Epoch Times, Falun Gong, une secte dans la guerre idéologique anglo-américaine contre la Chine

dimanche 26 septembre 2021, par Karel Vereycken

[sommaire]

6000 pratiquants taïwanais du Falun Gang formant une croix gammée, le symbole de Falun Gang et la devise du mouvement : authenticité, tolérance, bonté.

Le 14 août 2021, des militants de l’antenne française de la secte (sino-)américaine Falun Gong ont diffusé, dans les manifestations anti-pass sanitaire, The Epoch Times , un journal qui dénonce la Covid19 comme le « virus du Parti Communiste Chinois (PCC) ».

Enquête sur ce qu’on découvre derrière le folklore.

Distribution à Paris du journal Epoch Times.

En France, le 14 août 2021, lors des quelque 200 rassemblements sur l’ensemble du territoire, des milliers de personnes sont descendues une fois de plus dans la rue pour contester la gestion toute jupitérienne de la crise sanitaire. Les causes de mécontentement ne manquent pas, les esprits s’échauffent, mais la confusion s’installe.

Cherchant à étouffer toute opposition légitime, différentes opérations politiques sont en cours, certaines à visage découvert, d’autres parfaitement clandestines.

Alors qu’au début, l’indignation se concentrait à réclamer un Etat stratège pilotant une politique collective de santé publique offrant plus de moyens, du personnel et des salaires à ceux qui faisaient face à la pandémie en première ligne, la colère à été graduellement détournée vers la défense des libertés purement individuelles. « Je veux être maître de mon corps ! » « Liberté » (sans responsabilité pour autrui ni pour le reste de l’humanité) est désormais le maître-mot infantile d’une révolution idéologique « libertarienne » venue des Etats-Unis. [1]

Cherchant à surfer sur la contestation et le complotisme ambiant, plusieurs figures en mal d’électorat tentent d’instrumentaliser la vague de mécontentement et de désobéissance civile à leur profit purement personnel. Florian Philippot, invité sur tous les plateaux médiatiques comme jamais auparavant, annonce que miraculeusement, des milliers de nouveaux adhérents affluent et versent bien plus que le tarif de l’adhésion…

Or, en ce 14 août 2021, on a vu des militants de l’antenne française de la secte (sino-)américaine Falun Gong rejoindre les défilés pour y diffuser gratuitement leur journal The Epoch Times, le « journal chinois le plus largement publié dans le monde ». Pour ce journal, pas de doute, la Covid19 est le « virus du Parti Communiste Chinois (PCC) ».

Ce dernier aurait créé la maladie de toutes pièces, uniquement pour imposer son modèle collectiviste au reste du monde ! Idem pour le Great Reset, cette grande réinitialisation post-Covid préconisée par le Forum économique mondial de Davos, elle aussi accusée de stratégie sournoise visant à imposer le modèle de justice sociale à la chinoise au reste du monde...

C’est en 2000 que l’Epoch Times a été fondé à New York par un certain John Tang, un sino-américain adepte du Falun Gong (FG) ou Falun Dafa, un mouvement spirituel revendiquant le statut de « nouvelle religion ».

Li Hongzhi en 2018.

Falun Gong signifie en chinois « pratique de la roue de la loi ». Le FG a été créé en Chine en 1992 par un certain Li Hongzhi (né en 1951) et s’appuie sur le Qi Gong, une pratique ancestrale chinoise. Par une gymnastique douce et de la méditation, souvent pratiquées en groupe, chacun est appelé à maîtriser le Qi, ce flux énergétique qui serait la base de toute chose. Et lorsque ce flux est bien équilibré, il permet de prévenir et même de guérir certaines maladies. Que du bonheur !

Alors que la pratique du Qi Gong avait déjà retrouvé une certaine popularité suite aux réformes de Deng Xiaoping, le FG va y imprimer sa propre spiritualité. Inspiré du bouddhisme, l’objectif est désormais de libérer l’homme de son attachement aux biens terrestres, précondition pour atteindre l’illumination divine.

Élévation spirituelle...

Li Hongzhi.

En théorie, cette élévation spirituelle est censée être atteinte, d’une part, en harmonisant sa vie avec les trois principes qui constituent la nature fondamentale de l’univers : authenticité, bonté et tolérance, ou Zhen-Shan-Ren, et d’autre part, en abandonnant les pensées et comportements négatifs. Le perfectionnement de soi selon ces trois principes est considéré comme essentiel dans la pratique du FG.

Ce courant met en avant deux autres principes : la vertu et le karma, au sens de karma négatif. La première est obtenue en faisant de bonnes actions et en supportant la souffrance, le second s’accumule en commettant de mauvaises actions. La vertu d’une personne détermine sa bonne fortune et sa capacité à s’élever spirituellement. Inversement, un karma important apporte la souffrance, la maladie (dont la Covid-19...) et la séparation avec la nature de l’univers. L’élévation spirituelle est accomplie par l’élimination du karma et l’accumulation de la vertu.

Le Falun Gong aurait « permis de réduire les coûts de la santé et même de faire baisser le taux de criminalité », écrit L’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) Suisse, dans son communiqué de 2018...

Rappelons qu’en 1992, le système de santé chinois étant encore assez précaire, beaucoup de citoyens chinois, sous l’œil bienveillant des autorités, se sont tournés vers ce qu’ils considéraient comme de la médecine traditionnelle.

Radicalisation

La croix gammée, symbole du Falun Gong.

Graduellement, le discours de Li Hongzhi se radicalise, l’homme se vend aux puissances étrangères, se transforme en gourou tout puissant et le Falun Gong devient la secte qu’elle est aujourd’hui.

Lorsqu’on décortique ses livres, discours et cassettes vidéo, on y découvre une croyance dominée par la hantise, non pas de la mort, mais de la pureté et de démons venus d’un autre monde.

  • Li prêche l’apocalypse : « Dites à tous que c’est maintenant la fin du monde. C’est le moment où Bouddha Sakyamuni termine sa prédication de la Loi bouddhique et où les démons de toutes sortes apparaissent ».
  • Il maudit l’humanité : « L’humanité est en pleine dégénérescence ; les démons sévissent partout. (…) Les créatures démoniaques de l’Univers tombent sur la Terre, qui est le dépotoir de l’Univers. » Et si quelqu’un tombe de l’Univers, « il deviendra ordinaire et devra être détruit et anéanti ».
  • Il nie l’héritage scientifique du passé : « Les sciences d’aujourd’hui ne peuvent pas être considérées comme une vraie science. »
  • Il prétend que lui seul peut sauver l’humanité : « La société humaine est au bord de la ruine, les bras croisés, on attend sa ruine. Je suis le seul à tendre la main. »
  • Il affirme que la maladie est le « résultat de karma » et que les adeptes ne doivent pas consulter de médecin ni prendre de médicaments : « La substance de la maladie réside dans l’interaction de deux espaces différents. Prenons l’exemple des bactéries pathogènes qui existent dans l’autre espace, comment peut-on les supprimer ? C’est pourquoi, nous, adeptes du Falun Gong, ne parlons pas de maladie, cela est du ressort du karma. Les véritables pratiquants ne contractent jamais de maladie. »

On voit clairement que c’est l’irrationnel qui a pris le dessus. Dans ses enseignements, mis en ligne sur le site Web du FG, Li rejette la théorie de l’évolution, ne voit pas d’un bon œil l’homosexualité et met en garde contre le métissage : « Une fois que les gens ont mêlé leur sang, tu vois l’enfant qu’ils mettent au monde, c’est un métis, mais il y a une cloison à l’intérieur de la vie de cet enfant, une fois cloisonné, il n’est plus sain ni de corps ni d’esprit, il devient un homme dont le corps n’est pas parfait. La science moderne s’est rendu compte qu’ils se dégradent d’une génération à l’autre, c’est pourquoi cela peut produire un tel état. » (Conférence de 1996 à Sydney), un discours qui ne manquera pas de résonner dans l’esprit d’une certaine droite extrême craignant le déclassement et autres grands remplacements.

Li Hongzhi y souligne :

Concernant la race, il n’est permis à aucune race du monde de se mêler. Maintenant les races sont mêlées, cela amène donc un problème très grave. Une fois mêlés, les gens ne sont plus en correspondance avec le haut, ils ont perdu leurs racines (...) alors c’est comme si dans le monde des royaumes célestes personne ne s’occupe d’eux, ils n’appartiennent plus à aucun endroit, aucun endroit ne les veut. C’est pourquoi, là où le continent asiatique et le continent européen se rejoignent, il y avait autrefois le désert (...) très difficile à traverser (...) Quand les moyens modernes se sont développés, tout cela a été bouleversé, les races sont alors de plus en plus mélangées, cela va entraîner de graves conséquences. (...) je dis seulement que ceux d’en haut ne reconnaissent pas de telles races. Ce que je voulais juste expliquer, c’est que les races ont une relation de correspondance avec là-haut. Les hommes de la race blanche d’en haut occupent, dans ce monde, dans cet univers, une petite partie de cet univers, très petite, c’est là leur monde du royaume céleste.

Dépassant de loin l’arriération et l’obscurantisme usuel qu’on peut trouver parfois chez certains évangélistes chrétiens, juifs orthodoxes ou ultra-catholiques au Vatican, pour Li, l’espèce humaine a été prise en main par des puissances extra-terrestres (les démons) ! Inévitablement, on pense aux théories « farfelues » de Q-anon, pour qui une secte sataniste et pédophile, qualifiée d’État profond (Deep State), règne à Washington.

