La Chine garde son sang froid face au tsunami de mensonges

lundi 29 mars 2021

Chronique stratégique du 29 mars 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le 26 mars, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a publiquement pris note de la « Déclaration d’experts du monde entier à propos de la Chine », publiée trois jours plus tôt par l’Institut Schiller international, dénonçant les mensonges proférés contre la Chine et appelant les va-t-en-guerre occidentaux à renoncer à l’escalade actuelle et à revenir à une politique de dialogue et de coopération.

Les paroles et les actes agressifs se multiplient de la part de l’administration américaine à l’encontre de la Russie et de la Chine. Répondant par l’affirmative lorsqu’on lui demanda si Vladimir Poutine était un « tueur », Joe Biden avait déclaré début février que Xi Jinping n’avait « pas une once de démocratie dans son corps ». Face à cela, la Chine sort de sa retenue habituelle et manifeste une attitude diplomatique de moins en moins défensive vis-à-vis des mensonges, des sanctions illégales et des menaces dont elle fait l’objet.

Lors de la rencontre sino-américaine du 19 mars à Anchorage, en Alaska, Yang Jiechi, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et directeur de la commission centrale des Affaires étrangères du parti, a fait valoir auprès du secrétaire d’État américain Antony Blinken que la demande faite à la Chine de respecter « l’ordre mondial fondé sur des règles » venait de la part d’un pays qui a violé de manière flagrante toutes les « lois internationales » établies après la Seconde Guerre mondiale.

Alors qu’en privé, les Européens regrettent de devoir prendre parti entre deux blocs, en public on s’incline devant les Anglo-Américains. C’est ainsi que le 22 mars, pour la première fois depuis 1989, l’UE a imposé des sanctions à la Chine sous le prétexte du traitement des Ouïghours, forçant Beijing à répliquer en imposant à son tour des sanctions contre plusieurs entités et contre dix élus et universitaires européens.

Reflétant le rôle croissant que joue l’Institut Schiller international pour prévenir une escalade militaire mortelle entre les Etats-Unis et la Chine, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a évoqué le 26 mars la « Déclaration des experts chinois du monde entier », rédigée par Helga Zepp-LaRouche, en soulignant qu’il s’agit d’ « une voix rationnelle et juste de personnes bien avisées dans la communauté internationale », des experts qui « condamnent et rejettent les paroles et les actes insensés des forces occidentales anti-chinoises qui attaquent sans vergogne, calomnient et même fabriquent des rumeurs contre la Chine au mépris des faits ».

Irak, Syrie, Xinjiang… Le mensonge comme politique étrangère

A propos de la campagne sur le « génocide » des Ouïghours, la porte-parole a diffusé lors de la même conférence de presse une vidéo de 2018 dans laquelle le colonel américain Lawrence Wilkerson, ex chef de cabinet de l’ancien secrétaire d’État Colin Powell, affirmait que l’un des objectifs de la présence américaine en Afghanistan était de contenir la Chine. « La troisième raison pour laquelle nous étions là est qu’il y a 20 millions de Ouïghours [au Xinjiang], avait-il déclaré. La CIA voulait déstabiliser la Chine et elle considérait opportun de semer le trouble en se joignant à ces Ouïghours pour mettre de la pression sur Pékin de l’intérieur plutôt que de l’extérieur ».

Hua Chunying a également rappelé que l’ancien secrétaire d’Etat Mike Pompeo, qui a dirigé la CIA de 2017 à 2018, avait lui-même admis, lors d’un discours à la Texas A&M University, en avril 2019, avoir « menti, (…), triché, (…) volé ».

Alors, allons-nous de nouveau, Américains et Européens, suivre aveuglément les mensonges éhontés proférés aujourd’hui contre la Chine, après les vingt années de guerre et de chaos orchestrés en Asie du Sud-Ouest et en Afrique du Nord sous Bush, Blair et Obama ? Comparés aux mensonges sur les « armes de destruction massive » de l’Irak, ceux proférés sur la condition des Ouïghours du Xinjiang — allant jusqu’à qualifier de « génocide en cours » une politique de développement social et économique qui a en réalité sorti toute une région de la pauvreté – vont beaucoup plus loin en termes de novlangue orwellienne.

A lire aussi

La question du Xinjiang et des Ouïghours

Est-il besoin de rappeler que la guerre d’Irak de 2003, qui a causé des millions de morts et plongé ce pays dans le chaos, a été lancée sur le prétexte de la présence d’armes de destruction massive, dont les Etats-Unis ont dû admettre plus tard l’inexistence ? Que les attaques chimiques attribuées au régime syrien de Bashar Al-Assad, qui ont justifié les frappes anglo-franco-américaines de 2018, étaient en réalité une mise en scène des « Casques blancs », un groupe créé et financé par les services secrets britanniques et américains ? De même aujourd’hui, ceux qui dénoncent le « génocide » des Ouïghours n’ont apporté aucune démonstration de leurs accusations, et aucun d’entre eux n’a daigné se rendre sur place, dans la région du Xinjiang, qui est pourtant ouverte à tous ceux qui souhaitent voir par eux-mêmes.

Une situation de pré-guerre mondiale

Cette logique d’escalade est extrêmement dangereuse, d’autant plus que les populations américaines et européennes, certes le nez dans le guidon de la Covid, n’en ont quasiment aucune conscience. Même un personnage comme Henri Kissinger, qui est loin d’être une blanche colombe, a déclaré le 25 mars dernier au prestigieux think-tank britannique Chatham House : « Si nous ne parvenons pas à un accord avec la Chine [pour un nouvel ordre mondial], nous nous retrouverons dans une situation similaire à l’avant-Première Guerre mondiale », dans laquelle les conflits géopolitiques risquent de proliférer, jusqu’à ce que « l’un d’eux échappe à tout contrôle, à un moment donné ».

Il faut dire que depuis l’arrivée au pouvoir de l’administration Biden, les faucons se sentent pousser des ailes. Comme nous l’avons rapporté dans notre chronique du 9 février, l’amiral Charles Richard, qui dirige le U.S Strategic Command, a affirmé qu’il y a « une possibilité réelle qu’une crise régionale avec la Russie et la Chine s’emballe rapidement vers un conflit incluant des armes nucléaires ». Le 25 mars, lors de son audition devant le Sénat US en vue de sa nomination au commandement militaire dans l’Asie-Pacifique, l’amiral John Aquino a déclaré qu’en cas de crise autour de Taïwan, les Etats-Unis seraient forcés d’intervenir en faveur de Taipei afin de sauvegarder leur « crédibilité » vis-à-vis de leurs alliés dans la région et ailleurs.

Le déclin de la société transatlantique, qui combine l’implosion économique à une bulle financière sur le point d’exploser, une pandémie hors de contrôle et une culture décadente, confronte nos dirigeants à un dilemme : soit engager une refonte du système en suivant les lignes du programme défini par l’Institut Schiller international – et que nous portons en France avec Solidarité & progrès — pour une paix par le développement mutuel entre nations, soit conduire des populations dupées vers le chaos et la guerre.

Notre rôle est de les aider à faire le bon choix.

De son coté, Joe Biden, dans un moment de rare lucidité, a même affirmé (évidemment sans préciser) que pour faire face à la Chine, l’Occident devrait lancer ses propres Nouvelles Routes de la soie…

Vous venez de lire notre chronique stratégique « Le monde en devenir ». ABONNEZ-VOUS ICI pour la recevoir sans limitation. Vous aurez également accès à TOUS les dossiers de ce site (plus de 400 !)...