Le Covid-19 se propage en Italie, mise en garde de Movisol

vendredi 28 février 2020

Par Liliana Gorini, Présidente de Movisol, le mouvement de LaRouche en Italie

La propagation rapide du Covid-19 en Italie et le nombre important de décès consécutifs, sont aussi la conséquence des politiques de privatisation et d’austérité imposées par l’UE dans l’économie et la santé publique.

Au cours des deux dernières semaines, l’Italie, et tout particulièrement la région lombarde, ont fait la une des médias du monde entier suite à la propagation rapide du coronavirus, qui a conduit le gouvernement régional de Lombardie et de Vénétie et les autorités nationales à Rome, à prendre des mesures exceptionnelles de confinement (fermeture de toutes les écoles, églises, théâtres et interdiction des réunions et conférences publiques).

C’est ainsi que la conférence que je devais donner dimanche 1er mars à Seregno, ville proche de l’épicentre de la contagion, avec l’économiste italien Nino Galloni, sur les 4 lois de Lyndon LaRouche (et d’Enrico Mattei), a dû être annulée.

Au moment où j’écris ces lignes, le nombre de personnes infectées en Italie est passé à 400, dont 240 dans la seule région de Lombardie, et 12 personnes sont décédées. Toutes avaient plus de 75 ans ou étaient atteintes de maladies antérieures graves, comme le cancer.

Ce qui rend la situation problématique est qu’il s’agit dans tous les cas de contagions secondaires : aucun de ces malades n’était allé en Chine. Tous avaient été directement ou indirectement en contact avec le premier patient originaire de la région de Lodi, un jeune homme de 38 ans qui est toujours en soins intensifs avec une pneumonie sévère, malgré son jeune âge et le fait qu’il était coureur et footballeur.

De Codogno, dans la région de Lodi, le virus s’est propagé à d’autres régions, notamment l’Émilie-Romagne, la Vénétie, le Piémont, la Ligurie, la Basilicate et désormais aussi aux Marches et à la Toscane. Des mesures restrictives, telles que des patrouilles policières dans les rues pour éviter que les gens ne sortent de chez eux, comme à Wuhan, n’ont été prises que dans la zone rouge (Codogno et un petit village de Vénétie), tandis que dans le reste du nord de l’Italie, en particulier en Lombardie, en Vénétie et en Émilie-Romagne, le gouvernement régional a fermé les écoles, annulé les événements publics tels que le carnaval de Venise, des matchs de football et d’importantes expositions comme le Salon du meuble, prévu en avril à Milan.

Cette situation frappe bien entendu très durement l’économie italienne. 500 fermes de la région de Lodi risquent la faillite, comme l’a annoncé l’association agricole Coldiretti, ce qui, combiné à la folle politique du Green Deal de l’Union européenne, qui pénalise très durement le secteur agricole, aura des conséquences négatives sur l’approvisionnement alimentaire.

De nombreuses personnes ont été invitées à rester chez elles et à travailler à domicile, même dans des régions en dehors de la « zone rouge » de Codogno. La raison donnée par un médecin de soins intensifs en Vénétie, cité par l’agence de presse Agenparl, est qu’il n’y a pas assez de lits en soins intensifs pour faire face à une telle contagion. Avec une grippe normale, qui présente des symptômes similaires, on a moins de patients en soins intensifs, tandis qu’avec le Coronavirus, qui se propage plus rapidement et dont 20% des cas exigent des soins intensifs, « nous aurions plus de cas que de lits ; nous n’avons que 4000 lits en soins intensifs ».

Cette pénurie de lits est clairement le résultat de la politique de privatisations lancée en 1993 en Italie par Mario Draghi, ancien directeur de la BCE. Non seulement les entreprises publiques, mais aussi les hôpitaux publics de Lombardie et de Vénétie, ont été privatisés et ne peuvent plus assurer de soins intensifs. C’est aussi la conséquence de la politique d’austérité imposée à l’Italie par l’Union européenne, comprenant des coupes draconiennes dans les budgets de la santé et de l’éducation. Il n’y a pas assez de médecins pour soigner une telle épidémie, beaucoup d’entre eux ayant quitté l’Italie pour s’installer aux États-Unis ou dans d’autres pays parce qu’ils n’étaient pas assez bien payés.

Cette contagion et l’adoption de mesures strictes par les gouvernements régionaux ont contribué à répandre la panique dans la population. Lorsque le décret régional de fermeture des écoles a été annoncé le 21 février, les gens se sont rués dans les supermarchés pour tout acheter, comme s’ils devaient approvisionner un bunker pour les trois prochains mois.

J’ai pu moi-même observer ce phénomène : des gens empilaient dans leur chariot des packs de bouteilles d’eau, des pâtes et du lait pour deux mois, vidant les étagères en quelques heures. Dans le supermarché Esselunga de Cusano Milanino, il y a même eu une rixe au couteau entre des clients qui se battaient pour certains produits. Seuls Bocace dans son Decameron, ou Manzoni dans son « I promessi sposi » ont décrit des phénomènes de ce genre, typiques d’une psychose de masse comme celle que l’Europe a connue au moment de la peste noire, au XIVe siècle.

Mais la panique dans la population révèle également un manque de confiance dans les institutions politiques de l’UE et au niveau national, contrairement à ce qui a lieu en Chine, où les habitants ont suivi les instructions du gouvernement et ont fait confiance au président Xi Jinping. À ce stade, très peu de gens font encore confiance au gouvernement de Giuseppe Conte, autrement surnommé « gouvernement d’Ursula von der Leyen », car il a été mis en place pour empêcher les élections et imposer les mesures d’austérité de l’UE. D’ailleurs, il y a quelques semaines encore, ces dirigeants politiques assuraient aux Italiens que « tout était sous contrôle ».