Li Hongzhi interviewé par Time Magazine

Répondant en mai 1999 à un journaliste du magazine américain Time, qui lui demande pourquoi l’humanité se trouve actuellement dans un tel état de chaos, Li dévoile les fantômes qui l’habitent et son rejet inconditionnel de la vision prométhéenne de l’être humain qui fut la base même de la Renaissance et des Lumières :

Li : La plus grande cause du changement de la société actuelle est que les gens ne croient plus en la religion orthodoxe. (...) La deuxième raison, c’est que, depuis le début de ce siècle, les extraterrestres ont commencé à envahir l’esprit humain, son idéologie et sa culture.

Time : D’où viennent-ils ?

Li : Les extraterrestres viennent d’autres planètes. Les noms que j’utilise pour ces planètes sont différents. Certaines sont issues de dimensions que les êtres humains n’ont pas encore découvertes. La clé réside dans la façon dont ils ont corrompu l’humanité. Tout le monde sait que depuis le début jusqu’à maintenant, il n’y a jamais eu un développement de la culture comme aujourd’hui.

Bien que cela fasse plusieurs milliers d’années, cela n’a jamais été comme aujourd’hui. Les extraterrestres ont introduit des machines modernes comme les ordinateurs et les avions. Ils ont commencé par enseigner à l’humanité la science moderne, de sorte que les gens croient de plus en plus à la science, et spirituellement, ils sont contrôlés. Tout le monde pense que les scientifiques inventent de leur propre chef alors qu’en fait, leur inspiration est manipulée par les extraterrestres. En termes de culture et d’esprit, ils contrôlent déjà l’homme. L’humanité ne peut pas vivre sans la science.

Le but ultime est de remplacer les humains. Si le clonage des êtres humains réussit, les extraterrestres pourront officiellement remplacer les humains. Pourquoi un cadavre reste-t-il mort, alors qu’il est identique à un corps vivant ? La différence est l’âme, qui est la vie du corps. Si les gens reproduisent une personne humaine, les dieux du ciel ne donneront pas à son corps une âme humaine. Les extraterrestres en profiteront pour remplacer l’âme humaine et, ce faisant, ils entreront sur terre et deviendront des terriens.

Lorsque ces personnes grandiront, elles contribueront à remplacer les humains par des extraterrestres. Ils produiront de plus en plus de clones. Il n’y aura plus d’humains reproduits par des humains. Ils se comporteront comme des humains, mais ils introduiront des lois pour arrêter la reproduction humaine ».

Time : Es-tu un être humain ?  

Li : Vous pouvez me considérer comme un être humain.

Time : Es-tu de la Terre ?

Li : Je ne souhaite pas parler de moi à un niveau supérieur. Les gens ne le comprendraient pas.

(...)

Il est évident qu’à un moment où la Chine s’orientait résolument vers le progrès scientifique et technique, précondition essentielle pour sortir des millions de gens de la pauvreté la plus extrême, la vision féodale d’un gourou comme Li Hongzhi et l’emprise qu’il commençait à avoir sur les esprits posaient un défi énorme.

Bien que cela reste invérifiable, selon certaines sources, vers le milieu et la fin des années 1990, avec 70 millions de pratiquants, le nombre d’adeptes du FG aurait même dépassé celui des membres du PCC !

Aujourd’hui, alors que le Quotidien du Peuple, le journal du PCC), tire à 3 millions d’exemplaires, l’Epoch Times, interdit en Chine mais publié en 21 langues (dont l’anglais, le français, l’allemand, l’italien, le russe, l’ukrainien, le bulgare, le portugais, le suédois, le japonais, le polonais, le roumain, le coréen, l’espagnol, l’hébreu, etc.) et disposant de sites internet dans 35 pays, revendique une diffusion de 1,6 million d’exemplaires.

L’exil

Adeptes du Falun Gong à Paris, Place du Trocadéro.

En 1995, Li déclare qu’il a fini d’enseigner en Chine et commence à diffuser sa pratique à l’étranger. En mars 1995, donc avant que le FG soit interdit en Chine, il se rend à l’ambassade de Chine à Paris, en France, où il a été invité à enseigner. Il organise ensuite des séminaires en Suède. Entre 1995 et 1999, il donne des conférences aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Allemagne, en Suisse et à Singapour. Des associations et des clubs de FG commencent à se répandre en Europe, en Amérique du Nord et en Australie, leurs activités étant principalement centrées sur les campus universitaires, recrutement oblige.

En 1996, la ville de Houston nomme Li citoyen d’honneur et « ambassadeur de bonne volonté » pour son « service public désintéressé pour le bénéfice et le bien-être de l’humanité ».

Enfin, Li Hongzhi s’installe aux États-Unis en 1996 avec sa femme et sa fille, et en 1998, il devient résident permanent des États-Unis, s’établissant dans l’État de New York.

En Chine, le 25 avril 1999, 10 000 pratiquants du FG forment une chaîne humaine autour du siège du gouvernement à Pékin pour demander à être libérés de toute forme d’interférence de l’État, un statut qu’aucune autre religion en Chine n’a pu obtenir.

Tout ceci, on le comprend, éveille les soupçons d’une Chine pleinement engagée pour aller de l’avant avec la science et le progrès. Si la Constitution chinoise, rédigée en 1982, protège les « cinq religions officielles » (bouddhisme, catholicisme, protestantisme, islam, taoïsme) et les « activités religieuses normales », le PCC veille à toute dérive. En juillet 1999, les dirigeants du PCC lancent donc une campagne pour dissuader les gens d’adhérer à l’idéologie du FG.

Le 29 juillet 1999, après l’interdiction du FG, déclaré « mouvement hérétique », le ministère chinois de la Sécurité publique lance une série d’accusations contre Li, notamment celle de « trouble à l’ordre public », et publie une circulaire indiquant qu’il est recherché et demande son arrestation.

À cette époque, Li Hongzhi vit aux États-Unis. La demande d’arrestation adressée par le gouvernement chinois à Interpol est rejetée au motif qu’il s’agit d’une affaire « à caractère politique ou religieux » et qu’il manque d’informations sur « un crime de droit commun qu’il aurait commis ». Le gouvernement chinois révoque également son passeport, l’empêchant de voyager à l’étranger.

Du côté occidental, la riposte anti-chinoise est massive et immédiate. Wikipedia, qui a une page dédiée à la « persécution » du FG dénonce :

Un organisme extra-constitutionnel appelé le Bureau 6-10 (car créé le 6 juin 1999) a été créé pour diriger la persécution du Falun Gong. (...) Il existe des rapports faisant état de torture systématique, d’emprisonnement illégal, de travail forcé, de prélèvement d’organes et de mesures psychiatriques abusives, dans le but apparent de forcer les pratiquants à abjurer leur croyance dans le Falun Gong. (...) et des centaines de milliers et peut-être des millions de pratiquants de Falun Gong ont été internés dans des camps de ‘rééducation par le travail’.

Après ce bras de fer avec le PCC, Li reçoit d’autres marques de reconnaissance officielle de la part de municipalités nord-américaines. En mai 1999, il est accueilli et salué par le maire de Toronto et le lieutenant-gouverneur de l’Ontario, et dans les deux mois qui suivent, il reçoit également la reconnaissance des villes de Chicago et de San José en Californie.

En avril 2001, Li Hongzhi détient plus de 340 prix et déclarations honorifiques d’Australie, du Canada, de la Chine (avant son bannissement), du Japon, de la Russie et des États-Unis, en reconnaissance de ses « contributions extraordinaires à la santé spirituelle et physique des gens » et à la « liberté de croyance » dans le monde.

Il s’agit notamment de certificats de reconnaissance de plusieurs organismes gouvernementaux aux États-Unis - y compris la citoyenneté d’honneur accordée par l’État de Géorgie et la ville d’Atlanta.

Le 14 mars 2001, Li est classé comme le communicateur le plus puissant d’Asie par le magazine Asiaweek, « pour son pouvoir d’inspirer, de mobiliser les gens et d’effrayer Pékin ».

Compliquant encore un peu plus le problème, la présence d’un grand nombre d’adeptes à Taïwan, où le FG n’est pas interdit.

Appuyé par plus de 25 membres du Parlement européen, Li postule pour le prix Sakharov 2001 et pour le prix Nobel de la paix en 2000 et en 2001. En 2013, le magazine Foreign Policy le classe parmi les 500 personnes les plus puissantes du monde.

Freedom House

Pour sa part, en 2001, la puissante ONG américaine Freedom House décerne à Li Hongzhi et au Falun Gong, l’International Religious Freedom Award pour l’avancement de la liberté religieuse et spirituelle lors d’une cérémonie au Sénat des États-Unis.

L’ambassadeur américain Mark Palmer.

Selon le FG, l’ONG basée à Washington, Freedom House (150 permanents avec un budget de 16 millions de dollars payé par la NED, George Soros, USAID, etc.), a été « l’une des voix internationales les plus cohérentes pour soutenir le droit des pratiquants de Falun Gong à pratiquer leur foi sans crainte de persécution ».

Au cœur de l’opération, Mark Palmer, à l’époque vice-président de Freedom House. C’est lui qui a permis au FG de s’établir légalement aux Etats-Unis. Membre de l’American Academy of Diplomacy et du Committee on the Present Danger, cet ancien ambassadeur des Etats-Unis en Hongrie fut un dirigeant du Council for a Community of Democracies et le cofondateur de la fameuse National Endowment for Democracy (NED).

