COP26 : début de résistance contre le néo-colonialisme vert

jeudi 4 novembre 2021

Chronique stratégique du 4 novembre 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Au milieu de la danse macabre offerte par les malthusiens de la COP26, plusieurs dirigeants des « pays non alignés », tels que les présidents ougandais et nigérian, rejettent implicitement le néo-colonialisme d’une propagande verte qui vise moins à sauver la planète qu’à stopper net le développement humain.

Incantations à la dépopulation

A Glasgow, c’est le défilé des horreurs : « Il est minuit moins une », a prévenu Boris Johnson, ajoutant que nous devons « reléguer le charbon dans l’histoire ». Le président Joe Biden a évoqué « la menace existentielle pour l’existence humaine telle que nous la connaissons » (avant de s’assoupir de nouveau). « Ce dont nous avons besoin, c’est d’une transformation complète de la façon dont nous vivons, travaillons et faisons des affaires », a bredouillé la future ex-chancelière Angela Merkel. Enfin, hurlant au loup de la « catastrophe climatique », le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a accusé les pays de « traiter la nature comme des toilettes ».

Le prince Charles, en guide de ces dieux de l’Olympe en puissance, a quant à lui insisté pour que l’on déclare « l’état de guerre » , disant que « le changement climatique et la perte de biodiversité (...) constituent une menace existentielle encore plus grande que la pandémie COVID-19, à tel point que nous devons nous mettre sur un pied de guerre ». Et, reprenant le mantra chéri par la famille royale britannique depuis Thomas Malthus : « Avec une population mondiale croissante créant une demande toujours plus forte sur les ressources limitées de la planète, nous devons réduire les émissions de toute urgence, et prendre des mesures pour lutter contre le carbone déjà présent dans l’atmosphère, y compris dans les systèmes de production d’énergie au charbon  ».

Soulignons enfin qu’au menu des réjouissances de la COP26 se trouvait également Sir David Attenborough, un autre avocat de la dépopulation qui considère que le Royaume-Uni ne peut soutenir que 25% de sa population actuelle...

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L’Afrique a besoin de plus d’énergie, pas moins

Heureusement, tous les dirigeants de la planète ne se jettent pas tête baissée dans cette danse de la dépopulation. Le 24 octobre, quelques jours avant l’ouverture de la COP26, le président ougandais Yoweri Museveni a mis les pieds dans le plat dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, en dénonçant le fait que « le solaire et l’éolien forcent la pauvreté en Afrique » .

L’Afrique ne peut pas sacrifier sa prospérité future aux objectifs climatiques occidentaux, écrit-il. Le continent doit équilibrer son bouquet énergétique, et non se précipiter vers les énergies renouvelables — même si cela risque de frustrer certains des participants à la conférence mondiale sur le climat qui se tiendra la semaine prochaine à Glasgow.

Faisant écho à son homologue ougandais, le président nigérian Muhammadu Buhari a appelé à la levée du moratoire sur les investissements dans les combustibles fossiles africains, lors de son intervention à Glasgow. « Sans électricité supplémentaire et stable, nous ne pouvons pas construire les usines qui transformeront l’Afrique d’une économie axée sur les industries extractives à faible taux d’emploi en un continent à revenu intermédiaire à fort taux d’emploi, expliquait-il la veille dans le magazine Newsweek. Les enfants ne peuvent pas apprendre plus longtemps et mieux à la lumière d’une batterie qu’à celle d’une bougie. Pas plus que l’Afrique d’aujourd’hui, l’Afrique de demain ne peut progresser en utilisant une production d’énergie qui fonctionne par intermittence ».

« Personne n’a le droit de refuser le progrès de notre continent », a déclaré Buhari, affirmant que l’Afrique doit pouvoir développer les sources d’énergie capables de soutenir les populations actuelles et futures, et en particulier l’énergie nucléaire, « une source capable de fournir une production constante d’électricité sur laquelle on peut bâtir un progrès économique durable ».

