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Attentats, choc des civilisations : Vereycken interrogé par la télévision chinoise CGTN

mardi 3 novembre 2020, par Karel Vereycken

Dimanche 1er novembre, à midi, la présentatrice Zou Yue, animatrice du programme de grande écoute « Zoom In », pour la chaîne de télévision chinoise CGTN ZOOM IN, a demandé à Karel Vereycken, de présenter son analyse des attentats terroristes frappant actuellement la France.

Pour accéder à la vidéo de CGTN, c’est ici, en déscendat, dans la section LIVE TV, sélectionner la date du 1er novembre. Dans l’émission ZOOM IN de 12h, cela démarre à la minute 26.

CGTN : Pour de plus amples informations sur les attentats en France, nous avons rejoint par téléphone Karel Vereycken, analyste politique du mensuel Nouvelle Solidarité et contributeur au think tank Institut Schiller. Bonjour Monsieur. Tout d’abord, nous assistons en France à de nouveaux attentats terroristes semblables à ceux auxquels on a assisté il y a quelques années. Qu’est-ce qui provoque cela ?

Karel Vereycken : Eh bien, cela se produit, à la fois en France et dans le monde entier. Parce que le premier agresseur, qui a tué Samuel Paty, était en France depuis plus de dix ans, mais ensuite il a parlé avec des djihadistes de la communauté tchétchène à Idlib, en Syrie. L’attentat a donc eu lieu en France, mais il s’agit en même temps d’une affaire internationale. La deuxième personne, originaire de Tunisie, est entrée en Europe le 9 octobre, puis, à peine 20 jours plus tard, elle commet cet horrible attentat à Nice. Il y a donc quelque chose en train de se passer avec certaines forces qui jouent la carte du « Choc des civilisations » et qui préparent une guerre internationale. Et ils favorisent de telles attaques, y compris de l’extérieur. Ce serait donc une erreur de tomber dans le piège.

CGTN : Karel, pensez-vous que ces attaques auront un impact sur la politique migratoire de l’UE ?

Karel Vereycken : J’espère que l’Europe va enfin se rendre à l’évidence que nous avons besoin d’une politique migratoire basée sur le co-développement. Je pense que l’Europe et la France devraient immédiatement soutenir la proposition du président russe, Poutine, qui a proposé jeudi dernier d’organiser une conférence d’urgence, les 11 et 12 novembre à Damas, permettant d’organiser le retour des migrants en Syrie, aussi bien ceux qui sont déplacés à l’intérieur du pays que ceux qui se trouvent à l’extérieur, en Turquie et dans le monde arabe. Si la Chine, la Russie, les États-Unis et l’Europe s’unissent pour stabiliser la situation et créer les conditions du développement, les migrants pourront accéder au développement chez eux et nous créerons un pôle opposé à l’irrationalité du terrorisme. C’est là le véritable défi à relever. Jusqu’à présent, il n’y a pas de véritable réponse (de l’Occident) et on assiste même à un rejet de la part des Anglo-Américains de l’initiative russe. Je pense que c’est une très grande erreur parce qu’il s’agit d’une occasion de vraiment changer la donne.

CGTN : Et puis on assiste à des attaques contre les musulmans en France ces derniers jours. A quel point pensez-vous que le pays est divisé au stade actuel ?

Karel Vereycken : Je pense qu’elle va échouer. Les Français ne sont ni xénophobes ni islamophobes. Chaque fois qu’il y a une tentative de diviser le peuple français, ils se lèvent et se donnent la main. Il y a un autre virus qui est l’opportunisme politique. Où vous avez des gens de tous bords contre le gouvernement, où des gens de différents bords politiques, saisissent l’occasion de faire beaucoup de bruit, non pas pour le bien de la nation ou du monde, mais pour leur propre carrière politique, et essaient d’exploiter ces événements horribles, au lieu d’agir comme de véritables hommes d’État.

CGTN : Nous savons aussi que le président français Macron est soumis à de fortes pressions, non seulement en France mais aussi de la part de pays étrangers. Quelle devrait être la prochaine étape pour lui ?

Karel Vereycken : Eh bien, le président Macron s’être rendu compte qu’il y avait un piège. Bien sûr, il s’est probablement inspiré de ce que le Président Jacques Chirac a dit (il y a des années) : la liberté d’expression n’est pas seulement un droit, mais également l’obligation d’être responsable et d’agir dans un cadre de respect mutuel. Les médias internationaux ont fait un très sale boulot, en prétendant que Macron faisait de la propagande anti-islamique, ce qu’il n’a pas réelle fait, mais il n’a malheureusement pas immédiatement corrigé la façon dont ce qu’il a dit a été présenté. Bien sûr, son obligation, en tant que président, c’est de défendre le droit garantissant la liberté d’expression.Mais les extrémistes, de tous bords, estiment pouvoir manipuler les émotions par le biais de ce genre d’actes horribles.

CGTN : Merci beaucoup M. Vereycken pour votre analyse, merci beaucoup.