La proposition de Poutine pour écarter le danger de conflit nucléaire

jeudi 1er octobre 2020

Chronique stratégique du 1er octobre 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le 25 septembre, Vladimir Poutine a proposé aux États-Unis un accord pour éviter « une confrontation massive » dans le domaine cybernétique. Par cette initiative, entreprise à quelques mois de l’expiration du traité New Start de réduction des armes stratégiques, le président russe cherche à écarter le risque d’escalade vers un conflit nucléaire, et à neutraliser les adeptes, côté américain, de la doctrine de « première frappe nucléaire ».

Proposition d’accord stratégique

En février 2021, le traité New Start de réduction des armes stratégiques, signé en 2010 entre Moscou et Washington, arrivera à expiration. Les négociations sont en cours entre les deux pays pour le prolonger, mais dans le contexte des tensions internationales et de la campagne présidentielle, les Américains jouent sur le seuil du point de rupture, posant des exigences inacceptables pour les Russes tout en menaçant de se retirer tout court du traité. Marshall Billingslea, l’envoyé spécial de la Maison-Blanche, a affirmé le 20 septembre qu’en cas de refus de la Russie, Washington sera « content de continuer la modernisation de l’arsenal nucléaire sans les restrictions de New Start ».

Face à cette mauvaise volonté, Poutine a mis sur la table une proposition visant, en abordant le problème par l’angle de la cybersécurité et du principe de non-ingérence, à rétablir le dialogue entre les deux puissances nucléaires – dialogue qui, suite au coup d’État de 2014 en Ukraine, est quasiment tombé au point mort.

Publiée sur le site internet du Kremlin, la déclaration propose aux États-Unis de travailler sur un accord pour « empêcher d’engager une première frappe cybernétique l’un contre l’autre », en quatre points :

  1. Rétablir un dialogue régulier à grande échelle entre les deux parties pour garantir la sécurité à un niveau élevé dans le domaine.
  2. Maintenir un fonctionnement continu et efficace des canaux de communication entre les services responsables de la réduction du danger nucléaire, les équipes de réponse rapide aux incidents informatiques et les haut fonctionnaires en charge des questions de la sécurité numérique.
  3. Développer conjointement un accord intergouvernemental bilatéral sur la prévention des incidents dans le domaine numérique, similaire à l’accord américano-soviétique de 1972 sur les incidents en haute mer et dans l’espace aérien.
  4. Échanger, dans un format mutuellement acceptable, des garanties de non-ingérence dans les affaires internes des autres pays, y compris dans les processus électoraux au moyen de technologies de l’informatique et du numérique.

    Ces mesures ont pour but de reconstruire la confiance entre nos deux États, et de promouvoir la sécurité et la prospérité de nos peuples, a déclaré Vladimir Poutine. Elles contribueront de manière significative à garantir la paix mondiale dans le domaine numérique.

Provocations aux frontières de la Russie

Le 25 septembre, suite aux exercices militaires sino-russes Kavkaz 2020, le chef d’État-major russe Valéri Guérassimov a souligné le danger d’une situation où les forces de l’OTAN multiplient leurs opérations de plus en plus proche des frontières russes. Deux bombardiers B-52 et un avion de chasse italien Typhoon venaient justement d’effectuer un tour autour de l’enclave de Kaliningrad, simulant une attaque contre ce bastion militaire de la Russie en Europe de l’Est. « Les États-Unis et l’OTAN étendent leurs activités militaires non plus seulement dans l’Atlantique et dans les régions caribéennes, mais à une distance de 20-30 kilomètres des frontières russes », a-t-il déclaré.

En conséquence, la Russie forme ses pilotes pour s’assurer que les incidents aériens, qui se font de plus en plus fréquents ces dernières semaines, ne deviennent hors de contrôle. Les forces armées russes ont en effet enregistré en un mois « près de 30 vols stratégiques de l’OTAN très proches de nos frontières ».

Guérassimov a notamment cité l’incident du 4 septembre en mer Noire, où trois B-52 et plusieurs avions de reconnaissance de l’OTAN ont déclenché une alerte majeure parmi les forces de défense aérienne russes, les obligeant à envoyer huit avions de chasse Su-27 et Su-30. « Nous ne voulons pas que des incidents créent une escalade vers un conflit militaire, a expliqué le chef d’État-major. C’est pourquoi nous formons nos pilotes et nos capitaines de marine de façon à respecter tous les accords juridiques internationaux ».

La France doit soutenir l’initiative russe

Numéro de septembre du journal Nouvelle Solidarité

Entre le conflit Arménie-Azerbaïdjan, la Biélorussie, Taïwan, la Syrie, etc, les foyers de tensions se multiplient, faisant du monde une véritable poudrière dans laquelle, comme à la veille de la 1ère Guerre mondiale, un seul de ces foyers peut déclencher une escalade inarrêtable. Car, au-delà des particularités locales ou régionales, le dénominateur commun est la volonté des intérêts anglo-américains d’amener la Russie et la Chine sur le seuil d’un conflit nucléaire, afin de les forcer à se soumettre et à renoncer à leur souveraineté économique et stratégique, de la même manière que la France et l’ensemble des pays européens ont renoncé à la leur.

C’est pourquoi, au lieu d’un Macron faisant le cador en Lituanie aux côtés d’une opposante biélorusse made in CIA, la France devrait exiger auprès des États-Unis et de l’OTAN de mettre un terme aux provocations contre la Russie et la Chine et apporter un soutien ferme à la proposition de Poutine évoquée plus haut.

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