Depuis août 2018, le patron de Freedom House n’est autre que l’ancien juge fédéral, le très néo-conservateur Michael Chertoff. Comme on peut le lire sur le site de l’ONG, de 2005 à 2009, Chertoff a occupé le poste de Secrétaire américain à la sécurité intérieure sous George W. BUsh, « où il a dirigé les efforts du gouvernement fédéral pour protéger la nation contre un large éventail de menaces pour la sécurité, notamment en empêchant les terroristes potentiels de franchir nos frontières ou de mettre leurs plans à exécution s’ils étaient déjà dans le pays ».

Michael Chertoff, co-auteur de la loi liberticide Patriot Act, ici avec George W. Bush.

Alors que Freedom House, avec l’Open Society de Soros et Human Right Watch, brillent au firmament des ONG luttant pour une société ouverte, les droits de l’homme et la démocratie, Chertoff a co-écrit le « Patriot Act », une des pires lois liberticides de l’histoire ! [2] Inutile de préciser que par la suite, Chertoff a endossé la campagne de Hillary Clinton...

Bien que fondée par Eleanore Roosevelt et (le moins recommandable) Leo Cherne, le conseil d’administration de Freedom House a accueilli une belle brochette de néo-conservateurs de la pire espèce.

Partisans d’un monde uni-populaire, ils se servent des droits de l’homme comme feuille de vigne d’un impérialisme décomplexé, à l’origine des désastres militaires en Irak, en Syrie, en Libye, etc. Pour n’en nommer que quelques-uns : Brezinski, Wolfowitz, Rumsfeld, Huntington ou encore Kirckpatrick.

Presque tous sont des partisans des politiques de « changement de régime » promues par Tony Blair au nom du « droit de protéger ».

L’opération contre le président Hu Jintao

Wang Wenyi.

Les néo-conservateurs utilisent le FG comme un jouet, comme en témoigne l’incident ayant perturbé la visite du président chinois Hu Jintao à Washington en 2006, alors que le vice-Président Cheney et sa faction étaient en pleine ascension.

Il est vrai que l’opposition chinoise aux politiques de l’administration Bush sur l’Iran et la Corée du Nord n’avait pas créé un environnement particulièrement favorable à cette visite.

Le point culminant de l’affront fait à la Chine fut l’intervention de Wang Wenyi, une adepte du FG accréditée en tant que journaliste de l’Epoch Times, hurlant depuis la pelouse de la Maison-Blanche : « Le ciel détruira les communistes chinois », « Quittez le Parti », « 10 millions de héros ont quitté le parti, quand allez-vous partir ? » et « Pratiquer le Falun est génial ».

Le fait que la Maison-Blanche ait accordé une carte de presse temporaire au nom de l’Epoch Times à cette détraquée ayant enquêté sur les supposés prélèvements d’organes chez les opposants chinois, a forcément interpellé le gouvernement de Beijing. A cela s’ajoute que les services secrets, généralement si prompts à exfiltrer le moindre chahuteur des événements officiels de la Maison-Blanche, n’ont fait aucun effort pour faire sortir Mme Wang pendant le discours du président Hu.

La cyberguerre contre la Chine

Dans son livre Surveillance Valley, the secret military history of Internet (Vallée de la surveillance, l’histoire militaire secrète d’internet), le journaliste d’investigation russo-américain Yasha Levine documente comment le gouvernement américain utilise internet comme une arme politique et le rôle qu’y joue le FG.

D’après Levine, certains groupes du FG reçoivent des fonds du gouvernement américain via le programme « Internet Freedom », géré par l’Agence américaine pour les médias mondiaux (USAGM), anciennement dénommée Broadcasting Board of Governors (BBG). Le confortable budget de cette institution avoisinait les 804 millions de dollars en 2018.

Son activité redoubla d’intensité suite aux incriminations lancées par un rapport de la minorité du Comité des Affaires étrangères du Sénat.

Le rapport attaquait le Département d’État pour comportement trop amical envers la Chine :

Pour l’exercice de 2008 à 2010, le Congrès a fourni environ 50 millions de dollars de financement pour contribuer à la liberté de l’internet. Or, en janvier 2011, le Département d’État avait engagé moins de 20 millions de dollars, dont une faible partie pour la Technologie de contournement de la censure d’internet (ICCT). Certains des logiciels ICCT les plus sophistiqués sont développés par deux sociétés américaines, dont les fondateurs ont fui la Chine pour échapper à la persécution parce qu’ils étaient membres du Falun Gong. Leur logiciel fut initialement conçu pour permettre à d’autres pratiquants de Falun Gong en Chine (que les autorités de Pékin continuent de poursuivre, harceler et emprisonner) de contourner le Grand Pare-feu en permettant à leurs utilisateurs de naviguer sur le Web comme s’ils étaient aux États-Unis ou dans d’autres pays ‘amis d’internet’, via une combinaison de sites Web proxy et de réseaux privés virtuels. Cependant, [les firmes] DIT et UltraReach ont rapidement constaté que leurs produits étaient utilisés par des militants pour la démocratie et des citoyens ordinaires pour contourner la censure sur internet en Iran, en Arabie saoudite, en Syrie, en Égypte, en Birmanie et au Vietnam. Le Congrès a répondu en allouant quelque 50 millions de dollars au Département d’État pour soutenir la liberté sur internet : exercice 2008 = 14,8 millions de dollars ; exercice 2009 = 5 millions de dollars ; exercice 2010 = 30 millions de dollars.

Une note de bas de page confirme que des entreprises du Falun Gong ont reçu une partie de cet argent par l’intermédiaire du BBG :

Le BBG a reçu 1,5 million de dollars du financement de l’exercice 2009 pour la liberté de l’internet. Le BBG a rapidement passé un contrat avec DIT pour l’expansion de ses opérations logicielles Freegate pour environ 600 000 dollars et avec UltraReach pour 840 000 dollars.

Or, comme le précise le site américain Moon of Alabama, DIT (Dynamic Internet Technology) est géré par un seul homme, Bill Xia. Dans un portrait paru dans Businessweek de 2006, il confirme qu’il est membre du FG.

Par ailleurs, le fait que le site internet du DIT ne mentionne que quatre clients : l’Epoch Times du Falun Gong, Voice of America (VOA), Radio Free Asia (RFA) et le groupe de propagande Human Rights in China (HRIC), basé à New York et Hong Kong. VOA et RFA sont financées par l’USAGM/BBG. Quant à HRIC, il est financé par le National Endowment for Democracy (NED) des États-Unis, l’Open Society Institute de Soros et d’autres organisations similaires.

C’est donc grâce à des sociétés détenues par le Falun Gong que le gouvernement américain fournit des logiciels et des serveurs permettant de contourner le Grand Pare-feu de la Chine.

Le groupe Epoch Media

En 2000, Li Honghzi participa, en plein cœur de Manhattan à New York, à la fondation de l’Epoch Media Group, qui gère à la fois The Epoch Times (journal papier et numérique) et la télévision New Tang Dynasty (NTD). Les deux médias sont dirigés par un Américain d’origine chinoise, John Tang, chargé de diffuser l’idéologie du Falun Gong via l’information, partout dans le monde, mais surtout auprès des lecteurs américains, allemands et français.

Le 12 août 2002, The Epoch Times lance son premier quotidien à Washington. En août 2004, la première édition en langue anglaise est lancée à New York, ainsi que Washington, Los Angeles, San Francisco, et dans plusieurs autres villes comme San Diego, San Francisco, Boston, Dallas et à Chicago. L’édition française date de 2004. Elle est diffusée à Paris (France) et Montréal (Canada).

A l’heure actuelle, le nombre d’abonnés aux pages Facebook de l’Epoch Times est considérable :

  • Etats-Unis : 9 millions ;
  • Canada : 2,7 millions ;
  • France : 1,4 million ;
  • Taïwan : 1,1 million ;
  • Allemagne : 888000 ;
  • Roumanie : 512000 ;
  • Italie : 293000 ;
  • Royaume-Uni : 159000
  • Pays nordiques : 102000 ;
  • Russie : 73000 ;
  • Australie : 58000 ;
  • Portugais : 57000 ;
  • Espagnol : 12000 ;
  • Ukraine : 3000 ;
  • Corée du Sud : 2300 ;
  • Bulgarie : 1500 ;
  • Japon : 1400 ;

Alors que la plupart des organes de presse subissent des pertes, The Epoch Times affichait 8,1 millions de dollars de revenus en 2017 - le double de l’année précédente - et déclarait avoir dépensé 7,2 millions de dollars pour « imprimer le journal et créer des programmes web et médias ». La plupart de ses revenus proviennent des recettes publicitaires, notamment du web (monétisation de sa page Youtube, etc.), à en croire les déclarations fiscales du groupe, tandis que les dons individuels et les abonnements au journal ne dépassent guère 10 % de ses revenus.

A cela s’ajoutent les revenus de sa chaîne de télévision New Tang Dynasty, qui s’élevaient, toujours selon le fisc américain (IRS), à 18 millions de dollars pour 2017, soit 150 % de plus que l’année précédente. NTD TV a dépensé 16,2 millions de dollars dans la même année. A souligner, le fait que la chaîne anglophone de NTD TV, surtout suivie aux Etats-Unis, a 31,5 millions d’abonnés, et que la chaîne francophone, produite en France, en a 80000.

