manqué de susciter la panique jusque dans les cercles proches de Johnson.

Détente, entente et coopération

Pendant ce temps, l’adversaire poursuit ses efforts pour saper toute possibilité de paix mondiale. Le jour-même de la mobilisation de l’Institut Schiller, la Chambre des représentants américaine a transmis au Sénat l’acte d’accusation contre Donald Trump, et un procès doit s’ouvrir dans les jours qui suivent.

Soyons clairs. L’objectif de la procédure menée par les Démocrates n’est pas de destituer Trump – tout le monde sait que les chances pour eux d’obtenir le vote des deux tiers au Sénat sont quasi-nulles. Il s’agit en réalité de paralyser la politique extérieure de Trump, en particulier vis-à-vis de la Russie et de la Chine, et de le rendre vulnérable aux Républicains proches du complexe militaro-industriel. En effet, alors qu’il s’était opposé jusqu’ici au plan d’assassinat du général iranien Soleimani promu par Mike Pompeo et Mark Esper, les secrétaires d’État et à la Défense, et l’ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, certains disent que Trump aurait fini par l’adopter afin de ne pas perdre le soutien de certains sénateurs-clé – dont Lindsay Graham.

Mercredi également, la Chine et les États-Unis ont signé la phase 1 de l’accord commercial entre les deux pays. Il s’agit de la première étape d’un processus qui devrait permettre non seulement de réduire le déséquilibre commercial, mais surtout d’ouvrir la voie pour une coopération sino-américaine dans le cadre des Nouvelles Routes de la soie. La Chine a offert depuis longtemps son aide pour la reconstruction des infrastructures américaines.

Ce n’est que dans le cadre d’un contexte nouveau que l’intégration et le développement de la région du Moyen-Orient, et plus largement le développement de l’ensemble des nations anciennement colonisées d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. deviendront possibles. La France, avec tout son potentiel industriel, agricole et scientifique, a son rôle à jouer, non seulement parce qu’elle est membre du Conseil de sécurité des Nations unies, mais surtout en raison de sa longue histoire, qui la lie intimement avec la liberté du monde et l’incline naturellement à promouvoir « la détente, l’entente et la coopération », comme le disait le général de Gaulle.

Vous venez de lire notre chronique stratégique « Le monde en devenir ». ABONNEZ-VOUS ICI pour la recevoir sans limitation. Vous aurez également accès à TOUS les dossiers de ce site (plus de 400 !)...