Au menu de la présidence Biden : « Corporatisme, militarisme et impérialisme »

vendredi 22 janvier 2021

Chronique stratégique du 22 janvier 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Joe Biden a prêté serment ce mercredi 20 janvier, après une période de transition pleine de turbulences. A Washington, à Londres et dans les autres capitales occidentales, on souffle enfin. On jubile de se voir débarrassés de Trump et des trumpistes (ses 75 millions d’électeurs) – écartés par la fraude électorale sans doute la plus massive de l’histoire des États-Unis, muselés par une vaste opération de censure des GAFAM, et enfin relégués derrière les 26 000 soldats de la Garde nationale. Le complexe militaro-financier peut enfin revenir aux affaires.

Les médias atlantistes ne cachent par leur satisfaction, voire leur extase, face à l’arrivée au pouvoir de Biden, décrit comme un grand démocrate, dont le tempérament « modéré » — en contraste avec celui de Trump – serait censé ramener « l’apaisement ». Une image d’Épinal qui ne résistera pas longtemps à la réalité, tant l’administration Biden-Harris, qui s’installe à la Maison-Blanche, présente un casting et une orientation qui pourrait s’avérer bien pire que la précédente.

Joe Biden lui-même a fait carrière en servant ces intérêts comme l’a rappelé Glenn Greenwald, le journaliste d’investigation qui avait aidé Edward Snowden, dans une série d’interviews sur Fox News et sur RT. Pour lui, la censure sans précédent des Big Tech à l’encontre de Donald Trump, marque le retour au pouvoir du « corporatisme » et du « militarisme » que le nouveau président a toujours soutenu — il fut par exemple l’un des principaux défenseurs de l’invasion d’Irak.

Au niveau national, Biden est « un serviteur loyal de l’industrie bancaire » et « l’architecte de la loi sur le contrôle des crimes violents et des forces de l’ordre de 1994 », à l’origine de l’incarcération massive des minorités noires aux États-Unis, loi qui reste en travers de la gorge de l’aile gauche du Parti démocrate. Ce qui ne manque pas d’ironie, quand on sait que la campagne de Biden a reçu le soutien de l’organisation Black Lives Matters – aidée, il est vrai, par l’argent généreux de l’Open Society de George Soros et par d’autres fondations liées à Wall Street…

Pour Greenwald, le Parti démocrate actuel « sert le militarisme, l’impérialisme et le corporatisme. (…) C’est ce qui les finance, et c’est ce en quoi ils croient. C’est pour cela que les néocons ont si facilement migré vers le Parti démocrate, que vous voyez les anciens de l’administration Bush-Cheney chérir Joe Biden, et que Wall Street s’est enthousiasmé lorsque Kamala Harris a été choisie [pour la vice-présidence] ».

En effet, comme nous l’avions montré dans notre chronique du 1er décembre 2020, le cabinet Biden qui prend le pouvoir réunit tout le gratin des néocons et autres faucons de guerre. En France, au jour de l’inauguration, on déchante déjà en découvrant les liens entre les nouveaux ministres et le complexe militaro-financier : « Jake Sullivan, le conseiller pour la sécurité nationale ? Un ancien de Carnegie, le plus ancien think-tank de Washington (créé en 1910) spécialisé en politique étrangère. Janet Yellen, la secrétaire au Trésor ? Chercheuse émérite à la Brookings Institution, l’imposante structure du quartier Dupont Circle. William Burns, le prochain directeur de la CIA ? Ex-président de Carnegie. Kathleen Hicks, future numéro deux du Pentagone ? CNAS (Center for a New American Security). Victoria Nuland, au Département d’État ? Brookings », peut-on lire dans un article de Ouest-France, publié le 20 janvier.

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Sans doute trop pudique, le quotidien régional oublie de mentionner Antony Blinken, le nouveau secrétaire d’État, qui, avec Victoria Nuland et Joe Biden lui-même, ont été au cœur du coup d’État orchestré en Ukraine en 2014, à l’aide des milices néo-nazies ; trop pudique également pour rappeler que Victoria Nuland, lors de sa conversation téléphonique avec l’ambassadeur américain à Kiev, en février 2014, avait envoyé l’Union européenne « se faire foutre »

« Gouvernement fantôme » BlackRock : finance verte et austérité

Cependant, le plus révélateur de l’orientation de l’administration Biden est son infiltration par de hauts responsables de BlackRock. Avec ses 8000 milliards d’actifs répartis entre la Deutsche Bank, Wells Fargo, Apple, Microsoft et d’autres géants de Wall Street, la firme américaine est le plus grand gestionnaire d’actifs du monde.

Le 8 janvier, Mike Pyle, son chef de stratégie mondiale de l’investissement, a été nommé économiste-en-chef de la vice-présidente Kamala Harris. Il s’agit du troisième haut cadre exécutif du « gouvernement fantôme BlackRock », comme le qualifie le journaliste Max Moran sur le site readsludge.com. Auparavant, Brian Deese, ancien responsable du secteur « développement durable » (finance verte), avait été nommé directeur du Conseil économique national, et Wally Adeyemo, ancien chef de cabinet du PDG de BlackRock Larry Fink, au poste de secrétaire-adjoint du Trésor.

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Mike Pyle a fait ses premières armes politiques dans l’administration Obama, en tant que conseiller auprès du ministre du Budget Peter Orszag, un défenseur virulent de la politique d’austérité. Rappelons qu’Orszag fut l’un des artisans de la « loi santé » de Barack Obama. Bien que les ignorants et autres lèche-culs en France continuent de la présenter comme un bienfait, cette loi a soumis le système de santé américain à une logique de gestion managériale visant à réduire les coûts, au bénéfice des actionnaires des assurances privées. Avec Ezekiel Emmanuel, autre artisan de la loi santé qui avait théorisé la notion de « coût-efficacité », nommé par Joe Biden à la tête de la « task force » contre la Covid-19, le tableau est complet.

Tout ce petit monde est mis en place dans la perspective du « Great Reset », qui sera lancé dans quelques jours par le World Economic Forum de Davos. Larry Fink, qui a commencé à constituer ce gouvernement fantôme BlackRock dès la défaite d’Hillary Clinton en 2016, est l’un des grands défenseurs de cette « Grande réinitialisation », avec Al Gore, Christine Lagarde, Janet Yellen , ou encore Mark Carney, l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, actuel envoyé spécial des Nations Unies pour le financement de l’action climatique.

Comme nous l’avons montré sur ce site, le « Great Reset » vise à exploiter les peurs suscitées par la pandémie mondiale et le dérèglement climatique pour imposer une dé-carbonisation de l’économie mondiale, c’est-à-dire une forte réduction de la consommation des hydrocarbures (charbon, pétrole, gaz, etc.), comme le souhaitent le Prince Charles et John Kerry (nommé envoyé spécial sur le climat). Une cure malthusienne qui coûterait la vie à des millions de personnes dans les pays en voie de développement, tout en faisant gonfler la bulle de la « finance verte ».

Cependant, il y a fort à croire que l’administration Biden aura beaucoup de difficultés à mettre en œuvre cette politique, en raison du déficit de légitimité dont elle risque de souffrir, ayant été portée au pouvoir grâce à des fraudes électorales d’une ampleur sans précédent outre-Atlantique.

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