Depuis 2003, le site web et le groupe The Epoch Times sont devenus l’un des plus grands sites d’information et groupes de journaux en langue chinoise hors de Chine, avec des éditions locales aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon, en Indonésie, à Taïwan, à Hong Kong et dans les principaux pays d’Europe occidentale.

Le journal canadien La Presse révèle que le ministère du Patrimoine canadien aurait accordé en mars 2020 une subvention de 455 000 dollars « au journal complotiste à tendance d’extrême droite et proche du Falun Gong, Epoch Times ».  

Il est vrai qu’Epoch Times avance masqué et n’affiche pas ouvertement son affiliation avec le FG. Ses orientations conservatrices ne semblent pas, à première vue, plus sectaires que celles de l’ancien Washington Times du révérend Sun Myung Moon, une autre secte multinationale créée par la CIA, qui n’hésitait pas à s’afficher sa préférence pour Jean-Marie Le Pen.

Le présentateur star de NTD France, Vladia Nuyttens fait la démonstration des exercices du Falun Gong.

En France, l’Epoch Times suit avec grand intérêt la campagne fulgurante d’Eric Zemmour, l’homme qui se croit le Trump français, sans jamais formuler la moindre critique à son encontre.

D’autres journalistes, intellectuels et personnalités politiques, cherchant sans doute un auditoire conservateur et peu regardant sur la nature du média où ils s’expriment, enchaînent des entretiens sur Youtube avec Epoch Times France (512 000 abonnés) et NTD Français (155 000 abonnés).

Fabrice De Vizio, lors de son entretien avec The Epoch Times.

Loin de nous donc l’idée que toutes ces personnalités adhèrent à l’idéologie du FG ou cherchent à promouvoir une secte anglo-américaine en France. Nous estimons cependant qu’il ne serait pas inutile qu’elles prennent leurs distances avec cette mouvance. Savent-ils qu’en se faisant interviewer par Vladia Nuyttens pour NTD TV, ils parlent à un membre du FG ? Le petit florilège qui suit indique l’impact qu’une telle secte peut s’arroger dans les débats politiques en France :

  • 26 août 2021, René Chiche, professeur agrégé de philosophie, vice-président du syndicat Action & Démocratie CFE-CGC, membre du Conseil supérieur de l’Éducation : « Il y a un effondrement général du niveau scolaire en France » ;
  • 15 août 2021, Paul-François Paoli, chroniqueur au Figaro, auteur de Aux Sources du malaise identitaire français ;
  • 12 août 2021, Alexandre Juvig-Brunet, chef d’entreprise et capitaine de gendarmerie (r) : « Des forces terrifiantes sont en face, mais on ne peut plus reculer » ;
  • 8 août 2021, Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne et président du mouvement politique Debout la France : « Des oligarques veulent tenir le monde » ;
  • 2 août 2021, Florian Philippot, président du mouvement politique Les Patriotes : « Le monde ne comprendrait pas que la France tombe dans l’apartheid et la tyrannie » ;
  • 29 juillet 2021, Martine Wonner, députée de la 4e circonscription du Bas-Rhin. Médecin psychiatre de formation : « Le gouvernement va punir les Français en montrant du doigt les non vaccinés » ;
  • 27 juillet 2021, Éric Verhaeghe, entrepreneur, essayiste et directeur du Courrier des Stratèges : « Ce qui se passe est inadmissible, c’est une rupture historique ? » ;
  • 26 juillet 2021, Philippe Murer, économiste : « Pass sanitaire, un fonctionnement à la chinoise arrive en France » ;
  • 26 juillet 2021, Remi Tell, entrepreneur et fondateur du collectif Peuple Libre, un « mouvement apolitique né en avril 2021 pour défendre les libertés dans le cadre de la lutte contre l’épidémie » ;
  • 24 juillet 2021, Gilbert Collard, avocat et député européen RN ;
  • 11 juillet 2021, Pierre Jovanovich, auteur, « Futur terrifiant » ;
  • 3 mai 2021, Dr Louis Foucher, médecin anesthésiste-réanimateur à l’hôpital de la Conception, à Marseille, membre du collectif Réinfo Covid : « L’idéologie néolibérale mondialiste a détruit progressivement le bien commun » ;
  • 11 février 2021, Fabrice Di Vizio, avocat du Pr Didier Raoult et de l’association Victimes Coronavirus France, référent santé du mouvement Les Patriotes de Florian Philippot : « On ne sait pas si le confinement sauve, mais on sait qu’il tue ». [3]

Sur le pont du Falun Gong, on y danse

Affiche dans le métro parisien.

Six ans après le lancement de l’Epoch Times, en 2006, Li fonde également Shen Yun Performing Arts, une société de divertissement à but non lucratif basée aux États-Unis, producteur de spectacles de danse et de concerts symphoniques.

Qui n’a pas vu leurs affiches dans le métro parisien ? Shen Yun emploie environ 480 artistes et a effectué des tournées dans plus de 130 villes en Europe, en Amérique du Nord, en Océanie et en Asie.

Si Shen Yun se revendique d’une tradition ancestrale, en réalité, elle est entièrement formatée par le FG. D’anciennes danseuses de Shen Yun rapportent que l’emprise personnelle de Li sur les spectacles est totale, y compris sur la carrière de chaque artiste, comme le documente ce reportage de la télévision australienne.

Irruption régulière dans les spectacles, en noir, les méchants du PCC en agresseurs.

En 2012, un spectateur, pas forcément pro-chinois, rapporte :

L’argumentaire de Shen Yun est qu’ils produisent des spectacles qui s’inspirent de 5000 ans de culture chinoise et en font donc la promotion. Peut-être. Leurs danses sont basées sur divers mythes et légendes chinois, comme le Voyage du singe vers l’Ouest, et sur les communautés ethniques chinoises, mais il y a aussi des pièces de danse contemporaine avec quelque chose de très, très étrange : (…) des voyous de la police vêtus de noir avec des insignes rouges en forme de marteau et de faucille sur leurs chemises. Ils battent sans raison les citoyens doux et méditants qui brandissent une pancarte indiquant que le Falun Dafa est bon. Oui, la police chinoise a battu des membres du Falun Dafa ou du Falun Gong et les a persécutés. Ce n’est pas le problème ici, mais, encore une fois, j’ai payé 90 dollars le billet pour voir plusieurs numéros de danse qui étaient de la propagande contre le gouvernement chinois. Il n’y avait pas d’équilibre là-dedans, pas de contexte, pas de mise en garde du public sur le fait que c’était leur intention. Ces vignettes, je crois qu’il y en avait quatre, n’étaient cependant pas la partie la plus étrange de la soirée. À quatre reprises pendant le spectacle, les danseurs restaient hors de la scène et soit un chanteur en smoking, soit une chanteuse en robe de soirée, chantaient de courts vers, peut-être des chansons, qui énonçaient une partie du dogme du Falun Dafa.

Li Hongzhi décrit les spectacles de Shen Yun comme un moyen de « sauver » le public du diable et du PCC.

Le quartier général du Falon Gong, le vaste complexe ultra-sécurisé de Dragon Springs à Deerpark dans Etat de New York.

Le siège de la société est situé à Deerpark, dans l’État de New York. C’est là, sur un terrain de 1,7 km², au centre d’une vaste résidence protégée appelée Dragon Springs, que la société cohabite avec le fondateur Li et un certain nombre de hauts responsables du FG.

Le deal gagnant-perdant entre le Falun Gong et Donald Trump

Aux États-Unis, l’Epoch Times se vante d’être le journal que le président Donald Trump estime « le plus crédible » et le seul auquel il fait confiance…

Au départ, le FG ne se mêlait pas de politique. Tout a changé en juin 2015, après que Donald Trump a annoncé sa candidature à la présidence, proclamant qu’il « battait la Chine tout le temps ». En Trump, le FG a vu plus qu’un simple allié - il a vu un sauveur. Comme l’a déclaré un ancien rédacteur d’Epoch Times à NBC News, les dirigeants du groupe « croient que Trump a été envoyé par le ciel pour détruire le Parti communiste ».

Le journal a bénéficié financièrement de la promotion de Trump, quadruplant presque ses revenus au cours des trois premières années de l’administration Trump, en passant de 3,9 millions de dollars en 2016 à 15,5 millions de dollars en 2019. Epoch Times s’adressait aux plus ardents partisans de Trump, auprès desquels le journal se vendait via des publicités ciblées sur les réseaux sociaux.

En 2019, une longue enquête de Brandy Zadrozny et Ben Collins de la chaîne NBC expliquait que The Epoch Times était le deuxième plus grand financeur de publicités pro-Trump sur Facebook :

Le petit organe d’information à but non lucratif basé à New York a dépensé plus de 1,5 million de dollars pour environ 11 000 publicités pro-Trump au cours des six derniers mois, selon les données des archives publicitaires de Facebook - plus que toute organisation en dehors de la campagne de Trump elle-même, et que la plupart des candidats démocrates à la présidence ont dépensé pour leurs propres campagnes. Ces publicités vidéo - dans lesquelles des porte-parole non identifiés feuillettent un journal pour faire l’éloge de Trump, colporter des théories du complot sur le Deep State et critiquer les médias fake news - ont un ton familier dans l’écosystème des nouvelles conservatrices en ligne. The Epoch Times ressemble à de nombreux canards conservateurs qui ont gagné des adeptes ces dernières années.

