Vite un G20 pour terrasser les trois virus (Covid-19, géopolitique et finance folle)

mercredi 25 mars 2020

Chronique stratégique du 25 mars 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Suite à une conversation téléphonique lundi entre les présidents Xi Jinping et Emmanuel Macron, le G20 se réunit ce jeudi 26 mars par visioconférence. Comme le soulignent la présidente internationale de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche et le président de Solidarité & progrès Jacques Cheminade, seul un esprit de coopération internationale permettra de surmonter la crise actuelle.

La géopolitique, c’est fini !

La crise sanitaire que nous traversons nécessite de mettre à la poubelle les vieilles doctrines de la géopolitique du XXe siècle, une bonne fois pour toutes. Dans sa déclaration du 17 mars, « Pourquoi il faut fermer les bourses européennes », Jacques Cheminade écrit que cette fermeture doit s’accompagner d’ « une réunion des principaux dirigeants du monde, pas dans le cadre du G7 qui est un rebut de la guerre froide, mais avec la Russie, la Chine, l’Inde et les États-Unis qui seuls peuvent en unissant leurs forces imposer un changement ».

La réalité lui a donné raison, puisque le G7, qui s’est réuni le 16 mars à l’initiative de Macron et de Trump, a accouché d’une souris, c’est a dire d’une déclaration disant que « tout sera fait » pour maintenir ouvertes les vannes des liquidités. Lundi 23 mars, lors d’un appel téléphonique, les présidents français et chinois ont décidé de convoquer de toute urgence un sommet extraordinaire du G20, reprenant l’idée soumise par le Premier ministre indien Narendra Modi, comme le rapportait le Deccan Herald le 18 mars. La visioconférence a été fixée ce jeudi.

Les deux présidents se sont accordés sur le fait que la tenue d’un tel sommet serait utile en particulier sur le plan sanitaire, en associant l’OMS pour travailler conjointement sur les traitements et le vaccin, et sur le plan économique (stabilisation de l’économie mondiale par des mesures coordonnées sur le plan budgétaire et monétaire, soutien aux États les plus vulnérables), précise le communiqué de l’Élysée.

Cessez-le-feu universel

Il devrait être clair que, dans cette crise sans précédent, les « sanctions » imposées par l’empire militaro-financier anglo-américain à l’Iran, la Russie, la Chine, etc. devraient être immédiatement et définitivement levées. Le simple fait que les sanctions soient maintenues contre la République islamique, l’un des pays les plus touchés par le Covid-19, constitue un crime contre l’humanité. Ce pays, qui tire une grande partie de ses revenus de ses ressources en hydrocarbures, ainsi que ses partenaires, doit pouvoir se servir de la devise américaine.

Mardi, le secrétaire général des Nations unies António Guterres a appelé à un assouplissement de toutes les sanctions, y compris celles contre l’Iran et la Corée du Nord, et à un « cessez-le-feu universel » dans le monde, afin que les peuples puissent combattre l’ennemi commun. « La fureur du virus illustre la folie de la guerre », a déclaré Guterres devant le siège de l’ONU à New-York. « C’est la raison pour laquelle j’appelle aujourd’hui à un cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde. L’heure est venue de laisser les conflits armés derrière nous pour concentrer nos efforts sur le véritable combat de nos vies. A vous qui êtes en guerre, je dis : Renoncez aux hostilités. Laissez de côté la méfiance et l’animosité. Posez les armes, faites taire les canons, mettez fin aux frappes aériennes ».

Non à la monnaie hélicoptère pour les spéculateurs

G20 : nécessaire coopération internationale pour faire la guerre au coronavirus. Cependant, sans guerre contre l’oligarchie financière et ses serviteurs de banque la guerre sanitaire serait perdue, écrit Jacques Cheminade sur son compte twitter, le 23 mars.

Les sirènes de la finance et de leurs porte-voix médiatiques sont en effet à l’unisson pour demander l’ouverture des vannes des liquidités. « Coronavirus, le moment pour la monnaie hélicoptère », titre par exemple le Financial Times le 20 mars. « Certains économistes appellent maintenant explicitement à la monnaie hélicoptère [impression illimitée d’argent] dans le sens que les banques centrales devraient directement financer les déficits des gouvernements », souligne le quotidien de Londres.

Or, rendre disponible du cash pour empêcher les PME de sombrer est bien entendu nécessaire. Par contre, céder à des spéculateurs qui opèrent en bande organisée et qui profitent du corona-krach pour se faire renflouer dans l’urgence en transformant l’ensemble des banques centrales en « bad bank », non !

Pourtant, c’est à quoi on assiste. Tout cumulé, la Banque centrale européenne (BCE) vient d’injecter 1050 milliards d’euros, sans la moindre exigence d’assainissement bancaire ; ce à quoi il faut ajouter les 410 milliards du Mécanisme européen de stabilité, que les gouvernements européens envisagent d’employer. De son côté, la Réserve fédérale américaine (FED) a rendu officiel le rachat illimité d’actifs sans distinguer ce qui sert l’économie réelle de la bulle purement spéculative. Ces injections monétaires ont provoqué à court terme un rebond boursier, telle une éruption aussi malsaine que les chutes des précédentes semaines. De plus, contrairement aux fantasmes de nos dirigeants, seule une faible proportion de cet argent bénéficie à l’économie réelle, le reste – 80 à 90% – alimente les bulles.

La continuation de ces renflouements des opérations spéculatives de Wall Street et de la City de Londres ne peut qu’aggraver la crise sanitaire et conduire à une hyperinflation similaire à celle qui avait frappé l’Allemagne de Weimar en 1923. Le G20 se rendrait impuissant s’il n’abordait pas le danger que constitue la politique de renflouement monétaire des banques centrales, qui atteint des proportions gargantuesques.

A l’opposé complète de cette folie, une réorganisation de type « Glass-Steagall Act » – fermeture temporaire des marchés, séparation des banques de dépôt et des banques d’affaires et annulation des dettes spéculatives – doit absolument être mise sur la table. A nous de l’inscrire à l’ordre du jour du G20 qui se tient ce jeudi.

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