L’opération Sea Breeze 21, présage d’un été chaud

vendredi 2 juillet 2021

Chronique stratégique du 2 juillet 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

L’opération Sea Breeze 21, gigantesque manœuvre navale organisée dans la mer Noire par la 6e flotte américaine avec la marine ukrainienne, a débuté le 28 juin, dans un environnement propice aux incidents et aux erreurs de calcul. Quelques jours plus tôt, comme nous l’avons rapporté dans la chronique précédente, les Britanniques, avec la complicité de certains éléments du Pentagone, ont joué la provocation devant la Crimée, forçant la Russie à menacer de bombarder des navires de guerre de la Royal Navy entrant dans des eaux territoriales russes.

Une manifestation armée devant la maison Russie

Les manœuvres navales, qui vont se dérouler jusqu’au 10 juillet dans la région nord-ouest de la mer Noire, impliquent une participation sans précédent dans l’histoire de ces opérations annuelles, avec plus de 30 pays (dont la France) des 6 continents, 5000 soldats, 32 navires, 40 avions et 18 équipes d’opérations spéciales et de plongée.

Parmi les navires de guerre se trouve le destroyer américain de classe Arleigh Burke USS Ross, tout juste arrivé en mer Noire. « La participation de l’USS Ross à l’exercice maritime Sea Breeze de cette année est une démonstration tangible du soutien des États-Unis à l’Ukraine et est plus que jamais nécessaire », a déclaré Kristina Kvien, la chargée d’affaires de l’ambassade américaine à Kiev. « Cela fait partie de l’engagement durable que les États-Unis et de nos pays alliés et partenaires de l’Otan ont pris depuis 1997 pour renforcer la sécurité maritime en mer Noire ».

Un « engagement durable », soulignons-le, qui a signifié la trahison vis-à-vis des promesses faites aux dirigeants russes lors de l’effondrement de l’URSS, sur la non extension de l’Otan vers l’Est, conduisant au coup d’État de 2014 en Ukraine, où les néo-nazis ont depuis pignon sur rue — ce qui ne dérange personne parmi nos experts en « démocratie » et en « droits de l’homme » !

C’est pourquoi Moscou a toutes les raisons de prendre très au sérieux ces déploiements, qui constituent une véritable manifestation armée devant sa maison. De plus, comme l’a dénoncé Vladimir Poutine mercredi au cours de sa séance annuelle de questions-réponses télévisées avec la population russe (voir la vidéo en fin d’article), les États-Unis ont été impliqués dans la provocation britannique du 23 juin au large de Sébastopol, ce qui montre que, en dépit du sommet Biden-Poutine du 16 juin à Genève, les réseaux du complexe militaro-industriel anglo-américain restent déterminés à mettre le feu aux poudres.

Activités inhabituelles

La marine russe a fait savoir qu’elle suivait de très près les activités de l’USS Ross : « Les forces et capacités de notre flotte en mer Noire ont commencé à surveiller les mouvements du destroyer USS Ross, qui est entré en mer Noire le 26 juin », a déclaré le Centre russe de contrôle de la Défense nationale, d’après l’agence Tass.

« Nous comprenons bien que ces manœuvres ont deux objectifs globaux, a expliqué Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Le premier vise à alimenter une déstabilisation permanente le long de la frontière russe. Il s’agit de provoquer pour le plaisir de provoquer, et de nous pousser à réagir. Et nous nous devons de répondre, comme tout État souverain se doit de le faire. Mais le fait de qualifier systématiquement nos réponses d’actions agressives est une pure provocation. Le second [objectif] est de transporter toutes sortes d’équipements et d’armes en territoire ukrainien et de les y laisser », a-t-elle conclu, en soulignant que ces actes vont à l’encontre des traités internationaux existants.

Dans ce contexte, plusieurs sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) sont apparus de façon inhabituelle. Le 28 juin, au moment où était lancée l’opération Sea Breeze, le USS Alaska de classe Ohio est arrivé à Gibraltar. Il s’agit d’un fait d’une très grande rareté. En effet, comme l’a confirmé l’US Navy elle-même, c’est la première fois depuis 20 ans qu’un sous-marin nucléaire lanceur de missiles balistiques se rend dans la base de la Royal Navy, dans ces eaux territoriales britanniques. De plus, le fait que l’US Navy ait annoncé officiellement l’escale de l’USS Alaska constitue en soi une publicité inhabituelle sur les activités de l’un de ses SNLE, dont la mission est généralement d’évoluer en toute discrétion lors de leurs patrouilles de dissuasion nucléaire.

Plusieurs autres activités inhabituelles des SNLE sont survenues ces derniers jours. Le 21 juin, l’un d’entre eux a fait escale à San Diego, qui n’est pas un port habituel pour ce type de sous-marin ; et le 25 juin, la Navy a fait une étrange annonce concernant le départ du USS Maine pour sa dernière patrouille de dissuasion.

Chant du signe de l’Empire

Ces agitations à haut risque reflètent l’état d’esprit d’un empire anglo-américain arrivé à son crépuscule, et qui bande les muscles face à l’émergence d’un nouveau paradigme de coopération entre nations, incarné par le partenariat Chine-Russie, dont les deux pays fêtent les 20 ans.

Lors de sa cession de questions-réponses, le président Poutine a déclaré :

 J’espère que la prise de conscience du fait que le monde change – et que dans ce monde en mutation, il faudra repenser ses priorités et ses intérêts – conduira à ce que l’ordre mondial devienne plus favorable et que nos relations, y compris avec les États-Unis, reviennent à la normale.

La main est donc tendue aux pays occidentaux. Reste à amener ces derniers, comme cela a été affirmé lors de la conférence de l’Institut Schiller des 26 et 27 juin, à agir de nouveau en nations souveraines, et à se désolidariser définitivement des actes provocateurs du complexe militaro-industriel transatlantique.

Pour ce qui est des États-Unis, la présidente internationale de l’Institut Schiller Helga Zepp-LaRouche a souligné que le complexe militaro-industriel, qui emploie approximativement 6,1 millions de personnes dont un grand nombre de travailleurs très qualifiés, devra être réintégré au moins en partie dans la reconstruction économique du pays, dans le cadre des quatre principes cardinaux définis par l’économiste Lyndon LaRouche : séparation bancaire stricte, banque nationale, système de crédit public et nouvelles plateformes de coopération internationale aux frontières de la science (tel que la fusion nucléaire).

Un tel changement de manière de penser doit commencer par un accord entre les principales nations du monde pour collaborer à la construction d’un système de santé mondial pour lutter contre la pandémie, à savoir un système de santé moderne dans chaque pays, a déclaré Mme Zepp-LaRouche.

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