En avril, au plus fort de ses dépenses publicitaires, les vidéos d’Epoch Media Group, qui comprend The Epoch Times et le site de vidéo numérique New Tang Dynasty, ou NTD, ont totalisé environ 3 milliards de vues sur Facebook, YouTube et Twitter, se classant au 11e rang parmi tous les créateurs de vidéos sur toutes les plateformes et dépassant tous les autres éditeurs d’informations traditionnels, selon les données de la société d’analyse des médias sociaux Tubular. 

Cet engagement a fait de l’Epoch Times un favori de la famille Trump et un élément clé de la campagne de réélection du président. La page Facebook du président a publié du contenu d’Epoch Times au moins une demi-douzaine de fois cette année - avec plusieurs articles écrits par des membres de la campagne Trump. Donald Trump Jr. a également tweeté plusieurs de leurs articles. En mai, Lara Trump, la belle-fille du président, s’est assise dans la Trump Tower pour une interview de 40 minutes avec le rédacteur en chef du journal. Et pour la première fois, The Epoch Times a été l’un des principaux acteurs de la conférence conservatrice CPAC de cette année, où il a obtenu des interviews de membres du Congrès, de membres du cabinet Trump et de célébrités de droite. Dans le même temps, son réseau de sites d’information et de chaînes YouTube en a fait un puissant canal permettant aux théories du complot les plus fringantes d’internet, notamment la propagande anti-vaccination et QAnon, d’atteindre le grand public.

L’argent du millionnaire Robert Mercer

Le milliardaire libertarien et anti-communiste Robert Mercer (à droite).

Les documents fiscaux d’Epoch Media Group indiquent qu’entre 2012 et 2016, le groupe a reçu 900 000 dollars d’un des directeurs de Renaissance Technologies (RenTec), un fonds spéculatif parmi les plus grands clients de Deutsche Bank, à l’époque dirigé par le millionnaire libertarien et anti-communiste Robert Mercer. Ce dernier est également un des mécènes de la Anglosphere Society, une fondation qui ambitionne à « Renforcer les liens entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le monde anglophone », et qui tire à boulets rouge sur la Chine qu’elle accuse de non-respect des libertés religieuses.

Rebekah Mercer (à droite) avec la conseillère de Donald Trump Kellyane Conway (au centre) et Steve Bannon (derrière), lors de la cérémonie inaugurale de Trump.

Avec sa fille Rebekah, Robert Mercer a été un des méga-donateurs de la campagne de Donald Trump. C’est également la famille Mercer qui a lancé la carrière de l’ex-banquier de Goldman Sachs, Steve Bannon. Gourou de l’alt-right et ex-président exécutif de Breitbart News, c’est lui qui a produit avec New Tang Dynasty TV un documentaire anti-chinois. Parlant de NTD TV, Bannon disait : « Je leur fixais un chiffre sur le budget d’un projet que je leur proposais et ils revenaient en disant : ‘On est OK pour ce chiffre’. »

Pour faire élire Trump, Rebekah Mercer, qui a fini comme membre dirigeante de l’équipe de transition de Trump, c’est-à-dire en position de proposer et sélectionner les membres de son cabinet, avait financé et mis sur pied, avec Steve Bannon, la firme Cambridge Analytica, une société qui aurait permis à Trump de l’emporter grâce à des logiciels et des algorithmes capables de manipuler les électeurs sur les réseaux sociaux.

Cambridge Analytica

Les liaisons dangereuses entre Facebook et Cambridge Analytica ont fait scandale.

Quel était l’avantage de Cambridge Analytica ? D’abord la richesse de leur base de données. Alexander Nix, son PDG, s’est targué à plusieurs reprises, par exemple, d’avoir des informations sur les 220 millions d’adultes américains.

Ensuite, leur méthode d’analyse ne repose pas essentiellement sur des critères classiques, comme la localisation géographique, l’âge ou encore le métier, mais part du profil psychométrique de chacun. Cette branche controversée de la psychologie a pour but d’évaluer l’intelligence et le comportement des personnes à travers différents tests. Elle prend en compte non seulement des données objectives comme le lieu de résidence, les préférences musicales, mais aussi les émotions. Cette technique permet, d’après Nix, de savoir de quel bord politique est un individu, s’il est politiquement indécis, s’il est plutôt sociable, prompt à s’énerver, quelle est son inclinaison sexuelle, s’il vient de divorcer ou encore s’il est d’un naturel anxieux.

Il suffit alors de personnaliser au maximum (micro-ciblage) les publicités ou vidéos politiques que l’on fait apparaître dans le fil d’information de la page Facebook d’un électeur pour tenter de l’influencer. Des internautes afro-américains dans certains États américains ont ainsi vu apparaître dans leur fil d’actualité des vidéos où l’adversaire démocrate de Donald Trump, Hillary Clinton, semblait insinuer que tous les Noirs étaient des « prédateurs sexuels », raconte le site Motherboard. « Tous les messages de Donald Trump avaient été conçus grâce à l’analyse de données », a soutenu Alexander Nix.

Si ces techniques ont certes pu jouer un rôle majeur, c’est avant tout le déclin industriel et agricole, ainsi que l’appauvrissement du peuple américain, qui ont constitué le terreau idéal pour l’émeute électorale incarnée par le vote Trump.

Strategic Communication Laboratories (SCL)

Annonce : SCL Group fournit des analyses et des stratégies à des organisations gouvernementales et militaires du monde entier. Depuis 25 ans nous avons conduit des programmes de changement comportemental dans plus de 60 pays et nous avons été reconnu pour notre travail dans le domainde de la défense et du changement social.

Le quotidien britannique The Guardian affirme que quelques mois avant le référendum britannique sur la sortie de l’UE, Robert Mercer est allé voir Nigel Farage pour lui suggérer de travailler avec la maison mère britannique de Cambridge Analytica, Strategic Communication Laboratories (SCL Group), une entreprise qui s’est décrite comme une « Agence mondiale de gestion des élections ».

Selon son site internet, SCL a participé à plus de 25 campagnes politiques et électorales internationales depuis 1994, principalement dans les pays en développement, où SCL a été payé par des militaires ou des politiciens pour étudier et manipuler l’opinion publique. SCL dit ainsi avoir influencé des élections en Italie, Lettonie, Ukraine, Albanie, Roumanie, Afrique du Sud, Nigeria, Kenya, Maurice, Inde, Indonésie, Philippines, Thaïlande, Taïwan, Colombie, Antigua, Saint-Vincent & les Grenadines, Saint-Christophe-et-Niévès et Trinité-et-Tobago.

Interrogée par The Guardian, une personne cherchant à obtenir un stage chez SCL affirme que l’activité de l’entreprise se résumait à des opérations de « guerre psychologique ». « Guerre psychologique ? » s’étonne alors la journaliste.

Réponse : « Totalement. C’est ce que c’est. Psyops. Des opérations psychologiques - les mêmes méthodes que les militaires utilisent pour faire changer les sentiments en masse. C’est ce qu’ils entendent par ’gagner les cœurs et les esprits’. Nous le faisions juste pour gagner des élections dans le genre de pays en développement qui n’ont pas beaucoup de règles. »

Pourquoi quelqu’un voudrait-il faire un stage dans une entreprise de guerre psychologique, lui demande alors la journaliste.

Réponse : « C’était comme travailler pour le MI6 [service de renseignement extérieur de sa Majesté]. Sauf que c’est un MI6 en location. C’était très chic, très anglais, dirigé par un vieil Etonien et on pouvait faire des choses vraiment cool. Se ballader en avion partout dans le monde. Tu travaillais avec le président du Kenya ou du Ghana ou autre. Ce n’est pas comme les campagnes électorales dans les régions pommées d’Angleterre. Vous deviez accomplir toutes sortes de choses folles. »

D’après Wikipedia, « Les dirigeants et les propriétaires de la société avaient des liens étroits avec le Parti conservateur (Royaume-Uni), la famille royale britannique et l’armée britannique, et ses investisseurs comprenaient certains des plus grands donateurs du Parti conservateur. »

Vous avez bien lu, la maison mère de la société qui a joué un rôle clé pour faire élire Donald Trump, a été une entreprise britannique ! Bravo pour l’America First !

Un clip vidéo témoigne que Farage et Mercer se sont retrouvé à la Trump Tower dont plusieurs appartements ont été acquis par Mercer.

A l’origine, le groupe SCL était une société britannique privée fondée en 1990 par l’entrepreneur anglais Nigel Oakes afin de mettre les progrès de la psychométrie et de la psychologie comportementale au service de la communication stratégique (militaire, gouvernementale, affairiste ou le plus souvent électorale et politique) en les combinant à ceux du traitement quantitatif des données. SCLE (ou SCL Elections Ltd) s’est décrite comme une « Agence mondiale de gestion des élections »)...

Depuis le début de la « guerre contre le terrorisme », les entreprises de Nigel Oakes ont aussi été engagées par l’armée britannique, et parfois au sein de l’Otan (comme prestataire de formations).

Le groupe SCL, ses succursales et ses sociétés filles ou satellites ont (durant environ 25 ans pour certaines), secrètement combiné des données publiques ; des données issues d’études scientifiques ; des données issues du renseignement parfois, des données issues du big data (par data mining, ce qui a été facilité par l’explosion de l’Internet au tournant du XXIe siècle).

La nébuleuse maison mère britannique de Cambridge Analytica.

