Le mouvement des jeunes à Paris

dimanche 25 janvier 2004

Comment confronter l’esprit de résignation de la population française face aux néoconservateurs américains ?

De la salle de classe à la rue, en passant par le métro, devant les facs aussi bien que dans les gares, la première semaine d’une quinzaine de mobilisation franco-allemande a permis aux jeunes de présenter aux franciliens leur choix pour une autre amérique, celle de Lincoln, Roosevelt, Martin Luther King, Jr et de Lyndon LaRouche, qui est présentement candidat à l’investiture démocrate présidentielle.

Ces jeunes, ils étaient plus de 80, se sont ainsi mobilisés dans tout Paris du 15 au 23 janvier. Le tout s’est teminé sur une manifestation le 22 janvier dans les rues de Paris, de Beaubourg à la Place de la Nation, sur le thème « Non au choc des civilisations ». Avec distribution de tracts, de brochures, de journaux, bannières.

La victoire en chantant

« Nous tenons pour évidentes en elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits : la vie, la liberté et la recherche du bonheur. »

La Déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique a marqué l’histoire universelle d’une grande victoire en établissant les bases de la première République démocratique. C’est en défense de ces principes mêmes que nous, le Mouvement des jeunes pour LaRouche (LYM), qui nous battons pour sa candidature à l’investiture présidentielle du Parti démocrate américain, nous sommes engagés à amener ce combat dans les rues de Paris. La portée de l’action menée par le LYM pendant toute une semaine dans la capitale française va cependant bien au delà d’une simple élection présidentielle : il s’agissait, pour assurer la pérennité, d’inspirer tous les êtres humains à s’élever au-delà des limites existantes.

Paris restera un grand moment pour le LYM européen. Après l’école des cadres de Mayence à Noël, 70 jeunes Danois, Allemands, Suédois, Italiens et Américains ont rallié la capitale française avec comme objectif premier de « rendre heureux les Parisiens », mission pouvant paraître impossible si l’on s’en tient aux apparences devant la mine matinale renfrognée des Parisiens. Mais il nous a suffi de montrer qu’un être humain est aussi capable de créer des harmonies, même dans une rame de métro, et pour cela, il n’y a donc rien de plus politique que de chanter. « Le chant du départ », héritage de la vraie Révolution française (au sens leibnizien) invita la population à rejoindre notre combat. De l’employée à l’ingénieur, beaucoup de baby boomers nous ont donné leurs coordonnées afin de pouvoir nous soutenir, certains se mettant même à chanter avec nous.

Dans la situation actuelle de crise économique systémique, cet enthousiasme porte notre combat à un niveau légitime où la question de la dignité humaine devient évidente. En effet, quoi de plus naturel pour l’homme que de transformer un environnement qui ne permet pas d’améliorer les conditions de vie ? Ce message fut répandu par voie de tract, dont environ 150 000 furent diffusés, notamment dans les six grandes gares parisiennes, afin d’assurer un impact massif sur Paris qui, avec Berlin, constituent les deux points névralgiques de l’Europe. Ce tract appelait Français et Allemands à se battre pour que les Etats-Unis aient un vrai Président.

L’effet le plus retentissant de notre mobilisation fut, sans aucun doute, l’intervention de dix de nos représentants à une conférence de l’Unesco sur « Le choc des civilisations n’aura pas lieu », contre un des invités de cette conférence : « Larry » Murawiec, le faucon français proche des néo-conservateurs américains. Malgré l’expulsion systématique de tous les jeunes qui l’ont sommé de s’expliquer sur sa politique, notre intervention aura donné du courage à beaucoup de participants et Larry subira toute une série d’attaques provenant d’un public remonté. Plusieurs journalistes ont même demandé à nous rencontrer, voyant combien quelques mots pouvaient soulever des montagnes et des vérités.

Comme l’a dit Martin Luther King : « Un mouvement qui change les individus comme les institutions est une révolution. » C’est pourquoi nous nous sommes rassemblés devant l’Assemblée nationale pour inspirer nos gouvernants au combat pour la vérité et la justice, avec des banderoles dénonçant « le nazisme financier » et proclamant « Larouche, vainqueur à Washington » ;. Notre message aux parlementaires était qu’au point de rupture d’un système déjà mort depuis trente ans, ils ne doivent pas faire supporter aux populations le poids de la faillite financière de ce système, mais les considérer, au contraire, comme les seules pouvant apporter une solution à la crise mondiale.

La vision du monde des baby boomers selon laquelle les générations à venir n’ont pas de futur est, hélas, implicitement transmise par un système éducatif récitant le meilleur de ce qui ne fonctionne pas. C’est pourquoi le LYM a lancé une opération « têtes d’œuf » visant à réveiller les élèves des grandes écoles en interrompant les cours par des negro spirituals et des briefings stratégiques. Effet garantit aux quatre coins de Paris ! A la Sorbonne, les 300 élèves de l’amphithéâtre Descartes ont été forcés de se réveiller au son de « Oh freedom », un spiritual entonné par une vingtaine de jeunes larouchistes, tout comme les élèves du lycée Henri IV, en plein cours sur les élections américaines, qui ont vu arriver les représentants du seul candidat non mentionné par leur professeur ! Si ces interventions ont toujours été bien accueillies, certains professeurs ont complètement paniqué. En plein cours sur Euler, lorsqu’un membre de LYM a noté au tableau noir l’imaginaire v-1 (racine carrée de -1), perturbant ainsi l’ordre linéaire préétabli, le professeur s’est écrié : « vous n’avez pas le droit de faire ça, ce ne sont pas de vraies mathématiques ! ». Beaucoup de jeunes sont venus vers nous pour nous demander ce qu’ils pouvaient faire pour nous aider et nous ont rejoints le soir même pour essayer de comprendre ensemble ce qui différencie l’être humain d’un singe bonobo et nous permet ainsi de préparer un avenir autre que la loi de la jungle. En apportant la joie et en transformant totalement une situation, la force de notre mouvement est donc d’incarner le monde non pas comme il semble être, cruel et irréversible, mais tel qu’il est, heureux puisque perfectible.

Cette première semaine d’action s’est concrétisée par une manifestation de plus de cent personnes, où les jeunes, défilant du centre Beaubourg à la Nation en passant par la Bastille, ont éveillé les sourires et la curiosité parmi la population parisienne.

Il y a donc, en plein cœur des primaires américaines, un nouveau front. L’Europe franco-allemande souveraine de Charles de Gaulle et Adenauer refait surface pour offrir de nouveau à la civilisation, comme lors de la création des Etats-Unis, le meilleur de sa culture, de Schiller à Pasteur.

Après les combats menés par les jeunes en Californie, à Philadelphie, Washington D.C. et Paris, le mouvement international des jeunes larouchistes apparaît bien comme un principe unique dédié à une mission : poursuivre le combat entamé il y a plus de deux siècles par le mouvement de jeunes de Benjamin Franklin, rassemblé autour de l’idée de la capacité humaine à créer de belles choses.

« Lorsqu’une longue suite d’abus et d’usurpations, tendant invariablement au même but, marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur droit, il est de leur devoir de rejeter un tel gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes, à leur sécurité future. »

Nous levons donc aujourd’hui une armée de généraux pour continuer la révolution américaine et la faire éternelle. A vous de l’armer.

Bertrand Buisson