L’épidémie de géopolitique anglo-américaine fait des ravages

mercredi 12 février 2020

Chronique stratégique du 12 février 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Sans aucun scrupule, les faire-valoir du complexe militaro-financier transatlantique profitent de l’épidémie de coronavirus pour amplifier la propagande anti-chinoise. Les responsables américains – le vice-président Mike Pompeo en tête –, pris d’un accès de fièvre d’idéologie de guerre froide, multiplient les déclarations hostiles.

Bêtise raciste made in Occident

Avec l’épidémie du coronavirus 2019-nCoV, qui touche actuellement la Chine, les élites médiatiques et politiques occidentales ont perdu une occasion de « faire preuve d’humanité », comme dirait un certain président français. En un réflexe de Pavlov, elles ont déployé toute une escadrille de commentaires condescendants, cyniques et humiliants, dignes de la guerre froide, laissant parfois même apparaître les préjugés néocoloniaux et racistes qu’elles prennent habituellement soin de dissimuler.

Couverture de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel le 1er février

L’hebdomadaire allemand Der Spiegel, grand apôtre des « valeurs occidentales », en a donné un exemple indécent, en publiant à la une de son édition du 1er février la photo (ci-contre) d’un homme regardant son smartphone, équipé d’un masque, de lunettes de protection et d’un imperméable rouge, avec pour titre « Coronavirus, made in China » et sous-titre « Quand la mondialisation devient un danger de mort ».

L’ambassade de Chine en Allemagne a immédiatement dénoncé une couverture « qui ne fait que semer la panique, provoquer des accusations mutuelles, voire répandre la discrimination raciale ». Sur les réseaux sociaux, certains internautes allemands ont rappelé que l’hebdomadaire avait déjà publié des unes racistes, comme « les espions jaunes » en 2007 ou « le péril jaune » en 1978, à l’époque du traité de paix sino-japonais.

Le 30 janvier lors d’une conférence de presse, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus, visiblement excédé par la mauvaise foi des journalistes occidentaux, a tenu à remettre les pendules à l’heure : « Je reviens [de Chine] si impressionné. (…) Je n’ai jamais vu ça de ma vie », a-t-il expliqué. Et, se disant confiant dans la capacité des Chinois à maîtriser la situation, il a souligné : « Ils protègent le reste du monde ».

Pour sa part, la présidente internationale de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche a souligné le comportement exemplaire de la Chine pour son esprit de coopération, et a appelé l’Europe et les États-Unis à se joindre à la Chine pour combattre le coronavirus, comme l’ont rapporté l’agence de presse chinoise Xinhua et le magazine Beijing Review.

Les États-Unis et la Chine, la poutre et la paille

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, l’un des « chrétiens évangéliques » et néoconservateurs les plus virulents de l’administration Trump, a consacré la quasi-intégralité de son discours, prononcé le 8 février lors de la conférence annuelle de l’Association nationale des gouverneurs, à exercer des menaces à peine voilées à l’encontre des élus, les incitant à couper tout lien avec la Chine, y compris ceux entretenu à travers les associations d’amitié sino-américaine, les instituts Confucius ou les investisseurs et entreprises chinoises. « La Chine vous observe, elle vous travaille », a déclaré Pompeo, comme pour dire aux gouverneurs : « Nous vous observons, nous savons ce que vous faites, et nous ne voulons aucun échange amical entre vous et la Chine ».

Le 6 février, lors de la China Initiative Conférence dont le sujet était la lutte contre « l’espionnage chinois », le directeur du FBI Christopher Wray a décrit la Chine comme le principal ennemi des États-Unis. Selon lui, le développement économique et technologique actuel du pays du milieu se base exclusivement sur le vol, puisque seul le modèle libéral démocrate permet la créativité. Il oublie bien vite les accomplissements – en avance sur les États-Unis – de la science soviétique dans les lasers ou la fusion nucléaire…

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying, a immédiatement répondu à Wray : « Alors que le peuple chinois combat l’épidémie comme un seul homme, certains individus aux États-Unis continuent d’attaquer et de diffamer la Chine. Ce qui laisse penser qu’au-delà du coronavirus, nous devrions également nous prémunir contre le virus de l’idéologie et de la mentalité de la guerre froide ».

Quelques jours auparavant, lors de son audition devant la Commission des forces armées du Sénat américain, le chef du Southern Command Craig Faller a également manifesté tous les symptômes de ce virus, en décrivant la Russie et la Chine comme des « acteurs malveillants » qui représenteraient une « grave menace » contre la sécurité de « notre hémisphère » et de « notre voisinage ». Un discours quelque peu culotté, au moment où l’Otan s’apprête à conduire ses plus importants exercices militaires depuis la Guerre froide… aux frontières de la Russie et de la Chine.

Évoquant d’une part les « collusions » de la Russie avec le Venezuela, le Nicaragua, Cuba et l’Iran, Faller a réservé une hostilité particulière envers l’Initiative de la Ceinture et la Route (ICR) de la Chine, à laquelle participent désormais 19 des 28 nations caribéennes. La Chine « pratique le même type de finance prédatrice et de largesses sans limite qu’elle a maniée dans d’autres parties du monde », a-t-il affirmé. Un discours un rien culotté, venant du responsable d’un pays qui pratique sans vergogne la guerre économique – au moyen de son puissant appareil juridique et de la fameuse loi d’extraterritorialité – dans le monde entier, y compris contre ses propres alliés (cf Alcatel, Alstom, BNP-Paribas, etc).

La parabole de la paille et de la poutre ne manque pas de candidats de nos jours…

Soulignons que, malgré la chasse aux sorcières macCarthyste menée par le FBI contre tout scientifique ou chercheur lié de près ou de loin à la Chine, les professionnels et institutionnels chinois et américain du secteur médical continuent de collaborer, y compris dans le contexte de l’actuelle épidémie. Par exemple, les chercheurs de l’université Fudan de Shanghai travaillent avec leurs homologues du Baylor College of Medecine, de la faculté de médecine de l’Université du Texas et du New York Blood Center, afin de développer un vaccin contre le coronavirus qui lui, on le sait, ne s’arrête pas aux frontières.

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