D’après un article publié sur le site de Radio France International, en avril 2018, Alexandre Nix a été pris « à son propre piège. Lors d’une caméra cachée, le patron de Cambridge Analytica a, sans se méfier, expliqué à un client comment affaiblir un opposant en le piégeant au travers de pots-de-vin ou de prostituées. Seulement, ce client n’était autre qu’un journaliste qui s’était fait passer pour un homme d’affaires sri-lankais prêt à se lancer en politique. Alexandre Nix et Mark Turnbull, son directeur des activités politiques, ont aussi mis en avant leurs réseaux britanniques ou israéliens pour déceler ’des cadavres dans le placard’, selon leurs termes. En clair, pour dévoiler au grand jour des affaires gênantes. »

Bien que SCL s’est déclarée en faillite après le scandale Facebook-Cambridge Analytica/AggregateIQ dans lequel elle était impliquée, depuis août 2017 son personnel et ses équipes, regroupés dans la nouvelle société Emerdata continuent à prospérer en faisant appel aux mêmes pratiques. Dans le conseil d’administration d’Emerdata, Alexander Nix de Cambridge Analytica et Jennifer Mercer et sa sœur, l’inévitable Rebekah Mercer, deux actionnaires de la société...

Abstraction faite de l’avis que chacun puisse avoir sur le bienfondé ou non du Brexit, le fait demeure que l’ex-directeur de communication du mouvement pro-Brexit, Leave.eu (quitter l’UE), Andy Wigmore, a affirmé au quotidien britannique The Guardian que SCL « était ravi d’aider gratuitement [la campagne] car Nigel Farage était un bon ami des Mercer ». Bannon, dans une vidéo, affirme avoir participé à l’écriture de certains discours pro-Brexit de Boris Johnson et après le Brexit, Farage a vivement remercié Breitbart pour leur contribution à cette victoire.

Robert Mercer et le Falun Gong

Le 27 mai 2020, The Daily Beast publia un article intitulé The Hedge Fund Man Behind Pro-Trump Media’s New War on China (L’homme du fonds spéculatif derrière la nouvelle guerre des médias pro-Trump contre la Chine), dont voici un extrait :

Une fortune faite dans un fonds spéculatif secret dirigé par Robert Mercer (l’un des plus grands donateurs de Donald Trump) semble alimenter une poussée pour un affrontement avec la Chine à travers un certain nombre de propriétés médiatiques connectées (...) Un relevé de l’IRS, recensant les plus grands contributeurs à Universal Communications Network (un organisme à but non lucratif opérant sous le nom de ‘New Tang Dynasty Television’, le média numérique et le producteur de télévision pour le groupe Epoch Media), fait la lumière sur le financement du groupe et ses liens tangentiels avec l’un des bailleurs de fonds, aux poches profondes, de Trump.

Le document révèle qu’un couple, Huayi et Siuling Zhang, a versé 909 500 dollars à New Tang Dynasty entre 2012 et 2016. Zhang a également été président du conseil d’administration de l’organisation en 2004, 2005 et de 2007 à 2010. Il a été inscrit sur la liste des administrateurs en 2006. Peu d’informations sont disponibles sur Huayi et Siuling Zhang, mais une biographie de Huayi, aujourd’hui supprimée, publiée sur le site internet de New Tang Dynasty Television en 2010 et accessible via Archive.org, indique qu’il a travaillé pour le fonds spéculatif de Mercer et est associé au Falun Gong. ‘Le Dr Huayi Zhang est un directeur de Renaissance Technologies’, indique la biographie. ‘Zhang a rejoint Kepler Financial Management, le prédécesseur de la branche actions de Renaissance, en 1989 et est devenu un chercheur principal dans la conception du système de trading mathématique de la société. Le Dr Zhang est membre du conseil d’administration du Dongfang College. Il siège également au conseil d’administration de l’Asia Vision Foundation’. Le Dongfang College et l’Asia Vision Foundation sont tous deux des entités liées au Falun Gong. Dans ses contributions à la campagne, Huayi Zhang a également mentionné Renaissance Technologies comme son employeur, ce qui suggère qu’il était encore employé par le fonds au moins jusqu’en 2018. (Robert Mercer’s) Renaissance Technologies est un fonds spéculatif très secret, spécialisé dans les modèles quantitatifs pour guider le trading systématique, et gère plus de 100 milliards de dollars. Il a acquis sa notoriété en tant que source de richesse pour le méga-donateur de Trump, Robert Mercer, qui fut co-PDG de Renaissance de 2009 à 2017. Mercer s’est démis de son rôle de co-PDG à la suite d’une levée de boucliers contre la société, en raison de l’activisme politique important de Mercer en faveur de l’extrême droite. Ces activités comprenaient un investissement d’au moins 10 millions de dollars dans Breitbart News en 2011, qui était à l’époque dirigé par Steve Bannon. Média virulemment anti-immigrés et promoteur de la théorie du complot, Breitbart a offert une couverture très favorable à la campagne présidentielle de Trump en 2016, a financé ‘Clinton Cash’, un livre et un documentaire truffés d’erreurs faisant des affirmations audacieuses sur les finances de Bill et Hillary Clinton, et a contribué à hauteur de 2 millions de dollars à Secure America Now (SAN), un groupe qui a diffusé de fausses publicités de voyage propageant une théorie du complot islamophobe selon laquelle les musulmans cherchent à envahir les pays occidentaux comme la France, l’Allemagne et les États-Unis.

Rien ne prouve que Zhang et Mercer, par le biais de leur affiliation commune avec Renaissance Technologies et de leurs affiliations respectives avec les médias de droite Epoch Media et Breitbart, aient coordonné leurs efforts pour mener un programme faucon anti-Pékin et développer deux des porte-voix pro-Trump les plus prodigues sur internet. Mais les histoires largement parallèles de deux hommes ayant une formation en mathématiques, des fortunes faites avec les systèmes secrets de trading quantitatif de Renaissance Technologies, et une inclinaison idéologique vers la politique de droite, semblent avoir produit des résultats étrangement similaires dans la médiasphère pro-Trump.

Le financement des médias par Mercer et Zhang se recoupe dans leur promotion respective de Bannon, qui a occupé le poste de stratège-en-chef de Trump à la Maison Blanche. Malgré une brouille signalée avec Mercer, Bannon continue de bénéficier d’une promotion généreuse de la part de Breitbart (la part de Robert Mercer est désormais détenue par ses filles) et de SAN. Cette promotion de Bannon est étroitement liée à la couverture positive d’Epoch Media à son égard. Bannon a adopté des messages hyper-nationalistes et anti-Pékin bien avant la pandémie de COVID-19, et il a continué depuis. ‘La dévastation, pas seulement des vies humaines, qui a été horrible, mais la dévastation économique, la dévastation sur les marchés financiers nous prendra littéralement 10 ans’, a-t-il déclaré lors d’un récent podcast du SAN en mars. ‘Il nous faudra une décennie pour surmonter le carnage que le Parti communiste chinois a infligé au reste du monde libre. 

En octobre, le nouveau long métrage de Bannon, ‘Claws of the Red Dragon (Les griffes du dragon rouge)’, a été diffusé en avant-première sur le réseau d’information pro-Trump One America, offrant son point de vue unique sur la bataille juridique qui suivit l’arrestation au Canada d’un cadre de Huawei. Le film raconte comment Huaxin, une entreprise fictive clairement inspirée de Huawei, œuvre pour ‘la domination mondiale du cyberespace par le gouvernement du Parti communiste chinois (PCC)’, précise un synopsis publié sur le site Web du film, et se termine avec le Canada au bord d’un affrontement avec la Chine. New Tang Dynasty Television, le groupe que Zhang a financé et présidé pendant plusieurs années, a financé Claws of the Red Dragon.

Steve Bannon devant une image de Claws of the Red Dragon, son film réalisé avec NTD TV.

Enfin, le 9 avril 2019, Bannon, opérant plus efficacement à l’extérieur de l’administration Trump que de l’intérieur, a mis sur pied un Comité sur le danger présent - Chine (CPDC). Regroupant toute une brochette de faucons et de néo-conservateurs américains, Bannon a pu y présenter les remarques du sénateur Ted Cruz et ceux de l’ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich. Parmi les membres on trouve Franck Gafney et James Woolsey, un ancien directeur de la CIA.

Le 4 juin 2020, Steve Bannon, avec l’appui de Guo Wengui, un milliardaire douteux chinois exilé aux Etats-Unis et un proche ami de Tony Blair, a créé le « Nouvel Etat fédéral de Chine », un nouveau groupe de pression dont le but déclaré est de renverser le PCC en tant que gouvernement chinois.

Une ONG, l’Himalaya Supervisory Organization, est en charge de diffuser l’information à l’internationale. Le groupe opère en Australie sous le nom de Himalaya Australia, en Nouvelle-Zélande sous Himalaya New Zealand et au Royaume-Uni sous Himalaya UK.

Un mois plus tard, en août 2020, Bannon, soupçonné d’avoir détourné des fonds récoltés dans le cadre d’une campagne privée visant à construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique, a été arrêté à 7h15 du matin par la police au bord du yacht du milliardaire chinois Guo Wengui avec qui Bannon a monté plusieurs affaires. Sur les 25 millions de dollars collectés, 1 million aurait servi à couvrir les dépenses personnelles de Bannon. En attente d’un jugement, grâce à une caution de 5 millions de dollars, l’homme reste libre de ses mouvements.

Ensuite, en janvier 2021, à quelques jours de son départ de la Maison Blanche, Donald Trump, à titre préventif, a accordé la grâce présidentielle à son « ex-conseiller » Bannon ! Ce dernier, au mois de mai, a vu son affaire classée sans suite par la Cour fédérale bien qu’une Cour de l’Etat de New York continue les enquêtes.

