Russiagate : le joker qui peut rebattre les cartes de la présidentielle US

mardi 13 octobre 2020

Chronique stratégique du 13 octobre 2020 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le 6 octobre, à la demande du président Trump, le directeur du renseignement américain John Ratcliffe a déclassifié des notes de l’ancien chef de la CIA John Brennan. Celles-ci montrent que le clan Clinton-Obama, avec la complicité des services de renseignement, a délibérément fabriqué le « Russiagate » — l’accusation d’ingérence russe dans les élections de 2016 –, dans le but de diffamer Trump et de détourner l’attention des courriels d’Hillary.

Ces divulgations ne sont qu’un début. Trump demande en effet la publication de l’intégralité des documents. La mise en lumière de cette vaste machination change potentiellement la donne dans l’élection du 3 novembre prochain.

La collusion Trump-Russie, une machination du clan Clinton

Mardi 6 octobre, alors qu’il sortait tout juste de l’hôpital, où il était soigné du Covid-19, Donald Trump a annoncé sur son compte Twitter qu’il avait autorisé « la déclassification totale de tous les documents relatifs au plus grand crime politique de l’histoire américaine – la fraude sur la Russie et le scandale des courriels d’Hillary Clinton ». Plus tard dans la journée, John Ratcliffe a déclassifié des notes manuscrites du 28 juillet 2016 rédigées par John Brennan, qui dirigeait alors la CIA, dans lesquelles il informait le président Obama qu’Hillary Clinton avait approuvé « une proposition de l’un de ses conseillers en politique étrangère visant à diffamer Donald Trump en suscitant un scandale alléguant l’ingérence du service de sécurité russe ».

Le porte-parole d’Hillary Clinton, Nick Perill, a eu beau qualifier ces allégations de « conneries sans fondements », il apparaît désormais au grand jour que dès son origine, cette affaire a été savamment initiée, orchestrée, alimentée par la clique Hillary, Obama, Brennan, etc, avec l’aide bienveillant de certains services britanniques qui y voyaient leur intérêt !

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Ces révélations font suite à la publication, également par John Ratcliffe, de documents déclassifiés montrant qu’en septembre 2016, les responsables des services de renseignement américains ont transmis un dossier d’enquête sur Hillary Clinton approuvant « un plan concernant le candidat présidentiel américain Donald Trump et les hackers russes entravant les élections américaines » afin de distraire le public du scandale des courriels de la candidate démocrate. Le dossier avait alors été transmis au directeur du FBI James Comey et confié au fameux Peter Strzok, alors directeur-adjoint du contre-espionnage.

Le lendemain, lors de son débat face à la candidate démocrate à la vice-présidence, Kamala Harris, le vice-président Mike Pence a enfoncé le clou :

Sénatrice, votre parti a passé les trois dernières années et demi à essayer d’inverser le résultat de la dernière élection. C’est fou. Quand Joe Biden était vice-président des États-Unis, le FBI a effectivement espionné l’équipe de campagne de Trump. (…) Et, bien sûr, nous avons vu l’avalanche, tout ce que vous avez fait subir au pays pendant toutes ces années, jusqu’à ce qu’on trouve qu’il n’y a eu aucune collusion, aucune obstruction, affaire conclue. Ensuite, sénatrice Harris, vous et vos collègues au Congrès avez essayé de destituer le président des États-Unis à propos d’un appel téléphonique. Et maintenant, Hillary Clinton dit à Joe Biden qu’en aucune circonstance il ne doit concéder l’élection.

La grande peur d’un Trump 2 sortant de l’OTAN

Interviewé le 8 octobre sur Fox TV, Donald Trump a dénoncé le fait que son propre ministre de la Justice William Barr, qui conduit la contre-enquête sur le Russiagate, cherchait des prétextes pour reculer la publication de l’ensemble des éléments accumulés en près de deux ans d’enquête, et empêcher ainsi l’enclenchement des mises en examens des responsables. Trump s’en est pris également au directeur du FBI Christopher Wray, à la directrice de la CIA Gina Haspel, et, pour la première fois, il a pointé du doigt son secrétaire d’État Mike Pompeo – qui mène la croisade anglo-américaine contre la Chine et la Russie —, déplorant que Pompeo n’ait pas rendu publics les fameux courriels d’Hillary Clinton, qui croupissent depuis tout ce temps dans les cartons du Département d’État.

Comme le souligne Jacques Cheminade dans son éclairage du 10 octobre, les milieux du renseignement anglo-américain ont voulu éliminer Trump dès sa candidature en 2015, car ils le jugeaient trop imprévisible. Selon Cheminade, la situation est comparable à celle où « John F. Kennedy avait face à lui la CIA d’Allen Dulles, qui est impliqué dans l’assassinat de Jean Moulin, et J. Edgar Hoover au FBI », qui voulaient tous deux se débarrasser de lui en raison de sa politique de paix par le développement mutuel.

Les milieux que certains appellent le « Deep State », et qu’il faudrait plutôt désigner comme « l’oligarchie financière anglo-américaine avec tout son appareil idéologique et de renseignement », ont besoin d’une marionnette à la Maison-Blanche, qui soit parfaitement malléable à leur stratégie de guerres permanentes, comme l’a été Joe Biden pendant toute sa carrière politique. La grande peur est de voir Trump, s’il était réélu, sortir de l’OTAN, qui est conçue par cette oligarchie comme une arme qu’on peut manipuler pour tenir les Européens, et pour maintenir une logique de conflit avec la Russie et la Chine.

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Cette peur est de plus en plus palpable, comme on peur le voir dans la récente tribune de Sylvie Kauffman, l’ancienne directrice de la rédaction du Monde, ou encore dans l’interview de John Bolton, l’ancien conseiller à la sécurité national de Trump, le 6 octobre dans Le Parisien. Kauffman, qui à un long passif d’agent d’influence de l’establishment anglo-américain, évoque le retour du « blob » — c’est-à-dire le terme utilisé par l’ancien conseiller d’Obama, Ben Rhodes, pour qualifier « la communauté de Washington des experts en politique étrangère » — qui redoute plus que tout un second mandat de Trump. « Ces experts voient les États-Unis quitter l’OTAN, retirer leurs troupes de Corée du Sud et d’Afghanistan, la Chine prendre de plus en plus de place et l’Europe, privée du pilier américain, sombrer dans le tumulte », écrit Kauffman. Notons que le retournement de Boris Johnson en faveur de Joe Biden est tout à fait cohérent avec cela.

De son côté, John Bolton craint que, si quatre années de Trump pourraient facilement être « réparées », il en serait tout autrement avec huit années. Pour le faucon, le problème principal est que les décisions de Trump sont motivées par sa base électorale. « Cette logique a prévalu pour le retrait des troupes américaines en Syrie, mais aussi sur l’Irak, l’Afghanistan, le programme nucléaire iranien ou nord-coréen… S’il rempile à la Maison-Blanche, ce garde-fou tombera car il sera libéré de toute entrave politique ».

Une course-contre-la-montre est engagée, pour mettre en lumière cette opération contre la présidence américaine. Les efforts de l’Institut Schiller international, et en particulier de nos amis américains et des lanceurs d’alerte comme William Binney et Kirk Wiebe, commencent à porter leurs fruits. Le 8 octobre, dans le Wall Street Journal, le sénateur républicain Ron Johnson a dénoncé une « tentative de coup d’État » visant à empêcher la réélection de Trump.

Continuons de dire haut et fort la vérité !

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