Forum international : le Xinjiang tel que je l’ai vu

lundi 31 mai 2021, par Christine Bierre

Le 20 mai, l’Association de diplomatie publique chinoise (CPDA) a parrainé un Forum International de haut niveau sur le Xinjiang destiné à contrer la campagne mensongère des Etats-Unis et de ses alliés l’accusant d’emprisonner la minorité ethnique ouïghoure dans des camps de travail et de concentration et de commettre carrément un génocide à leur encontre.

Organisé depuis Kashgar, au Xinjiang, Le forum réunissait des responsables chinois qui venaient de faire le tour de principales villes de la province autonome, ainsi que des experts et des universitaires étrangers l’ayant visitée et dont les témoignages ne correspondent pas du tout au récit des médias occidentaux.

Le président du CPDA, Wu Hailong, ouvrit la vidéoconférence, suivi de trois invités d’honneur : les anciens présidents du Montenegro, Filip Vijanovic, et de Slovénie, Danilo Türk, ainsi que l’ancien Premier ministre de la République kirghize, Djoomart Otorbaev. Connaissant bien le Xinjiang, puisque Kachgar n’est qu’à 400 km de Bichkek, ce dernier souligna l’importance des projets d’infrastructures ferroviaires et routières du projet chinois de Nouvelle route de la soie pour désenclaver leurs pays, prisonniers de vastes chaînes de montagnes. M. Otorbaev insista notamment sur le rôle de l’aéroport international d’Urumqi, capitale du Xinjiang, le plus grand d’Asie centrale.

Parmi les invités étrangers qui se sont exprimés lors de l’événement, on peut citer Rashid Alimov, ancien secrétaire général de l’Organisation de coopération de Shanghai ; des chercheurs de l’Institut Chonyang pour les études financières de l’Université Renmin de Beijing tels que John Ross, ancien directeur de la politique économique et commerciale de Londres et notre collègue, William Jones, responsable du bureau de l’EIR à Washington ; Graham Perry, professeur de résolution de conflits à l’Université de commerce et d’économie internationale ainsi que l’économiste ultra-libéral, Jeffrey Sachs. Christine Bierre, rédactrice en chef de Nouvelle Solidarité qui avait visité le Xinjiang en 2019 avec une délégation d’experts étrangers, figurait également parmi les invités étrangers.

Fondée en 2013, l’Association chinoise de diplomatie publique se définit comme une organisation nationale à but non lucratif comprenant des experts et des universitaires, des célébrités, ainsi que des institutions et des entreprises impliquées dans ce domaine. Elle s’efforce de faire progresser la diplomatie publique chinoise, de renforcer la compréhension mutuelle et l’amitié entre la Chine et le reste du monde, de diffuser l’image positive d’une Chine civilisée, démocratique, ouverte et progressiste, et de créer un environnement international propice au développement pacifique de la Chine.

Qui porte ces accusations contre la Chine au Xinjiang ?

Jan Oberg et Gordon Dumoulin, deux membres de la [Fondation transnationale pour la paix et la recherche sur l’avenir (TFF), basée en Suède : faisaient également partie des invités, ainsi que Thore Vestby, ancien maire et membre du Parlement norvégien. Tous trois ont récemment publié un article intitulé Analyse critique d’un rapport du Newlines l’Institut et du Raoul Wallenberg Center , démentant les accusations portées par ces deux instituts stratégiques, contre la politique de la Chine au Xinjiang.

Bien que TFF déclare d’emblée qu’elle ne prend pas position sur la question de savoir si ce qui se passe au Xinjiang est ou non un génocide, parce que par principe, elle ne se prononce que sur des situations où elle a, elle même, participé à l’enquête, son rapport examine minutieusement la composition et les méthodes de travail de ces deux instituts, The Newlines Institute et le Raoul Wallenberg Center, qui ont rédigé l’un des derniers rapports, supposé « circonstancié », contre la la politique de la Chine au Xinjiang.

Pour résumer leurs conclusions, ce rapport, disent-ils, est le produit d’une coopération entre des individus appartenant à au moins six groupes d’intérêt, ou milieux plus ou moins interconnectés, plus proches de gouvernements, que des organisations non gouvernementales - à savoir le fondamentalisme chrétien, les cercles des faucons néo-conservateurs de la politique étrangère américaine, les Frères musulmans, l’anticommunisme extrême, le lobby pro-israélien, et les droits-de-l’hommistes américains (dont les préoccupations relatives aux droits de l’homme tendent à servir divers types d’interventions des États-Unis d’Amérique).

Ainsi, L’Institut Newlines et l’Université Fairfax de l’Amérique (FXUA) qui lui est affiliée, ont été fondés en 2019 par le Dr Ahmed Alwani. Ken Logerwell, l’un des membres de leur conseil consultatif est également vice-président de la National Security and Innovative Solutions, une société de sécurité liée à la défense. M. Alwani est également vice-président de l’Institut international de la pensée islamique (IIIT), affilié aux Frères musulmans, tandis que son père fut l’un des fondateurs des Frères musulmans aux Etats-Unis. Trois des six membres de la FXUA sont également membres de l’IIIT.

En outre, en 2020, l’Institut Newsline a créé un Groupe de travail des universitaires ouïghours, dont l’un des principaux membres est le Dr Adrian Zenz, le fondamentaliste chrétien à l’origine des informations sur les supposés crimes de la Chine dans le Xinjiang et dont les informations viendraient essentiellement du CHRD (Chinese Human Rights Defenders), un groupe financé par les services de renseignements américains via la National Endowment for Democracy (NED).

Pour ce qui est du Centre Raoul Wallenberg pour les droits de l’homme, sa propre page d’accueil indique quels sont ses centres d’intérêts. Son action est dédiée à la mémoire de l’Holocauste, la lutte contre l’antisémitisme, les questions de droits de l’homme en Russie, en Chine, en Iran, en Corée du Nord, en Arabie Saoudite et au Venezuela. (...) Bref, les ‘bonnes’ questions de droits de l’homme qui intéressent les États-Unis.

En ce qui concerne le rapport lui-même, bien que les auteurs affirment qu’il est fondé sur la consultation de cinquante experts de haut niveau dans tous les domaines pertinents à travers le monde, ainsi que sur l’examen de plus de 10 000 témoignages d’Ouïghours et récits de détenus, l’auteur principal est un certain Yonah Diamond, écrivain prolifique sur les droits de l’homme, qui écrit régulièrement dans Foreign Policy et dans Genocide Watch. Cette dernière est une organisation fondée et présidée par le Dr Gregory Stanton, ancien fonctionnaire du département d’État qui avait prédit l’extermination des Ouighours pour novembre 2020 !

En résumé, les auteurs du rapport de la TFF, Jan Oberg, Gordon Dumoulin, et Thore Vestby, notent le parti pris unique que l’on trouve dans toutes les études et publications de ces deux instituts, contre la Chine, la Russie, et tous ceux que les USA considèrent comme leurs ennemis ou rivaux. Et en effet, la liste des contributeurs, publiée à la fin de leur rapport n’est composée que des Occidentaux ou des personnes appartenant à des institutions occidentales, dont plus de 20 sont basés aux États-Unis et au Canada et un couple au Royaume-Uni. De leur propre aveu, un certain nombre d’entre eux occupent des postes gouvernementaux et sont des partisans de la responsabilité de protéger et/ou de l’interventionnisme.