Un coup d’État militaire contre Trump est en préparation

mercredi 16 septembre 2020

Chronique stratégique du 16 septembre 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Les 5 et 12 septembre, lors de deux conférences internet de l’Institut Schiller, le colonel Richard Black (cr), ancien sénateur de l’État de Virginie, a demandé à Mark Esper, le ministre américain de la Défense, de prendre des mesures disciplinaires contre des hauts officiers de l’armée américaine qui préparent ouvertement un coup d’État militaire contre le président Donald Trump.

Tous les signes sont là

Pour Richard Black, Les États-Unis sont sujets à une menace intérieure, et non pas extérieure, incarnée par la Chine et la Russie, comme les médias tentent de le faire croire. Pour cet ancien haut gradé, qui dirigeait le service du droit pénal au Pentagone, tous les signes sont là indiquant qu’un coup d’État militaire est en préparation.

Le 9 septembre, le Washington Post a publié des extraits du nouveau livre de Bob Woodward dans lesquels on apprend qu’en mai 2019, le général James Mattis avait prévenu Dan Coats, à l’époque le directeur du Renseignement national, que « le temps pourrait venir où il faudra agir collectivement » car Trump est « dangereux et inapte ». Rappelons que Mattis a démissionné de son poste à la tête du Pentagone en décembre 2018, refusant d’appliquer la décision de Trump de retirer les troupes de Syrie.

Richard Black a également évoqué la lettre ouverte de deux lieutenants-colonels à la retraite, John Nagle et Paul Yingling, à l’intention du général Mark Milley, le chef d’état-major des armées américaines, publiée le 11 août dans la revue militaire en ligne Defense One, un média lié au Atlantic Council et au complexe militaro-industriel. Dans cette lettre, les deux officiers exhortent Milley, le cas échéant, à recourir à la force militaire : « Si Donald Trump refuse de quitter ses fonctions à l’expiration de son mandat constitutionnel, l’armée américaine doit le démettre de ses fonctions par la force, et vous devez donner cet ordre », écrivent-ils.

Le Journal du Dimanche est l’un des rares médias à en avoir fait écho en France. Dans son édition du 6 septembre, il évoque l’existence d’un scénario échafaudé en juin dernier par le Transition Integrity Project (TIP) dans lequel, en cas de refus du président Trump de quitter la Maison-Blanche, « l’armée indique qu’elle saura prendre ses responsabilités constitutionnelles », l’état-major menaçant de démissionner collectivement. Cependant, le JDD ne précise pas que le TIP a été fondé fin 2019 par des responsables de l’administration Obama, tel que le professeur Rosa Brooks, l’ancienne assistante de la sous-secrétaire à la Défense Michele Flournoy, déjà pressentie pour devenir la ministre de la Défense sous Biden. En janvier 2017, soit quelques jours après l’inauguration de Donald Trump, Brooks avait publié une tribune dans le magazine Foreign Policy, dans laquelle elle suggérait plusieurs moyens de virer Trump de la Maison-Blanche.

Joe Biden lui-même a ouvertement exprimé le souhait de voir l’armée intervenir dans le cas où Donald Trump refuserait de quitter son poste. En juin, lors d’une interview au Daily Show, il a déclaré : « Je vous le promets, je suis absolument convaincu qu’ils vont l’escorter hors de la Maison Blanche avec une grande diligence ».

La gangrène du Pentagone

La révolte des généraux est devenue visible cet été, lorsque Trump a menacé en juin d’invoquer l’Insurrection Act de 1808 afin de déployer la Garde nationale dans les villes où les autorités locales seraient dépassées par les émeutes.

James Mattis, Colin Powell – dont on se souvient des mensonges sur les armes de destruction massive irakiennes – le général (cr) John Kelly, et d’autres, rejoints par le chef du Pentagone lui-même, Mark Esper, sont tous montés au créneau pour dénoncer le plan de Trump. Le 5 juin, Leon Panetta et Chuck Hagel, deux anciens secrétaires à la Défense de l’administration Obama, se sont associés à 87 officiers militaires à la retraite dans une lettre ouverte publiée par le Washington Post, se disant « alarmés par la façon dont le président menace d’ordonner aux membres de l’armée US de violer les droits constitutionnels des citoyens ».

Pourtant, comme l’a rappelé Richard Black, l’Insurrection Act autorise bien le président américain à déployer l’armée sur le territoire américain pour mettre un terme aux troubles civils, à l’insurrection et à la rébellion ; cette loi fédérale a même été invoquée 22 fois depuis 1808, par plusieurs présidents, dont Thomas Jefferson, Andrew Jackson, Ulysse Grant, Franklin Roosevelt, Dwight Eisenhower, JFK, Lyndon Johnson et George Bush père – ce que ne peuvent ignorer les généraux.

Les déclarations de ces responsables militaires semblent calculées pour saper l’autorité du président, a affirmé Black. En suggérant que l’invocation de l’Insurrection Act est illégale et en minimisant la terreur urbaine généralisée, ils ont donné leur imprimatur à un comportement violent et criminel. L’article 88 du Code militaire interdit aux officiers à la retraite d’utiliser des mots méprisants à l’encontre du président des États-Unis. (…) La diffusion coordonnée de remarques cinglantes par de hauts fonctionnaires, associée à la publication d’une lettre préconisant un coup d’État militaire, fait apparaître la profonde gangrène qui ronge le Pentagone et notre structure constitutionnelle. A ma connaissance, ni le secrétaire à la Défense ni les chefs de service n’ont pris aucune mesure contre ces appels publics à l’insurrection militaire.

Il faut souligner au passage que l’article 88 est également valable pour les militaires exprimant ouvertement leur soutien au président Trump, comme l’a fait un groupe de 235 officiers à travers une lettre ouverte publiée le 14 septembre. De son côté, le chef d’État-major Mark Milley s’est fermement désolidarisé de ces initiatives, déclarant vendredi devant les élus du Congrès que l’armée ne jouera aucun rôle lors des élections de novembre et n’aidera pas à régler les différends si les résultats sont contestés. « La Constitution et les lois des États-Unis et des États établissent des procédures pour la tenue d’élections et pour la résolution des différends sur le résultat des élections. Je ne vois pas l’armée américaine comme faisant partie de ce processus », a-t-il affirmé.

Le fait que le colonel Richard Black et deux lanceurs d’alertes et anciens responsables de la NSA, William Binney et Kirk Wiebe, s’affichent aux côtés du Comité d’action politique de Lyndon LaRouche pour dénoncer haut et fort ce danger de coup d’État militaire, indique une prise de conscience tardive mais réelle de l’ampleur du danger. A nous de lui donner l’écho que mérite leur message.

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