Précisons que le président nigérian est un fervent partisan du projet Transaqua, qui vise à réapprovisionner le lac Tchad, et que Solidarité & progrès défend depuis plus de vingt ans. Par ailleurs, le Nigeria s’est engagé dans le développement du plus grand réseau national de lignes ferroviaires du continent, avec en particulier la construction d’une ligne SGR de 2 788 km devant raccorder le port de Lagos à Kano, à la frontière avec le Niger.

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La sécurité énergétique avant le climat

La Russie, l’Inde et la Chine, qui représentent le tiers de la population mondiale, se sont également opposés à leur façon au projet malthusien de la COP26 – ne serait-ce que par l’absence à Glasgow de Vladimir Poutine et Xi Jinping. Le Premier ministre indien Narendra Modi, qui était le seul dirigeant des BRICS à être présent, a précisé que son pays, dont la consommation énergétique repose pour 50% sur le charbon, ne fera pas d’efforts supplémentaires pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2, si les pays développés n’augmentent pas leurs engagements financiers vers les pays en développement — à hauteur de 1 000 milliards de dollars.

Faisant écho au Premier ministre indien, Xi Jinping a souligné, lors de son intervention au sommet du G20 à Rome que « les membres du G20 devraient prendre l’initiative de promouvoir et d’appliquer les technologies avancées, et les pays développés devraient également remplir avec sérieux leurs engagements de fournir des fonds aux pays en développement ».

Comme nous l’avons rapporté dans nos précédentes chroniques, dans le contexte des récentes coupures géantes d’électricité, la Chine a déclaré son intention de faire passer sa sécurité énergétique avant les objectifs climatiques. Le 12 octobre dernier, le Premier ministre chinois Li Keqiang a en effet affirmé que son pays comptait « optimiser l’aménagement de la capacité de production de charbon, de construire des centrales électriques au charbon de pointe en fonction des besoins de développement et de poursuivre l’élimination progressive des centrales au charbon obsolètes de manière ordonnée. L’exploration pétrolière et gazière nationale sera intensifiée ».

De son côté, le président Poutine a fortement nuancé le catastrophisme climatique, lors de la deuxième session du sommet du G20, en faisant valoir trois points :

  • « La part de l’énergie produite à partir de sources pratiquement sans carbone, telles que les centrales nucléaires, les barrages hydroélectriques, les centrales éoliennes et solaires, dépasse aujourd’hui 40 %, ou 86 % si l’on inclut le gaz naturel, qui est le combustible le moins carboné parmi les hydrocarbures », a-t-il expliqué.
  • Deuxièmement, plusieurs études montrent que l’empreinte carbone de l’énergie solaire est en réalité « quatre fois plus élevée que celle de l’énergie nucléaire ».
  • Enfin, les projets de préservation, par exemple, des forêts en Russie et en Amérique latine, se révèlent plus efficaces que les investissements dans les énergies renouvelables dans d’autres pays ; c’est pourquoi la Russie prévoit « d’améliorer sensiblement la qualité de la gestion des forêts, d’augmenter les zones de reboisement, d’étendre les zones de nature vierge et d’introduire de nouvelles technologies agricoles ».

Cette résistance est utile, mais elle se condamne à échouer tant qu’elle ne déplace pas le curseur vers un nouveau paradigme optimiste de création humaine, qui sera rendu possible grâce à l’exploration spatiale et la mise au point de la fusion thermonucléaire. Il ne s’agit pas de faire bouger les lignes, mais de tourner la page.

A suivre les 13 et 14 novembre 2021 : Visioconférence internationale de l’Institut Schiller.

Dans le cadre de son effort pour organiser une résistance anti-malthusienne mondiale, l’Institut Schiller rassemblera plusieurs personnalités – politiques, entrepreneurs, scientifiques, etc – pour apporter un éclairage sur la crise de civilisation actuelle et sur le nouveau paradigme de développement mutuel à construire.

A suivre sur Zoom avec une traduction simultanée en français, espagnol et allemand. Pour s’inscrire, cliquez ICI.

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