La Chine, la Russie et l’Institut Schiller à l’unisson pour la reconstruction de l’Afghanistan

mardi 21 septembre 2021

Chronique stratégique du 21 septembre 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

La réunion spéciale de l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS), qui s’est tenue les 16 et 17 septembre à Douchanbé, au Tadjikistan, a donné l’occasion aux dirigeants des pays membres – et en particulier Xi Jinping et Vladimir Poutine – de présenter une vision de prospérité et de développement économique pour l’Afghanistan. De son côté, l’Institut Schiller international poursuit son travail de catalyseur de cette vision.

Plus que jamais, deux mondes se font face. Le vieux monde occidental, gangrené par la géopolitique anglo-américaine du « diviser pour régner » (dernière acte en date : l’alliance « AUKUS » contre la Chine), et le nouveau paradigme de coopération internationale, incarné par l’initiative chinoise de « la Ceinture et la Route », à laquelle participent aujourd’hui plus de 130 pays.

Le problème c’est que de ces deux mondes, nos médias ne nous parlent pas du second. Nous sommes là pour y remédier.

Poutine : une « Troïka étendue » aux Etats-Unis

Les 16 et 17 septembre s’est déroulée la réunion de l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS) à Douchanbé, au Tadjikistan, sur la question de l’Afghanistan. Cette institution, née il y a vingt ans dans le but de bâtir un nouveau type de relations internationales fondé sur la coopération et le développement, réunit huit pays – la Chine, l’Inde, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie, le Pakistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan – auxquels il faut désormais ajouter l’Iran, dont l’adhésion vient d’être approuvée. Parmi les participants, à Douchanbé, se trouvaient également l’Afghanistan, le Belarus et la Mongolie, en tant que « membres observateurs », et l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Cambodge, le Sri Lanka et la Turquie, en tant que « partenaires de dialogue ». La réunion s’est tenue en tandem avec celle de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).

Lors de son intervention, Vladimir Poutine a souligné l’importance de la « Troïka étendue » (Russie, Chine, Pakistan, plus les Etats-Unis) pour résoudre la situation en Afghanistan. Tout en dénonçant sans détour la politique meurtrière des pays de l’Otan, qui a laissé l’Afghanistan dans un état de dévastation économique et sociale totale, le président russe a appelé les Etats-Unis à revenir dans ce pays, mais cette fois-ci dans le cadre de cette « Troïka étendue ».

Ce groupe s’était réuni la dernière fois le 11 août, soit quelques jours avant la soudaine prise de pouvoir des Talibans. Fin août, le ministre adjoint russe des Affaires étrangères Igor Morgulov avait affirmé que la Troïka étendue se réunirait de nouveau à Kaboul, dès que les conditions sur place le permettront, en particulier à l’aéroport. Le 2 septembre, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin a accueilli favorablement la proposition russe pour cette future réunion, affirmant que la Chine et la Russie sont en contact « étroit et approfondi » sur l’Afghanistan.

Xi : « Rejeter les sermons condescendants »

De son côté, Xi Jinping a décliné les cinq piliers de l’OCS, en vue d’atteindre les objectifs de paix et de prospérité de l’Organisation :

  • Le renforcement de la coopération, basée sur une politique de dialogue et de coordination. Prenant pour exemple la contribution massive de la Chine dans la campagne internationale de vaccination contre la Covid-19 (avec 1,2 milliards de vaccins exportés, la Chine est de loin le premier fournisseur mondial), Xi a affirmé : « Nous devons garder une confiance ferme en nos systèmes, et rejeter les sermons condescendants ».
  • Le travail commun sur des questions de sécurité contre le terrorisme, le séparatisme, l’extrémisme et le trafic de drogue.
  • L’ouverture et l’intégration. « La sécurisation des flux de personnes, de biens, de capitaux et de données en font partie », a dit Xi, ajoutant que, de ce point de vue, « la coopération de la Ceinture et la Route nous offre à tous une plate-forme essentielle de promotion du développement commun ».
  • La promotion des interactions et de la compréhension mutuelle entre civilisations, qui doit comprendre « davantage de projets faisant appel à nos peuples et leur apportant des bénéfices dans des secteurs tels que la science et la technologie, l’éducation, la culture, la santé et le combat contre la pauvreté ».
  • La promotion d’un environnement international d’équité et de justice. Rappelant un dicton chinois selon lequel « La force peut l’emporter un temps, mais la Justice gagne toujours à terme », Xi a encouragé à rejeter fermement toute entreprise d’hégémonie et de domination, et à défendre les principes de souveraineté et de non-ingérence énoncés dans la Charte des Nations unies.

Remplacer la « géopolitique » par la « géo-économie »

Dans le même temps, nos amis de l’Institut Schiller poursuivent leur travail pour faire avancer ce nouveau paradigme, obtenant de plus en plus d’ouvertures institutionnelles et de couvertures médiatiques. Le 16 septembre, Helga Zepp-LaRouche et Hussein Askary, la présidente internationale et le Coordinateur Asie du Sud-Ouest de l’Institut Schiller, ont été parmi les orateurs du « Dialogue de Kandahar », un nouveau think tank pakistanais s’inscrivant dans les efforts visant à substituer un système de paix et de dialogue autour du développement mutuel à la loi de la jungle financière actuelle.

L’événement, intitulé « Afghanistan : perspectives de paix et de prospérité », a réuni une demi-douzaine d’intervenants dont, outre Helga Zepp-LaRouche et Hussein Askary, Andrey Kortunov, directeur du Conseil russe des affaires internationales (RIAC), l’économiste pakistanais Shakeel Ahmad Ramay ou encore le professeur chinois Frank Zheng. Les orateurs ont présenté une vision de reconstruction de l’Afghanistan, basée sur l’intégration du pays dans le développement économique plus large porté par les Nouvelles Routes de la soie, avec en particulier l’extension du Corridor économique Chine-Pakistan à Kaboul.

Le 20 septembre, Mme Zepp-LaRouche était l’invitée d’une émission de la chaîne de télévision pakistanaise PTV World, aux côtés de l’ambassadeur pakistanais en Italie Jauhar Saleem. Le monde devrait être régi par des relations « géo-économiques », et non géopolitiques, a-t-elle expliqué, reprenant l’expression récente du premier ministre pakistanais Imran Khan ; et c’est pourquoi « les accords AUKUS (tout juste conclus entre le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Australie) ne sont pas dans l’esprit du temps », mais dans celui des « guerres sans fin » dont Joe Biden avait pourtant promis de sortir.

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Au contraire, la Nouvelle route de la soie est la voie à suivre, a déclaré Mme LaRouche, tout en rappelant que l’Institut Schiller défend cette vision depuis la fin de la Guerre froide. Il y a actuellement 2 milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à l’eau potable. Nous avons besoin de systèmes de santé modernes dans chaque pays. (…) Il est clair que cette crise exige un nouveau paradigme dans notre manière de penser. L’Afghanistan peut devenir un pivot de ce changement. L’espèce humaine est la seule à être dotée d’une raison créative. Nous pouvons trouver des remèdes pour une pandémie, pour vaincre la pauvreté, et même pour coloniser Mars. Vous savez, en février, les Émirats arabes unis, la Chine et les États-Unis ont tous eu des missions sur Mars en même temps. Il est temps de devenir une espèce adulte.

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