USA - OTAN : l’urgence de laisser les couteaux de la géopolitique au vestiaire

mercredi 2 septembre 2020

Chronique stratégique du 2 septembre 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Depuis une semaine, plusieurs incidents et provocations ont fait monter en flèche la température entre les États-Unis, la Russie et la Chine. Cet engrenage doit être stoppé de toute urgence, avant qu’une simple erreur humaine ne déclenche l’irréparable.

Sur les principaux « théâtres » de tensions géopolitiques – mer de Chine, mer Baltique, mer Noire, Moyen-Orient, etc – plusieurs incidents sont survenus ces derniers jours, impliquant d’un côté l’OTAN et les États-Unis, et de l’autre la Chine et la Russie. Considérés dans leur ensemble, ils montrent combien la situation du monde est périlleuse, d’autant plus en l’absence de conscience du grand public.

Points chauds d’un grand brasier

La propagande anti-russe et anti-chinoise, qui domine les médias occidentaux depuis au moins le coup d’État en Ukraine en 2014, a façonné un climat de tensions qui fait écho à la période ayant précédé la 1ère Guerre mondiale, quand Jean Jaurès comparait l’Europe à un vaste champ de paille où déambuleraient plusieurs aveugles avec une torche à la main. Et si de leur côté les néoconservateurs anglo-américains cherchent à créer délibérément la provocation et l’escalade, ce climat est tel que nous ne sommes pas à l’abri d’une erreur de jugement ou d’une perte de sang froid du côté des Russes et des Chinois.

Tour d’horizon des récents événements :

 Le 25 août, un avion espion américain U-2, surnommé « Dragon Lady », a survolé une zone d’exclusion aérienne dans le Golfe de Bohai, à 300 kilomètres des côtes chinoises. Il a forcé l’interruption de manœuvres navales de l’Armée populaire de libération (APL), qui se tenaient à cet endroit, comme l’avaient fait savoir plusieurs avis officiels de l’armée chinoise. Le ministère chinois de la Défense a dénoncé « un acte de provocation pur et simple », et deux missiles ont été tirés en guise d’avertissement aux États-Unis.

 Le 26 août, des exercices militaires russes en mer de Béring – les plus importants jamais réalisés par la Russie dans la région – ont causé un grand émoi parmi un groupe de bateaux de pêche américains, en dépit du fait que ces exercices étaient planifiés et connus des autorités militaires américaines.

 Le 27 août, une confrontation très tendue a eu lieu dans le Nord-Est de la Syrie entre des véhicules militaires et des hélicoptères russes et des blindés américains, causant des blessés du côté des soldats américains.

 Le 28 août, deux bombardiers américains B-52H, volant sous la bannière de l’OTAN dans le cadre de l’opération « Allied sky », se sont approchés de la frontière russe au-dessus de la mer Baltique et en mer Noire, forçant des chasseurs russes Su-27 à intervenir afin de les intimider et de les amener à faire demi-tour. Signe que le sang bouille dans les veines, l’US Air force a publié une vidéo montrant que l’intervention en mer Noire a été très mouvementée, les Su-27 passant plusieurs fois à moins de 30 mètres du nez du B-52.

Suite aux événements du 28 août en mer Baltique, l’OTAN a accusé la Russie d’avoir violé la frontière danoise lorsque les Su-27 ont escorté le bombardier de l’Alliance atlantique. Le 1er septembre, le Danemark a annoncé avoir convoqué l’ambassadeur russe après cette « violation de son espace aérien ».

Guerre ou objectifs communs de l’humanité ?

Cette situation d’extrême tension, où la paix mondiale repose à tout instant sur les épaules de tel ou tel soldat ou pilote d’avion, est comparable à celle de la crise des missiles de Cuba, avec en plus les dimensions de la pandémie et de la banqueroute du système financier de Wall Street et de la City de Londres.

Et il ne faut pas croire qu’une éventuelle élection des Démocrates à la Maison-Blanche, en novembre prochain, pourrait changer la donne, bien au contraire. Car si le départ du secrétaire d’État Mike Pompeo et du secrétaire à la Défense Marc Esper est plus que nécessaire, un gouvernement Joe Biden serait encore plus belliqueux. En témoignent les récentes déclarations de celle qui est pressentie pour devenir sa secrétaire à la Défense, Michèle Flournoy, qui fut l’une des architectes de la guerre de 2011 en Libye, au sein de l’administration Obama. Dans un article publié le 18 juin dernier dans le magazine Foreign Affairs, elle soulignait la nécessité de renforcer la stratégie de « Pivot asiatique » mise en place par Obama dans l’intention d’encercler militairement la Chine et brider son développement.

Solidarité & progrès et l’Institut Schiller sont pleinement mobilisés pour faire sonner l’alerte sur cette situation de « pré-guerre », et pour faire s’associer toutes les forces humanistes qui, des deux côtés, se battent pour sortir leurs gouvernements de cet engrenage, laisser les couteaux de la géopolitique au vestiaire, et poser les bases d’une détente et d’une nouvelle ère de paix par le développement mutuel entre les nations.

La visioconférence de l’Institut Schiller, qui se tiendra les 5 et 6 septembre, sur le thème « Compte à rebours vers la guerre ? Ou coopération entre nations souveraines autour des objectifs communs de l’humanité ? », s’attellera justement à cette tâche. Inscrivez-vous dès maintenant !

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