Réélection de Trump ?

Maintenant, me direz-vous, Trump a fait tout cela pour tenter de gagner les élections. Certes, mais lesquelles ? Le problème avec ce milliardaire, c’est que pour lui, le mensonge semble être devenu une addiction.

En effet, le 5 juin 2021, donc longtemps après sa défaite, lors de la convention annuelle du Parti républicain de Caroline du Nord, à Greenville, Trump a une fois de plus relancé ses attaques délirantes contre la Chine :

« Le temps est venu pour l’Amérique et le monde entier d’exiger des réparations et des comptes au Parti communiste chinois. Nous devrions tous déclarer d’une seule voix que la Chine doit payer. Ils doivent payer, a martelé Trump. Les États-Unis devraient immédiatement prendre des mesures pour introduire progressivement une taxe ferme de 100 % sur tous les produits fabriqués en Chine. (…) L’année dernière, la Chine a infligé aux États-Unis des dommages économiques estimés à 16 000 milliards de dollars avec un virus que j’appelle le virus chinois – car je veux être précis – le virus qui a emporté la vie de centaines de milliers de nos compatriotes »

.

Ce discours de Greenville marque la deuxième apparition publique importante de Trump depuis qu’il a quitté la Maison-Blanche, en janvier dernier. L’ancien président s’est engagé à rester actif en politique et a fait allusion à la possibilité de se lancer dans une nouvelle course à la présidence en 2024. Le FG et ceux qui reprennent leurs âneries devront savoir qu’ils font campagne, consciemment ou pas, pour sa réélection.

Et le 11 septembre, selon Paris Match, loin des commémorations officielles, après avoir rendu hommage aux pompiers de New York et commenté en direct un match de boxe, l’ex-président Trump s’est exprimé dans un discours (préenregistré), diffusé lors d’une conférence de l’Église de l’Unification, nom officiel de la secte Moon. « Je veux remercier l’Universal Peace Federation et en particulier le Dr Hak Ja Han Moon, quelqu’un de formidable, pour son travail incroyable en faveur de la paix à travers le monde », a-t-il déclaré, sur un arrière-fond bleu brillant en hommage à la veuve de Sun Myung Moon, le fondateur du mouvement sectaire. Il en a profité pour remercier le révérend Moon d’« avoir créé le Washington Times, une organisation pour laquelle [j’ai] un formidable respect et une admiration ». Il s’agit du quotidien conservateur, qui a qualifié cette intervention d’« une de ses apparitions publiques les plus médiatisées ».

En Allemagne et en France

Après le Brexit et les Etats-Unis, cela pourrait être au tour de la France et de l’Allemagne. C’est outre-Rhin que le FG gagne en influence. Sans doute les idéologies anti-immigration du FG et de l’Alternative für Deutschland (AfD) s’accordent-elles.

En 2017, Stefanie Albrecht, une journaliste allemande de RTL, a mené une enquête sur l’AfD, « le parti d’extrême droite qui allait choquer le monde en remportant des sièges au parlement sur un message anti-immigrés et anti-islam ». À l’instar « de leurs pairs de l’alt-right aux États-Unis, les partisans de l’AfD se méfient des médias traditionnels, préférant consommer le travail de sources d’information alternatives généralement partagées sur Facebook ».

Selon Stephanie Albrecht, le journal le plus lu par les membres de l’AfD est l’Epoch Times. Tout cela risque de nourrir les illusions de l’extrême droite française. Ce qu’elle oublie, c’est que les complotistes ne votent pas, car ils croient que tout, forcément, est arrangé d’avance !

Jusqu’ici, en France, « pays des droits de l’homme » et de la laïcité, il est assez étrange que personne n’ose réellement qualifier le Falun Gong de secte !

En avril 2008, le député socialistes Manuel Valls, dans une question au gouvernement, affirme que « ce mouvement spirituel n’est pas qualifié de secte, ni par la Miviludes, ni par aucun autre État que la Chine elle-même » et fustige, sans présenter la moindre preuve, que « les pratiquants de Falun Gong font aujourd’hui l’objet d’un véritable génocide. »

Le Monde prétend ne pas pouvoir réellement se prononcer puisque l’information sur le FG vient soit du mouvement lui-même, soit de la dictature communiste chinoise…

Pour France Culture, La Croix, Sud-Ouest, Télérama, ou encore Francetvinfo Martinique
, le FG est apparemment une minorité à défendre.

Ce n’est qu’à partir du moment où le FG s’est mis à défendre le grand méchant Trump que Conspiracy Watch ou l’UNADFI lui ont consacré quelques lignes. Idem pour Tristan Mendès France sur France Inter.

Une heureuse exception, cet article critique de Shen Yun, publié par Radio France Internationale.

Le 11 septembre 2021, plus de 400 bénévoles et sympathisants du Falun Gong se sont rassemblés pour une « Marche contre le terrorisme d’Etat du régime chinois » dans le quartier chinois du XIIIe arrondissement de Paris.

« Plusieurs groupes de culture traditionnelle chinoise et d’hommage aux victimes, ainsi qu’une fanfare européenne ont animé les rues parisiennes pour lancer leur message pacifique : mettre fin à la persécution du Falun Gong en Chine », peut-on lire dans l’Epoch Times.

En soutien au FG, Hervé Morin, ancien ministre de la Défense et actuel président du Conseil régional de Normandie, a envoyé le 17 août une lettre de soutien à Alain Tong, président de l’association Falun Dafa France, qui l’a publié aussitôt sur son site.

Contre la Covid19, le virus du PCC

Un article paru dans The Epoch Times du 17 février 2020 partageait une carte tirée d’internet, prétendant que des émissions massives de dioxyde de soufre avaient été rejetées par les crématoriums pendant la pandémie de COVID-19 en Chine, ce qui démontrerait que 14 000 corps auraient été brûlés, preuve évidente que la Chine cachait l’épidémie ! Une vérification des faits par l’AFP a révélé que cette carte était une prévision de la NASA sortie de son contexte.

Par ailleurs, une vidéo largement diffusée par The Epoch Times le 7 avril 2020 mettait en scène Judy Mikovits, une complotiste anti-vaccination, auteure du livre Plandemic.

Le 19 mars 2020, depuis Dragon Springs, le gourou du FG, Li, adressait à ses disciples un message intitulé « Rationalité », portant sur le COVID-19, qui était alors en train de bloquer la ville de New York, à 80 miles au sud-est.

Les fléaux et les pestes, par leur nature même, sont le fait des Dieux, leur dit-il. Lorsque les humains se corrompent dans leur cœur, ils génèrent du karma, tombent malades et subissent des calamités.

Li en arrive progressivement à ses fins, en désignant le Parti communiste chinois par ses initiales : PCC. La pandémie « est arrivée avec un but et une cible. Elle est venue pour éliminer les partisans du mauvais Parti et ceux qui vont de pair avec le mauvais PCC ».

Ironiquement, Li suggéra comme remède une sorte de distanciation sociale : « À l’heure actuelle, les pays les plus durement touchés sont ceux qui s’associent étroitement au méchant PCC, et il en va de même pour les individus. Alors, que peut-on faire ? Restez à l’écart du méchant PCC et ne vous alignez pas sur le méchant Parti. »

Six jours plus tard, le 25 mars 2020, The Epoch Times publiait un article intitulé « Les origines mystérieuses du virus du PCC ».

L’auteur accuse sans détour le Parti chinois :

Quatre mois après le début de l’épidémie mondiale du nouveau coronavirus, son origine reste encore inconnue, alimentant les spéculations et compliquant les efforts pour le contrer et empêcher sa réapparition. En fait, on peut mieux le comprendre comme étant le virus du PCC, puisque la dissimulation et le manque de transparence du Parti communiste chinois concernant l’épidémie ont causé ou exacerbé une grande partie du chagrin et de l’incertitude qu’il traîne dans son sillage. Le manque de preuves sur l’origine du virus est particulièrement troublant. (...) Les experts s’accordent à dire que davantage de données sont nécessaires, mais les données les plus cruciales (des tests sur des animaux provenant de l’épicentre de l’épidémie dans la ville de Wuhan, en Chine centrale) ne sont pas disponibles. À ce jour, le PCC n’a montré aucune indication de son intention de fournir les données, ni même de les collecter.

On notera que Trump a utilisé l’expression « virus chinois » plus de 20 fois entre le 16 et le 30 mars. Le caractère délibéré de la formulation a été mis en évidence lorsqu’un photographe a capturé le script d’un discours de Trump, dans lequel il avait barré le mot « Corona » pour le remplacer par « China ».

Le secrétaire d’État Mike Pompeo a accusé la Chine de mettre le monde en danger par son manque de transparence, allant jusqu’à annuler une déclaration commune du G7 après que les autres membres ont refusé de parler de « virus de Wuhan ».

Une de l’édition spéciale d’avril 2020 de l’Epoch Times. Des milliers d’exemplaires de ce numéro ont été envoyés gratuitement par courrier au Canada.

En mai 2020, The Epoch Times tira une édition spéciale de 8 pages intitulée « Comment le Parti communiste chinois a mis le monde en danger », qui fut distribuée en avril 2020 aux États-Unis, au Canada et en Australie.

