L’Otan veut lancer l’Ukraine comme une grenade dans le jardin russe

jeudi 8 avril 2021

Chronique stratégique du 8 avril 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Depuis l’élection de Joe Biden à la Maison-Blanche, les tensions montent entre d’un côté les Etats-Unis et leurs alliées, et de l’autre la Russie et la Chine. La situation devient particulièrement préoccupante en Ukraine, où Kiev, encouragé en cela par l’OTAN et les Britanniques, multiplie les provocations dans la région du Donbass, à la frontière de la Russie, faisant planer la menace d’un conflit direct.

Encouragé par l’Otan et par sa marionnette l’administration Biden, le président ukrainien Volodymyr Zelenski, consciemment ou non, est en train de transformer son pays en une véritable grenade, prête à exploser dans le jardin de la Russie et à entraîner la région et le monde vers l’abîme. Cette situation est d’autant plus inquiétante que du coté américain, Joe Biden, en tant que vice-président d’Obama, était l’homme clé du coup d’Etat de 2014 en Ukraine, avec l’aimable coopération de Victoria Nuland, l’ex-conseillère de Dick Cheney, qui vient de réintégrer le Département d’Etat.

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Danger de guerre entre la Russie et l’Ukraine

Les attaques militaires se font de plus en plus fréquentes, notamment avec l’utilisation nouvelle de drones de combat – livrés par la Turquie. Le 3 avril, l’un d’entre eux a tué un enfant de cinq ans et blessé sa grand-mère, lors d’une frappe à Aleksandrovskoye, dans la région frontalière du Donbass.

Face à cela, afin d’envoyer un signal, la Russie a renforcé, sur son propre territoire, la présence et le niveau d’alerte de ses troupes à la frontière ukrainienne, comme l’ont déploré les ministères allemand et français des Affaires étrangères. Plusieurs sources s’inquiètent par ailleurs de l’afflux croissant de matériel militaire occidental vers l’Europe de l’Est.

Le 6 avril, le président Zelensky a prié l’Otan d’accélérer la validation de l’adhésion de son pays à l’alliance militaire afin, selon lui, d’envoyer un « vrai signal » à la Russie. « L’Otan, c’est la seule voie vers la fin de la guerre dans le Donbass », a-t-il tweeté, suite à son entretien téléphonique avec le secrétaire général Jens Stoltenberg.

La perspective d’adhésion de l’Ukraine à l’Otan est évidemment inacceptable pour Moscou. Rappelant que de nombreux habitants du Donbass possèdent un passeport russe, le ministère russe de la Défense a mis en garde :

Face à ces développements, la probabilité est grande que la Russie soit amenée à intervenir, (…) ce qui pourrait résulter en une guerre totale entre la Russie et l’Ukraine.

« Soutien indéfectible »

Le 1er avril, le ministre russe de la Défense Andriy Taran s’est entretenu avec son homologue américain Lloyd Austin, à l’issue de quoi ce dernier a réaffirmé « le soutien indéfectible des Etats-Unis à la souveraineté de l’Ukraine, à son intégrité territoriale et à ses aspirations euro-atlantiques ». Le ministre des Affaires étrangères de l’UE Josep Borrell, sans doute pour faire plaisir à Washington, a abondé dans le même sens, reprenant les mêmes expressions que Austin, pour assurer « le soutien indéfectible de l’UE à la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ».

Cette rhétorique sur le « soutien indéfectible » pourrait facilement être mal interprétée par le pouvoir ukrainien. Comme le rappelle le professeur de l’Université d’Ottawa Paul Robinson, dans une tribune sur RT, la situation actuelle est très similaire à la guerre de 2008 entre la Russie et la Géorgie. A l’époque, bien que les Etats-Unis n’avaient pas ouvertement encouragé le président géorgien Saakashvili à attaquer l’Ossétie du Sud, ce dernier avait interprété le soutien américain à l’adhésion de la Géorgie à l’Otan comme une garantie de soutien en cas d’attaque. Poutine avait alors préempté l’attaque géorgienne en envoyant les troupes russes en Ossétie du Sud, ce qui avait permis sans doute d’éviter la IIIe guerre mondiale, comme l’avait estimé à l’époque l’économiste et homme politique américain Lyndon LaRouche.

Le sénateur russe Konstantin Kosachev, qui dirige le Comité des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération de Russie, a mis en garde sur le fait que l’attitude actuelle de l’Otan et de l’Occident, et en particulier le silence vis-à-vis de la mort de l’enfant frappé par le drone, sera considérée par Kiev comme une carte blanche pour continuer dans ce sens.

Exercices militaires

Profitant de l’occasion du 72e anniversaire de l’Otan, le commandement militaire ukrainien a annoncé samedi dernier le lancement de plusieurs exercices militaires conjoints Ukraine-Otan, en présentant les opérations comme « défensives ». Au moins cinq exercices vont ainsi être conduits, tels que « Rapid Strident 2021 » et « Sea Breeze 2021 » avec les Etats-Unis, « Warrior Watcher 2021 » et « Cossack Mace 2021 » avec le Royaume-Uni, ou encore « Three Swords 2021 » et « Silver Sabre 2021 » avec la Pologne.

Rappelons qu’à l’origine, les Occidentaux et l’Otan avaient consenti que toute présence militaire proche des frontières de la Russie aurait un caractère temporaire. Or, aujourd’hui, par des rotations sans fin, leur présence est devenu permanente.

Mardi, le jour de l’anniversaire de l’Alliance atlantique, le ministère russe des Affaires étrangères a rappelé que, alors que l’Otan se prétend garante de la paix, cette dernière a bombardé la Yougoslavie, a envahi l’Irak, est intervenue en Libye, etc ; le ministère a également mis en garde contre les commentateurs occidentaux qui « nourrissent les illusions de grandeur de Kiev ».

Le même jour, Maria Zakharova, la porte-parole du ministère, a prévenu que les déploiements américains et britanniques de missiles à portée courte et intermédiaire rendaient difficile la prévention d’éventuelles escalades tragiques, y compris résultant d’erreurs techniques. « Cela se produit en l’absence de signaux clairs sur ce sujet de la part de l’équipe de la nouvelle administration américaine et de la grande majorité des alliés des Etats-Unis au sein de l’Otan qui, comme l’a montré la crise du traité FNI [sur les forces nucléaires à portée intermédiaire], ont adopté une position conciliante sur une question qui relève d’une importance fondamentale pour la sécurité européenne, a-t-elle déclaré. Nous ne fermons pas la porte au dialogue, mais il n’est pas exclu, dans ces circonstances, que la Russie doive envisager l’adoption de mesures militaro-techniques en réponse à ces menaces ».

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