Candidature d’union face à l’occupation financière : et si on faisait le point ?

mardi 7 décembre 2021

L’union souverainiste contre l’oligarchie est non seulement nécessaire mais encore possible. Égos et illusions sont à mettre de côté pendant que les véritables leviers de résistance à ce stade – parrainages et mobilisation des citoyens – doivent être saisis.

Au début de l’année 2021, S&P et Jacques Cheminade ont lancé publiquement un appel à constituer une candidature d’union en vue de l’élection présidentielle. Jacques Cheminade a, malgré son désir de présenter sa candidature, fait le choix de promouvoir une vraie union des souverainistes, estimant qu’elle seule permettrait de ré-insuffler l’optimisme et l’espoir dans la population. Le souverainisme, pour lui, consiste à réaffirmer concrètement les principes formulés dans le préambule de notre Constitution, de fait abandonnés sans le dire.

Depuis, nous avons multiplié les actions et les échanges avec d’autres mouvements de dissidence politique, dont l’un des fruits les plus visibles fut notre réunion de rentrée du 25 septembre, rassemblant plusieurs candidats (Georges Kuzmanovic, François Asselineau et Fabrice Grimal). Mobilisations régulières avec les Cercles citoyens, débat sur Discord avec des personnalités engagées (Sylvain Baron, Alexandre Langlois notamment), participation aux réunions de l’Unité nationale citoyenne, invitation de Jacques Cheminade sur UPR-TV, entretiens avec Fabrice Grimal, François Asselineau et Alexandre Langlois dans notre mensuel Nouvelle Solidarité, participation à la manifestation du 22 juillet devant le Sénat (contre l’instauration, sans débat ni consultation, du passe sanitaire), participation à la « fête de la démocratie » le 29 mai (pour le 16ème anniversaire du « non » au référendum de 2005 sur l’UE), etc. Tout ceci est le reflet de nos multiples échanges avec les autres courants qui agissent politiquement sans se soumettre aux machines électoralistes des gros partis (LREM, RN, LR, PS, LFI…).

Aujourd’hui, ces efforts n’ont pas encore abouti à une candidature d’union pour les présidentielles. La dure réalité de la collecte des parrainages vient frapper chaque candidat voyant midi à sa porte.

Il nous paraît nécessaire à ce stade de partager avec tous les citoyens les premiers retours de cette expérience « de terrain » dans laquelle nous nous sommes lancés. S’il est facile de parler, en théorie, d’union politique, nous nous sommes attelés à la construire in vivo, en pratique, et en avons tiré ces quelques enseignements :

  • Chaque candidat devrait être prêt à remettre en cause sa candidature au profit de cette union. Trop souvent, nos interlocuteurs sont bien entendu d’accord pour l’union, mais à condition qu’elle se fasse derrière eux. Nul besoin d’avoir fait Science-po pour comprendre qu’en imposant cette condition, l’on restreint d’office non seulement le champ des possibles, mais aussi toute possibilité de réflexion.
  • Chacun doit être prêt à passer outre certaines considérations personnelles (rancœurs, inimitiés, préjugés, incompatibilité de caractère…) si elles entravent la possibilité de dialogue. L’union ne peut se faire « à la carte ».
  • Il faut revenir à la raison d’être du système de parrainage des présidentielles, et la prendre au sérieux. Ce qui a rendu les précédentes candidatures de Jacques Cheminade possibles, c’est – outre le fait que ce sont avant tout ses idées (et le sérieux des militants qui les défendaient) qui ont convaincu les élus – le fait d’être allé directement à leur rencontre, les maires des petites communes n’étant en général pas inféodés au système des partis. C’est également le dialogue avec eux qui a inspiré une bonne partie de son programme. Et c’est bien pour permettre cet échange direct avec les élus de terrain, à même de juger la légitimité de telle ou telle candidature, que le système de parrainages a été voulu par le Général de Gaulle pour les élections présidentielles.
  • Cela implique que chacun devrait être prêt à court-circuiter les réseaux d’influence, plutôt que de mettre beaucoup de temps et d’énergie en tractation en tout genre pour obtenir le soutien de tel ou tel milieu politique ou de chercher à être le candidat « idéal » sur le papier – mais sans mobiliser directement citoyens et élus.

Comment combattre un système si l’on en reproduit, même involontairement, les règles ? Nous poursuivrons nos efforts en vue de cette union, car nous savons que les êtres humains changent, évoluent, et car nous ne souhaitons pas une présidentielle où seuls les « gros candidats » ainsi que ceux moins gros mais aussi choisis par le système, soient en mesure de se présenter. Par-dessus tout, ces efforts posent des jalons très importants pour la suite de la bataille contre la dictature financière : passé les quelques semaines de campagnes présidentielles, il faudra faire front dans le combat politique qui se poursuivra bien au-delà, dans un monde où grondent le risque de guerre et la menace de l’hyperinflation.

L’on pourra juger au début de l’année prochaine où en sont les uns et les autres et s’ils sont capables de se ressaisir au nom du commun combat. En tout état de cause, un effort pour des candidatures communes aux élections législatives permettra de savoir qui est prêt à faire face « quand les blés sont sous la grêle » et qui cède au confort du narcissisme ou du pessimisme social.