Dans cette édition, le virus SRAS-CoV-2 est systématiquement qualifié de « virus du PCC » et on y pose la question : « L’épidémie de nouveau coronavirus à Wuhan est-elle un accident dû à l’armement du virus dans le laboratoire [de virologie P4 de Wuhan] ? » Le comité éditorial du journal suggère aux patients atteints du COVID-19 de se soigner en « condamnant le PCC » et alors, « peut-être qu’un miracle se produira ». Le traqueur de fakenews NewsGuard a qualifié la page française de l’Epoch Times de « super diffuseur » d’infox sur le COVID-19 sur Facebook.

L’édition française de l’Epoch Times du 26 août 2021 a publié l’analyse (traduite de l’anglais) d’une soi-disant « experte en santé », la libanaise Abir Ballan, membre du comité exécutif de PANDA (Pandemics, Data and Analysis), une agence de consultants privés basée à Washington qui vend ses conseils aux gouvernements.

Dans son article du 26 août intitulé « Vaccination obligatoire ? : le plus grand mal de la société », Abir Ballan (qui n’a qu’une simple maîtrise en santé publique et une formation en psychologie) met en garde contre l’arrivée, avec la vaccination, d’une « dictature sanitaire » du type chinois !

Pour semer la confusion, l’auteure confond systématiquement obligation vaccinale et pass sanitaire, afin de convaincre ceux qui s’opposent à ce dernier (dont on peut certes critiquer l’application) de rejeter totalement l’obligation vaccinale, une mesure de santé publique déjà imposée à juste titre, dans certaines circonstances, à nos enfants et à de nombreuses professions exposées aux risques. L’argumentaire, subtilement, vise à induire le scepticisme vaccinal et à contester la mise en place d’une « dictature sanitaire », bien entendu du type chinois !

Cette menace est également développée par Harley Price. Le 27 août, dans son article Autoritarisme et censure à l’ère du Covid, l’auteur étale une idéologie totalement en phase avec Q-anon et autres variants de la complosphère :

Comme le socialisme, l’égalitarisme et la plupart des autres mauvaises idées, la folie covidéologique actuelle est un phénomène social qui vient d’en haut. Il n’y a jamais eu de mouvement populaire bouillonnant en faveur de l’automutilation, de l’assignation à résidence universelle et du suicide économique. Que l’on pense que le Covid-19 équivaut à une grippe saisonnière grave ou à un fléau de l’ampleur de la peste noire, il ne fait aucun doute que la campagne mise en place au cours des 18 derniers mois par les gouvernements et les bureaucrates médicaux pour promouvoir l’éloignement social et le confinement, et persuader les citoyens d’obéir aux masques, et maintenant aux vaccins, a été omniprésente et implacable.

L’ombre de l’OTAN ?

L’un des rédacteurs vedettes de The Epoch Times, Anders Corr, vient de publier, le 1er septembre, un article intitulé Il faut arrêter de coopérer avec les génocides du Parti communiste chinois.

Extrait :

Xi Jinping, le secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC), a déclaré le 28 août ? : ‘[Nous] devons rester sur le terrain de l’idéologie. Nous devons aborder de manière active et constante les questions idéologiques qui impliquent des facteurs ethniques, et continuer à éradiquer les pensées toxiques du séparatisme ethnique et de l’extrémisme religieux.’

La déclaration de Xi est profondément raciste et sectaire compte tenu du contexte du triple génocide de la Chine contre les Ouïghours, les Tibétains et les pratiquants de Falun Gong. S’adressant à une conférence nationale sur les affaires ethniques, Xi a déclaré que les participants devaient ‘prévenir fermement les risques majeurs et les dangers cachés dans les affaires ethniques’. Ici, Xi justifie les génocides même lorsqu’il n’y a pas de « danger » ethnique évident, mais un danger ‘caché’. Ne voyant apparemment pas sa propre hypocrisie, Xi a déclaré ? : ‘La coopération internationale contre le terrorisme devrait également être intensifiée, en travaillant avec les principaux pays, régions, organisations internationales et minorités ethniques chinoises de l’étranger. » L’ethnicité convient apparemment à Xi tant qu’il s’agit de Chinois (lire han) de l’étranger. En fait, elle devrait apparemment être privilégiée pour la coopération. C’est encore plus raciste, notamment parce que les Tibétains et les Ouïghours ne sont plus autorisés à voyager et qu’ils ne sont donc pas les Chinois avec lesquels Xi encourage la coopération en matière d’‘ ?antiterrorisme international’.

Comment Xi propose-t-il exactement de coopérer avec les Chinois han aux États-Unis ou en Afghanistan, par exemple, contre le terrorisme et l’‘extrémisme religieux’ ?? Pour obtenir quelques indices, lisez la dernière étude de cas de Freedom House sur la répression transnationale des minorités par la Chine.

Tout y est : FG, Freedom House, les Tibétains et les Ouïghours...

Or, un rapide coup d’œil sur le CV d’Anders Corr indique que l’homme a travaillé pour la Defense Intelligence Agency (DIA, renseignement militaire américain) et l’OTAN, notamment sur l’armement nucléaire :
« Le Dr Anders Corr est éditeur du Journal of Political Risk. Il analyse le risque politique international, notamment dans les domaines universitaire, politique et commercial, depuis plus de quinze ans. Ses domaines d’expertise comprennent les approches quantitatives des conflits, les événements rares et l’opinion publique. M. Corr a une expérience approfondie du terrain en Europe, en Afrique et en Asie, et a travaillé pour plusieurs sociétés de conseil et agences gouvernementales, notamment Booz Allen Hamilton, l’Armée américaine, le Commandement des États-Unis pour le Pacifique (USPACOM), le Commandement des opérations spéciales des États-Unis pour le Pacifique (USSOCPAC), la Defense Intelligence Agency (DIA), la Defense Threat Reduction Agency (DTRA) et l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). Il a fondé Corr Analytics afin de fournir une analyse stratégique du risque politique international à des entités commerciales, et le Journal of Political Risk afin d’offrir à un groupe diversifié d’analystes perspicaces une tribune évaluée par des pairs. M. Corr est titulaire d’un B.A. en relations internationales de Yale (Summa cum laude) et d’un doctorat en gouvernance de l’université d’Harvard. »

On imagine que le FG ne verrait pas d’un mauvais œil l’OTAN larguer quelques bombes nucléaires sur le PCC…

Il est donc grand temps que nos services et nos journalistes fassent leur travail d’enquête. On s’intéresse beaucoup à l’ingérence étrangère dans les élections, mais on se concentre peut-être un peu trop sur la Russie et la Chine…


[1Mal connu en France, le libertarianisme, aussi appelé libertarisme (à ne pas confondre avec libertaire), est une philosophie politique, développée principalement aux États-Unis et dans quelques pays anglo-saxons, pour laquelle une société juste est une société dont les institutions respectent et protègent la liberté de chaque individu d’exercer son plein droit de propriété sur lui-même ainsi que les droits de propriété qu’il a légitimement acquis. Issue du libéralisme, elle prône donc, au sein d’un système de propriété et de marché universel, la liberté individuelle en tant que droit naturel. Pour les libertariens, affirmer qu’on puisse agir au nom de l’intérêt général est un mensonge, car l’intérêt général n’existe pas. La seule chose qui existe, c’est la somme des intérêts individuels. De fait, les libertariens sont favorables à une réduction voire à la disparition de l’État en tant que système qu’ils réduisent à un système fondé sur la coercition. Comme alternative, ils proposent une coopération « libre et volontaire » entre les individus, avec un État limité à des fonctions régaliennes. En bref, l’idéologie idéale à promouvoir pour garantir la victoire idéologique de l’oligarchie financière.

[2Commele précise le quotidien Les Echos en novembre 2015, le Patriot Act autorise l’administration à incarcérer des personnes sans procès, dès lors qu’elles sont soupçonnées de projeter des actes terroristes. Les détenus de Guantanamo sont ainsi placés sous le statut de « combattant ennemi », non reconnu par le droit international. Ils sont privés des recours juridiques offerts aux autres détenus. Leur traitement inhumain suscite autant de critiques sur le plan moral que sur celui de l’efficacité : les experts sont ainsi nombreux à penser que Guantanamo alimente le terrorisme, plus qu’il ne le combat. La loi américaine autorise aussi les agences fédérales à demander des informations nominatives sur à peu près n’importe qui, et ce sans supervision judiciaire. Ces pouvoirs ont été très critiqués sur la scène internationale, dans le cadre des écoutes illicites de la NSA. Ils ne sont pas très éloignés de ceux votés par la suite en France.

[3L’avocat Fabrice Di Vizio, se disant chrétien engagé, est, comme toute une frange des antivaccins, un catholique traditionaliste pratiquant. Comme le souligne un article du Journal du Dimanche du 12 septembre, le personnage est aussi difficile à cerner que son business : « Cet été, ce fils d’ouvrier a créé l’Association d’information et de défense de la santé publique environnementale (ADSPE) pour ‘fournir les outils de la résistance à ceux qui refusent de voir leurs libertés individuelles bafouées’, indique le site. Dirigée par Tamila Tapayeva, une clerc d’huissier proche des Patriotes (le parti de Florian Philippot), l’ADSPE (…) collecte les plaintes et les fonds générés. Qui peuvent être importants vu leur masse ». Toujours selon le JDD, « L’homme affirme toucher entre 18 000 et 25 000 euros par mois en ne travaillant pas l’après-midi – consacré à l’équitation –, grâce à des dossiers au panier moyen élevé, ’15 000 à 20 000 euros d’honoraires’, provenant essentiellement de cliniques esthétiques et de médecins libéraux. »