Séparation bancaire : les 10 bonnes raisons de le faire

samedi 14 mars 2020

Séparation des banques : vous avez un doute sur le bien-fondé de la mesure pour faire face à la crise financière ? Vous ne savez pas comment convaincre vos élus et votre entourage ? Voici 10 arguments prêts à l’emploi contre les défenseurs des soi-disant bienfaits de la Banque universelle.

(Mise à jour : juin 2018)

  • De nombreux spécialistes reconnaissent, comme en 2008, que la faillite d’une seule mégabanque peut entraîner l’économie mondiale dans la dépression et le chaos ;
  • Le problème n’est pas « les banques », mais les banques dont aussi bien la taille que leurs interrelations avec l’ensemble des autres banques au niveau mondial, peuvent poser un risque systémique. Si une seule de ces banques mammouth, « premières de cordée », chute, c’est l’ensemble des autres qui tomberont ;
  • Le cas immédiatement devant nous, c’est la faillite de la Deutsche Bank, une des 15 mégabanques européennes qui, à elles seules, représentent 43 % du total des actifs du secteur bancaire de l’UE. La filiale américaine de la Deutsche Bank est sous quasi-tutelle des régulateurs américains. En Europe, la BCE s’inquiète fortement des conséquences de son sort et sa nationalisation fait débat ;
  • Entre 2008 et juin 2018, au niveau mondial, les Etats ont injecté 9 000 milliards de dollars d’argent public pour maintenir le système à flot, ce qui est aujourd’hui, vu le taux d’endettement, totalement impossible ;
  • Cette somme est l’équivalent de ce qu’ils ont consacré à l’aide au développement pendant 65 ans. Rien que dans la zone euro, il s’agit d’environ 20% du PIB. On estime, par ailleurs, à 20 millions le nombre d’emplois perdus et à 64 millions le nombre de personnes ayant basculé dans la pauvreté extrême comme conséquence de la crise ;
  • Au niveau de la régulation, peu a été fait. La dérégulation est même de retour. En octobre 2017, la Commission européenne a retiré son projet de réforme bancaire (Bank Structural Reform, BSR) et, aujourd’hui, les Etats-Unis préparent le détricotage de la « règle Volcker », qui, bien qu’imparfaite, tentait de freiner la spéculation.
  • Pourtant, comme l’affirme désormais Finance Watch, organisation indépendante qui défend l’intérêt général auprès des régulateurs financiers, « La séparation de l’activité de banque de détail des activités de banque d’affaires pour les institutions d’importance systémique est un paramètre primordial d’une régulation financière qui maîtrise les risques systémiques et réduit la probabilité d’une autre crise financière ».
  • Finance Watch souligne qu’une grande partie des transactions financières qui passent aujourd’hui par ces mégabanques ne concerne que des entreprises financières. Autrement dit, les citoyens et la plupart des petites et moyennes entreprises n’utilisent pas, ou très peu, ces services. Même les entreprises multinationales (les « entreprises non financières » dans le jargon financier) n’ont besoin que d’une fraction des transactions effectuées par ces mégabanques. En effet, moins de 10 % des titres de créance émis, moins de 10 % des dérivés de gré à gré et moins de 5 % des opérations de change sont utilisés par des entreprises de l’économie réelle. Ces services sont donc principalement nécessaires aux acteurs du secteur financier...
  • Finance Watch rappelle qu’une telle séparation produirait les effets suivants :
    • Re-focaliser l’activité des grandes banques sur le service de l’économie réelle tout en rendant les marchés de capitaux plus concurrentiels et moins subventionnés. Cela irait également dans le sens de la volonté de l’UE de disposer d’une union des marchés de capitaux sans effets de distorsion.
    • Mettre fin au soutien implicite de l’Etat des activités de trading financiers (courtage) des banques d’investissement. En effet, la garantie d’état des dépôts, nécessaire aux banques commerciales, devient, dans le système de banques universelles, une subvention implicite aux activités de marchés et encourage de fait la croissance excessive des mégabanques universelles.
    • Séparer deux cultures très différentes : celle du long terme de celle du court terme. Ceci permettrait d’éviter la situation actuelle dans laquelle la culture du court terme des banques d’investissement influence de manière négative la culture du long terme et la relation de confiance sur laquelle repose l’activité des banques commerciales.
    • Apporter de la stabilité financière, éviter la contagion entre banques et rendre leur gestion en cas de grande difficulté possible – même pour les plus grandes. Cela diminuerait considérablement le risque pour les contribuables de devoir encore renflouer les banques en cas de nouvelle crise financière.
    • Éviter le grippage de l’économie lorsqu’une banque d’investissement fait faillite. La séparation des activités bancaires permettrait qu’une banque d’investissement puisse faire faillite sans impliquer des acteurs de l’économie réelle.
  • En France, c’est Solidarité & Progrès, le parti de Jacques Cheminade qui a écrit une proposition de loi pour une séparation stricte et patrimoniale des grandes banques. Cette proposition de loi est disponible pour tout acteur politique ayant la lucidité et le courage d’agir avant que l’irréparable nous arrive.
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